samedi 2 mai 2020

L'Honnête Homme, Chef d'entreprise



Un Honnête homme quand il est patron doit non seulement développer son entreprise, rémunérer ses actionnaires, quand il en a, et créer des emplois, si possible, pérennes. Il doit aussi vis-à-vis de ses salariés et de son environnement obéir à plusieurs commandements et vis-à-vis de tous, être irréprochable.

Vis-à-vis de ses salariés
Les rémunérer selon leurs mérites respectifs
Il faut que les salariés de l’entreprise puissent voir leurs mérites récompensés individuellement ou ce qui est souvent préférable, chaque fois que cela est possible, collectivement dans le cadre d’une équipe ou d’un service pour privilégier le travail en groupe. Le patron aura toujours intérêt à avoir des collaborateurs plus motivés qui seront plus productifs. Une fois plus, là encore, le vice rejoint la vertu…

Donner de l’intérêt et du sens à leur travail
Le salarié ne se contente pas d’être bien rémunéré, il faut qu’il trouve de l’intérêt et du sens à ce qu’il fait. La parcellisation des tâches, le travail à la chaîne et l’informatisation ont fortement dévalorisé le travail. Il faut donc que le chef d’entreprise, chaque fois que cela est possible le revalorise en développant notamment la polyvalence grâce à la rotation des postes et en donnant la possibilité au salarié d’être autonome en lui laissant une certaine liberté pour s’organiser.
 
Le salarié souhaite aussi que son patron utilise pleinement ses compétences et lui permette de les développer. Ce dont nous avons parlé dans l’Honnête homme et le travail.
L’Honnête homme chef d’entreprise doit considérer ses salariés, eux-aussi, comme des Honnêtes hommes. 

Fustigeant une fâcheuse tendance que nous avons à médicaliser les maux du travail, Pierre Eric Sutter, psychologue du travail affirme : « Ce dont les français ont plus besoin, c’est de sens, pas de soins »
Pour que le chef d’entreprise donne du sens au travail de ses salariés il faut qu’aux yeux de ceux-ci la stratégie de l’entreprise soit lisible et qu’il en donne une image valorisante à l’extérieur dont ils puissent être fiers.  Enfin les salariés non seulement doivent être fiers de leur entreprise, mais si possible l’aimer et en être les ambassadeurs à l’extérieur et qu’elle soit en phase avec leurs valeurs.

Bien évidemment, toutes les entreprises ne sont pas logées à la même enseigne. Certaines ont une finalité plus évidente que d’autres et pour lesquelles il est plus facile de donner un sens à l’action.  
Personnellement, j’ai eu la chance de diriger une société de conseil spécialisée dans la gestion hospitalière dont la finalité était évidente, celle d’améliorer la qualité des soins et je n’avais pas à l’expliquer à mes collaborateurs le sens de notre action.

Leur assurer un minimum de sécurité et de perspectives d’évolution
Nous ne pouvons pas vivre dans une totale insécurité, qu’elle soit bien réelle ou seulement ressentie.
Même les plus dynamiques et entreprenants d’entre nous avons besoin d’un minimum de sécurité pour agir. Dans son ouvrage prémonitoire « Le Choc du futur » publié dans les années 70, Alvin TOFFLER écrivait que l’homme a besoin, dans un monde en perpétuelle agitation, d’un îlot de stabilité.  Celui-ci pourrait être la famille, mais c’est aujourd’hui loin d’être toujours le cas, car elle aussi soumise à de fortes perturbations. Reste l’entreprise le plus souvent dont le chef, s’il est un honnête homme, ne doit pas aggraver cette instabilité en utilisant ses salariés comme de simples « variables d’ajustement. » sauf si la vie de l’entreprise est en jeu et avec elle le maintien de l’emploi d’une partie du personnel.     

Leur témoigner reconnaissance et considération
De même que nous ne pouvons pas vivre sans un minimum de sécurité, nous ne pouvons pas vivre sans que notre utilité sociale, mais aussi professionnelle soit reconnue. Trop de salariés ont aujourd’hui le sentiment de ne plus être utile à l’entreprise puisqu’elle peut par exemple délocaliser son activité à l’étranger et ainsi les priver d’emploi.

La reconnaissance du travail accompli peut se traduire de plusieurs manières : par une augmentation de salaire, par une promotion, mais aussi et surtout par l’intérêt que portent les autres sur ce que nous faisons. Le salarié veut entendre de la bouche de ses collègues et en premier lieu de son patron ce compliment : « Tu as bien travaillé »  

Comme patron, je n’ai pas toujours su féliciter mes collaborateurs chaque fois qu’ils le méritaient tandis que je ne me privais pas de les morigéner dans le cas contraire. Avec le recul et aujourd’hui éloigné du champ de bataille, je m’interroge posément sur mon attitude. A ma décharge, personne dans mon entourage m’a conseillé d’agir autrement et pendant mes études supérieures, aucun professeur ne m’a enseigné l’art d’être patron, mais encore eut-il fallu qu’il le connaisse. Professeur à mon tour de financement et de créations d’entreprise à l’EM de Lyon, je n’ai enseigné à mes élèves que des techniques. J’aurais l’occasion de revenir sur le rôle défaillant de l’enseignement supérieur et de l’école en général.

Tout patron expérimenté sait qu’une demande d’augmentation de salaire est parfois une fausse barbe derrière laquelle se cache une insatisfaction profonde et en premier lieu un manque de reconnaissance.   
L’écrivain Hervé BAZIN qui connaissait bien la nature humaine et nous sen fait profiter dans ses romans, tout au moins à ceux d’entre nous qui aimons les livres, affirmait :
« Les gens ont soif de considération bien plus que de mérite »

Nous aurons l’occasion de revenir sur le manque de considération, d’indifférence, voire de mépris dont doit se garder tout Honnête homme dans ses relations avec les autres, notamment avec ceux qu’il peut juger inférieurs à lui dans l’échelle sociale.

Nous verrons dans un prochain chapitre quel doit être le comportement de l’Honnête homme vis-à-vis cette fois de son environnement et comment doit-il être irréprochable.




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