dimanche 27 septembre 2020

Pourquoi des gens dotés, voir doués de raison, croient aux théories du complot

 

La chose la plus étonnante au sens fort du terme qu’il m’ait été donné de rencontrer est de m’apercevoir que des gens dotés de raison que je connais ou croyais connaître, qui me sont parfois proches, sont persuadés de l’existence de complots en tous genres, de la manipulation des esprits par ceux qui nous gouvernent et par les puissances d’argent dont le symbole actuel est Bill GATES.

Leur antienne : « On ne nous dit pas tout, on nous cache la vérité »   

Pourtant, l'homme doté de raison a la capacité de poser le pour et le contre d'un problème, de porter un jugement sur un sujet sans avoir de préjugés malsains sur celui-ci.

Il peut même être doué de raison, c’est-à-dire posséder, des talents  des qualités supérieures à la moyenne : être très douée par exemple  pour l’art dramatique. Je fais allusion à une actrice française rendue célèbre par son interprétation à l’écran de la môme PIAF et qui avait mis en doute les attentats du 11 Septembre.

Je me risque à essayer de trouver les causes de tels comportements.

1/ La défiance, crainte d’être trompé voire la méfiance, croyance d’être trompé, spécialités françaises, dans les Institutions, les politiques, les journalistes… et le reste de la population hors celle de son cercle proche.

« Notre défiance justifie la tromperie d’autrui » dit La Rochefoucauld, car n’oublions pas que ceux qui lancent des fausses informations sur   les soi-disant complots ne le font pas toujours innocemment.

2/ L’attirance pour les phénomènes anormaux, les puissances occultes, les miracles… Ce serait à vérifier, je n’émets qu’une hypothèse : parmi ces personnes il y a un nombre proportionnellement élevé de pratiquants de certaines religions, comme les évangélistes.

3/ La confusion entre la vérité ou la croyance.

Depuis le mois de Mars, début de l’épidémie, nous avons vu fleurir des propos tenus par des responsables politiques, des médecins qui relevaient de la croyance pure et simple qui n’avait rien à voir avec la vérité scientifique.

L’exemple le plus frappant est celui de la polémique qui s’est développée autour du docteur RAOULT et son soi-disant médicament, la chloroquine 

On a vu et on voit encore s’affronter ceux qui croient à la vérité scientifique et ceux adeptes de la post vérité scientifique qui avance la théorie du complot contre le mage de la Canebière.

 Les remèdes miracles ont toujours existé et ont eu parfois beaucoup de succès. Dans la biographie de mon aïeule Toussainte * que je suis en train de terminer, je parle d’un médecin allemand, Frank Anton MESMER, qui au 18ème siècle prétendait guérir les malades incurables grâce à son magnétisme « animal » (disait-il) par des passes et des attouchements.

 Le concept de post vérité

L’on n’est jamais ni maitre de ce que l’on dit, ni tout à fait sûr de ce qu’on en comprendra. La pensée, dite post moderne, dénonce comme une illusion la confiance que l’on peut porter en la raison, car l’individu est soumis à toutes sortes formes d’oppression, qu’elles soient politiques, économiques et culturelles. Il ne maitrise par conséquent   aucun des aspects de sa vie, au contraire, il en est esclave.

Mais encore plus grave est la question de la sincérité qui ne devrait plus être posée car tout discours ne devrait plus être analysé que comme une manifestation rhétorique produite pour un certain public dans un contexte donné avec une intention déterminée.

Ce qui est dangereux, c’est que ces adeptes des théories du complot font trop souvent du prosélytisme auprès de gens influençables.  Ce qui donne à leurs théories une importance démesurée et des risques incalculables. 

 

* La vie de Toussainte M. à Saint Jean. Son journal. à paraître prochainement aux Editions Ifrhos.

 

 

 

 

samedi 19 septembre 2020

Pourquoi je suis déçu par la fréquentation des réseaux sociaux...pour le moment.

 

Tout d’abord, je dois reconnaître que grâce à la magie d’internet, les réseaux, dits sociaux, nous permettent de communiquer aux 4 coins de la planète, avec en théorie, toute personne qui y a accès.

Internet c’est tout simplement prodigieux, comme je l’ai écrit dans mon Blog du 29 Août  Je suis devenu accro aux infos, est-ce grave, docteur ? sauf pour  les jeunes qui sont nés avec, bien entendu.

La participation aux réseaux sociaux nous permet :

- d’échanger avec d’autres membres.

- de réagir.

- d’agir éventuellement.

Sur le premier point il nous faut distinguer l’information traitant de l’actualité que l’on  ne fait le plus souvent que transférer avec ou sans commentaire, de la connaissance sur un sujet que l’on transmet à d’autres grâce à ses compétences.

C’est même un devoir pour tout homme responsable de faire partager ses connaissances, son savoir, par les différents moyens traditionnels, mais aussi aujourd’hui par les réseaux sociaux, ce dont je parlerai dans un prochain chapitre : L’Honnête homme et les autres.

Les raisons de ma déception

1/ Le manque de réactivité

Je ne parlerai pas des réseaux souvent purement récréatifs, distrayants, où les internautes envoient leurs photos de vacances et font connaître leurs goûts à des inconnus – c’est facile, il suffit de cliquer : « J’aime ».  Des réseaux où parfois l’indécence la dispute à la vulgarité.

Je constate pour le regretter que beaucoup trop d’internautes se contentent de recevoir sans jamais rien donner. Ils font partie d’un réseau et souvent de plusieurs, pour recevoir gratuitement des informations, se faire connaître des chasseurs de tête, trouver éventuellement des clients. Je pense à LINKEDIN.

Le comble : certains d’entre eux ne répondent même pas aux messages qu’ils reçoivent de membres faisant partie de leur propre réseau. Ce qui est, à mes yeux, un manque de politesse élémentaire. Ne pas répondre à un courrier de quelqu’un que l’on connaît, est aussi insultant que de ne pas saluer cette personne rencontrée dans la rue. S’ils se comportent ainsi sur le Net, ils se comportent sûrement de la même manière dans leur vie professionnelle et sociale.

Ils n’ont pas, ce que j’ai appelé l’esprit réseau et dont j’ai parlé dans mon Blog du 28 Août 2014 : il ne suffit pas de faire partie d’un réseau, faut-il savoir encore partager.

On ne reçoit pas de réponse ou très rarement aux questions que l’on pose. On ne reçoit pas non plus d’avis ni de commentaires sur ce qu’on écrit. Au mieux, des likes, c’est sympathique, c’est mieux que rien, mais c’est parfois un peu frustrant.

Parmi mes amis de FACEBOOK, certains sont des responsables politiques en activité ou d’anciens responsables. A mon Blog du 8 Août : l’Honnête homme et la Politique et à celui du 22 Août, L’Honnête homme responsable politique, aucun n’a réagi.

Voici quelques exemples d’absence de réaction à mes messages sur TWITTER.

Au sujet de la crise sanitaire :

1/Question très difficile. Comment doit et peut agir le gouvernement en face des "covidiots" ou "coviresponsables" qui ne veulent pas se faire vacciner ? 1/3 de nos compatriotes. Je lance le débat.

Pas de réponse…

2/Cela doit être très difficile à légiférer, j'en ai conscience, mais il faudrait que les personnes qui refusent de prendre un masque et ensuite soignées à cause du coronavirus remboursent à la Sécurité Sociale les frais entraînés. Pas de liberté sans responsabilité.

Pas de commentaires…

Au sujet des journalistes :

Je me pose la question suivante, les propos des journalistes reflètent-t-ils ce que pensent ceux qui les écoutent ou bien c'est l'inverse.

Pas d’avis…

Sur les Institutions américaines

La question essentielle est : comment la démocratie américaine a pu produire un tel personnage, (Donald TRUMP) qui ment comme il respire, n'a aucun respect pour la vérité ?

Pas d’avis…

2/ L’inaction des participants

On n’agit jamais, on ne fait que réagir, c’est-à-dire le plus souvent critiquer en bien ou en mal, insulter, s’indigner à bon compte.

J’ai écrit, toujours sur Twitter : « Et si nous agissions enfin au lieu de simplement réagir. Dans mon Blog du 20 Juin, je proposais d'inverser les rôles et d'interroger les journalistes du service public que nous rétribuons avec nos impôts.  Par exemple pourquoi des journalistes d'une station publique ont-ils laissé sans rien dire Marine Le Pen proférer un mensonge ? Comment agir ? J'attends des suggestions ». 

J’attends toujours…

 

Bien entendu, la solution si le nombre de ceux qui me lisent augmentait sensiblement, j’aurais mathématiquement plus de chance d’obtenir des réponses, c’est pourquoi, étant de nature optimiste, je ne désespère  pas.

 

 

samedi 5 septembre 2020

L'Honnête homme conseiller

 

Mon intérêt pour le sujet s’explique par une pathologie très développée que j’appelle une « conseillite aigue ». Elle se traduit par le besoin irrépressible chez moi de donner des conseils, privés et professionnels, même à des personnes qui ne me les demandent pas.

Je me suis interrogé sur cette affection certes indolore, mais qui peut être parfois décevante. Je me suis aperçu que j’avais besoin de rendre service, mais aussi, je l’avoue, de montrer mes connaissances. Des méchantes langues parleraient de les étaler.

Là encore, le vice rejoint la vertu comme dans bien d’autres de nos actions.

Je l’ai contractée en 1966 de la manière suivante :

Jeune cadre d’une banque d’affaires, responsable de financements professionnels, j’avais eu à traiter une demande de prêt par un boulanger installé dans la périphérie de la banlieue lyonnaise pour l’acquisition d’un four à mazout (c’était l’époque à la fin des années 60 où les boulangers remplaçaient leur four à bois).

Ce boulanger était propriétaire de son fonds de commerce net de tout nantissement et des murs libres d’hypothèques. Il offrait donc d’excellentes garanties. Un client idéal pour un prêteur sur gage. Seulement, il rencontrait un problème majeur : son chiffre d’affaires diminuait régulièrement et inexorablement à cause de la concurrence d’une boulangerie industrielle ainsi que par la décroissance de la population du village et des bourgs alentours qu’il desservait. En conscience, je ne pouvais pas l’inciter à faire un tel investissement qui   n’aurait pas pour effet d’augmenter ses ventes. Je le conseillais donc d’abandonner son projet. J’avais conscience aussi que la banque qui m’employait ne me payait pas pour donner des conseils, mais pour vendre des crédits. On nous appelait d’ailleurs à l’époque des « creditmen ».  Sans parler du fournisseur du matériel très déçu que je lui fasse rater une vente. 

J’en tirais la conclusion logique en démissionnant et me mettant à mon compte comme conseiller financier, mes premiers clients étant des jeunes médecins qui voulaient construire une clinique à Vénissieux.

Je parlerai de conseiller en entreprise et plus particulièrement auprès des cliniques et hôpitaux que j’ai pratiqués depuis plus d’un demi-siècle, mais certaines de mes recommandations peuvent être suivies par des avocats, des notaires ou des médecins.

Prestations de service et conseil

Il ne faut pas confondre les deux. Je prends l’exemple du conseiller en entreprise qui réalise un audit de fonctionnement. Sa prestation consiste à analyser une situation donnée et à donner éventuellement les différentes solutions pour l’améliorer -s’il y a demande d’audit, c’est que celle-ci n’est pas satisfaisante- avec les avantages et les inconvénients de chacune.

Quand un malade consulte un médecin, celui-ci analyse son problème par un interrogatoire suivi d’un examen clinique et il lui délivre une ordonnance qui liste les médicaments relevant de la pharmacopée et censés guérir ou tout au moins soulager la pathologie reconnue. Eventuellement, il propose des examens complémentaires pour affiner son analyse et ses traitements.

Le conseiller en entreprise, comme le médecin n’ont réalisé jusqu'alors  que des prestations auprès de leurs clients.

Ils peuvent être amenés  à les conseiller quand ils doivent faire un choix entre deux stratégies managériales ou thérapeutiques. Ce qui est beaucoup plus difficile.

Le titre dont s’affublent certains employés du commerce est trompeur. Il est utilisé pour faire croire aux clients qu’ils ne peuvent être que bien servis s’ils ont à faire, non pas à un simple vendeur, mais à un conseiller, c’est-à-dire quelqu’un de compétent et de désintéressé.

Les consultants. On nomme, ou ils se nomment ainsi, pour s’attribuer un brevet de compétence. L’exemple le plus connu est celui des consultants sportifs. Un ancien joueur de football ancien international, sachant à peu près correctement s’exprimer en français, assistera un journaliste sportif pour commenter à la télévision un match. Il ne donnera pas des conseils aux téléspectateurs, ni aux joueurs sur le terrain, c’est le rôle des entraîneurs. 

Le vrai métier de conseiller

Le client, consciemment, mais le plus souvent inconsciemment, transfère sa responsabilité sur son conseiller qu’il considère plus compétent que lui, quant au choix de la solution à retenir.

Le client prononce alors la célèbre phrase : Que feriez-vous si vous étiez à ma place ?

Se mettre à la place de quelqu’un, cela est très difficile.  L’empathie ne suffit pas en l’occurrence, elle est même déconseillée et c’est pourquoi un médecin évitera de soigner ses proches.

Le conseiller doit intégrer les propres données de son client, son âge, son tempérament, son plus ou moins grand goût du risque, son environnement familial et professionnel. Ce qui suppose qu’il doit bien le connaître.

Doit-on tout dire à son client ?

Je pense que non.  Certains risquent potentiels, le conseiller avisé les gardera pour lui, sauf si les taire peut entraîner des poursuites judiciaires, ce qui conduit ainsi les Laboratoires Pharmaceutiques à faire l’inventaire exhaustif des effets indésirables de leurs médicaments. La judiciarisation grandissante ces dernières années de notre société, à l’instar des Etats Unis, la transparence à tout prix et le culte du risque zéro poussent les responsables dans tous les domaines à se protéger des juges en s’entourant de garanties.  

Malgré cela, je persiste à penser qu’un Honnête homme conseiller continuera à prendre des risques car c’est ce que veulent ses clients, consciemment ou non.  

 

Dans mon prochain article je traiterai des Réseaux Sociaux et j’expliquerai pourquoi leur fréquentation m’a jusqu’à maintenant déçu.