dimanche 28 janvier 2018

Ce que l'on ne m'a pas appris à l'Ecole de Commerce. Suite



Nous avons vu les commandements du patron vis-à-vis de ses salariés.

-        Les rémunérer selon leurs mérites

-        Donner de l’intérêt et du sens à leur travail

-        Leur assurer un minimum de sécurité et de perspectives d’évolution

-        Leur témoigner reconnaissance et considération

Mais l’entreprise ne vit pas en vase clos avec ses fournisseurs et ses clients.

Elle ne peut pas être aveugle au monde qui l’entoure et ne rien faire.

Pratiquer  le mécénat humanitaire  et social.

Comme nous l’avons vu pour les exonérés de l’ISF et particulièrement les héritiers, le patron doit se poser la question : A quoi doit servir l’argent que gagne mon entreprise, une fois mes investissements financés,  mes  salariés et  mes actionnaires rémunérés correctement ?

La réponse : Il doit pratiquer le mécénat comme le font déjà certaines grandes entreprises par l’intermédiaire de Fondations qu’elles créent à cet effet. Comme  Danone avec Danone Communities, incubateur de « social businesses ». Par exemple : Danone a apporté des fonds et son appui technique ( formulation produit, marketing, production et commercialisation) à une laiterie créée par un jeune vétérinaire autochtone du Sénégal.

Il est intéressant de souligner que les entreprises qui pratiquent le mécénat humanitaire, généralement dans des régions aux infrastructures inexistantes, peuvent en tirer profit pour leurs équipes qui interviennent sur place et doivent apprendre à s’adapter. Savoir s’adapter dans notre monde en constante mutation  est une impérieuse nécessité pour chacun d’entre nous. 
Le patron et ses équipes doivent faire aussi du mécénat social et du bénévolat dans son propre pays. Un pays  miné par le chômage et l’exclusion qui ne diminueront pas rapidement, malgré le talent de nos gouvernants actuels.

Le bénévolat présente  l’ avantage  de faire participer activement ses salariés, recherchés particulièrement pour  leur compétence. Une réponse au besoin de sens que nous avons vu précédemment.

Dans une perspective futuriste qui intègre l’environnement je citerai Roger GODINO*

« L’entreprise doit résulter d’un contrat fondateur entre les apporteurs de capitaux, les salariés, les sous-traitants, les clients, les associations partenaires gardiennes de l’environnement et de la cohésion sociale »   
S’ouvrir au monde enseignant et donner leurs chances aux jeunes

Il faut que le plus tôt possible, les jeunes découvrent l’entreprise dont ils ont une image, quand ils en ont une, trop  souvent négative, transmise par leurs parents et/ou leurs professeurs. Il faut donc que les patrons nouent des contacts avec les lycées et collèges et ouvrir leurs portes aux enseignants et à leurs élèves.

Trop de patrons, en particulier de petites entreprises,  rechignent à embaucher des apprentis au prétexte qu’ils leur font perdre du temps, qu’ils ne savent rien, qu’ils ont un mauvais esprit…(dans les écoles, on leur a surtout appris le droit du travail…). C’est regrettable.

Etre irréprochable

En France, contrairement à d’autres pays occidentaux, encore une majorité de nos concitoyens pensent que pour arriver aux sommets, il est nécessaire d’être corrompu. C’est pourquoi le patron doit chez nous plus qu’ailleurs, persuader ses propres salariés, en priorité, que sa réussite, surtout si elle s’est faite rapidement, est justifiée. Qu’il mérite donc son salaire. Pour cela il doit afficher la plus grande transparence dans ses actions.

En conclusion, je m’interroge comme l’a fait Klaus Schwab, fondateur du Forum Economique mondial de DAVOS, s’il ne faudrait pas créer un équivalent du serment d’Hippocrate des médecins dans le domaine des entreprises qui intégreraient cette notion de responsabilité globale. Sans elle, des catastrophes se reproduiront inéluctablement malgré des nouvelles règlementations plus contraignantes qui ont été mis en place  depuis la crise financière de 2008. 

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*       Fondateur de l’INSAED et père de la CSG mise en place de la CSG. A publié : « Ré enchanter le travail. Pour une réforme du capitalisme » aux éditions La Découverte.
Certains de mes lecteurs n’ignorent pas que j’ai enseigné aussi dans une Ecole de Commerce. Je parlerai dans mon prochain article de mon expérience de prof.

vendredi 19 janvier 2018

Ce que l'on ne m'a appris à l'Ecole de Commerce




 Quand j’ai fait mes études, mes professeurs  m’ont enseigné l’économie, le marketing, la comptabilité générale et analytique, le droit fiscal, l’organisation des entreprises. Ils m’ont donné ainsi  les outils  nécessaires pour réussir dans l’entreprise, comme cadre. Aucun ne m’a appris comment je devrais me comporter ,plus tard,  si je devenais un patron d’ entreprise.

Ils auraient dû me dire que le patron, pour mériter son salaire, doit, non seulement, développer des produits et des services utiles à la société et créer des emplois, chaque fois qu’il le peut, pérennes, si possibles. Il doit aussi vis-à-vis de ses  salariés  et de son environnement  obéir à plusieurs commandements.

Vis-à-vis de ses salariés

Les rémunérer selon leurs mérites

Les mérites  peuvent être récompensés individuellement ou dans le cadre d’une équipe.  Le patron a  d’ailleurs  tout  intérêt  à avoir des collaborateurs plus motivés qui seront souvent plus productifs.

Donner de l’intérêt et du sens à leur travail.

Le salarié ne se contente pas d’être bien rémunéré, il faut qu’il trouve du sens à ce qu’il fait. Sens qui s’est beaucoup perdu avec la parcellisation des tâches, le travail à la chaine, la robotisation et l’informatisation qui ont dévalorisé le travail. « Ce dont les français ont le plus besoin, c’est de sens, pas de soins ! » dit le psychologue du travail, Pierre Eric SUTTER, fustigeant une fâcheuse tendance à médicaliser les maux du travail. Le patron   doit donc donner du sens au travail de ses salariés et pour cela il faut qu’aux yeux de tous, pas uniquement à ceux de ses actionnaires quand il en a ou à ceux de ses banquiers, il trace la stratégie de l’entreprise, qu’elle  soit lisible et qu’il en donne une image valorisante à l’extérieur.  

Leur assurer un minimum de sécurité et de perspectives d’évolution.

Dans « le choc du futur », Alvin TOFFLER* écrivait que l’homme a besoin  dans un monde en perpétuelle agitation ( nous étions en 1970 quand il publia son ouvrage !)  d’un îlot de stabilité. Celui-ci pourrait être la famille, mais c’est loin d’être toujours le cas car elle aussi soumise aujourd’hui à de fortes perturbations. Reste l’entreprise le plus souvent, dont le chef ne doit pas aggraver cette instabilité en utilisant ses salariés comme de simples  « variables d’ajustement »

L’illustration de cette responsabilité poussée à  l’extrême  avait été donnée en 2008 par Joël GAMELIN, patron de chantier naval, dont l’entreprise avait été placée en redressement judiciaire et qui n’ayant pas pu sauver les emplois de ses 120 salariés, avait préféré se suicider tout en s’excusant auprès d’eux de ne pas avoir réussi.

Les salariés ont besoin que s’offrent à eux des perspectives d’évolution individuelle. Le développement d’une entreprise est certes justifié pour des raisons économiques et financières, mais il l’est aussi parce qu’il permet de donner à ses salariés de plus grandes chances de progression et d’épanouissement personnel.

Enfin le patron doit aussi, chaque fois qu’il le peut, améliorer les conditions de travail de ses salariés, augmentant ainsi leur bien-être, ce qui se répercute   à la fois sur leur productivité et sur leur santé entraînant un gain pour l’entreprise et une économie pour le budget de l’Assurance Maladie. J’ai eu l’occasion, en d’autres circonstances, de dire que les mauvaises conditions de travail constituent la plus flagrante et  la plus révoltante des injustices sociales.
Leur témoigner reconnaissance et considération
De même que nous ne pouvons pas vivre sans un minimum de sécurité, nous ne pouvons pas vivre sans que notre utilité sociale, familiale, mais aussi professionnelle soit reconnue. La reconnaissance du travail accompli peut se manifester de différentes façons, par une augmentation de rémunération ou des perspectives de développement de carrière, mais aussi par l’intérêt que portent les autres à ce que faisons et la considération que nous en retirons. Le salarié veut entendre son patron lui dire tout simplement : « Tu as bien travaillé ! » tout comme l’élève veut l’entendre de la bouche de ses professeurs et de ses enfants.

Hervé BAZIN qui connaissait bien la nature humaine et nous en fait profiter dans ses romans, tout au moins ceux d’entre nous qui aimons lire affirmait : « les gens ont soif de considération bien plus que de mérite »

Déjà , pour PLATON, le besoin de reconnaissance, le « thymos »est la troisième composante de l’âme humaine avec la raison et le désir.

Certes, se sentir méprisé par les uns, ses supérieurs hiérarchiques, en général n’interdit pas de mépriser à son tour les autres, ceux qui se trouvent dans une position jugée inférieure. Exemple : les clients des grands magasins vis-à-vis des caissières. Mais le patron, lui, doit toujours et en toute circonstance, donner l’exemple.

Dans le prochain article je développerai les commandements vis-à-vis de son environnement

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·      * Aux éditions DENOEL


dimanche 7 janvier 2018

Quand notre ministre du travail donne le bon l'exemple


Dans les articles du 16 Octobre et du 12 Novembre 2017, j’avais dit que :

- L’important, ce n’était pas ce que gagnent les gens, mais ce qu’ils faisaient de leur argent.

- Les économies d’impôt obtenues grâce à la réforme fiscale supprimant l’ISF sur les valeurs mobilières devraient être réinvesties par leurs bénéficiaires intégralement dans l’économie, selon le souhait du gouvernement, avec pour objectif principal de créer des emplois.

Madame Muriel PENICAUD,  notre ministre du travail,  accessoirement  le membre le plus fortuné du gouvernement, a décidé de réinvestir ses propres économies, 68 000 euros, dans un fonds d’aides aux entreprises dans le secteur de l’économie sociale et solidaire.

Nous ne pouvons que nous en féliciter pour deux raisons :

- 1/ elle donne l’exemple en  investissant  son argent dans l’économie.

- 2/ elle choisit des entreprises, par l’intermédiaire d’un fonds, dans des entreprises dont la finalité n’est pas discutable.  Finalité de l’entreprise dont je parlerai dans mon prochain article intitulé :  Ce que je n’ai pas appris à l’Ecole de Commerce

Formons le vœu que son exemple soit largement  suivi, non seulement par les soutiens et sympathisants du gouvernement actuel,  mais par l’ensemble des anciens contribuables à l’ISF.  Quand le Président de la République reprend à son compte et à sa manière  l’appel resté célèbre  de KENNEDY : Ne demandez pas à votre pays ce qu’il peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays, il s’adresse à tous ses concitoyens y compris aux plus riches et c’est l’occasion pour ceux-ci de répondre affirmativement.

Nous avons vu que  donner, en l’occurrence ce serait plutôt accomplir une bonne action, cela procurait du plaisir, mais le faire savoir, c’était encore mieux. Donc mesdames et messieurs les ex assujettis à l’ISF, ne vous privez pas ce plaisir !

J’y vois un avantage d’une telle publicité,  le mimétisme et la vanité d’être le meilleur qui existent entre les plus riches, un mimétisme de rivalité, comme l’appelle René Girard * pourrait provoquer des émules.



*Des choses cachées depuis la fondation du monde  chez GRASSET