CHAPITRE 1
Nous
retiendrons la définition du travail par le dictionnaire Robert : activité
humaine organisée et coordonnée en vue de produire ce qui est utile.
Ce qui fait dire au philosophe ALAIN : le travail utile est par
lui-même un plaisir et à Albert CAMUS : il n’est pas de punition
plus terrible que le travail inutile et sans espoir.
Pour
tout homme, le travail est indispensable pour percevoir des revenus nécessaires
à la couverture de ses besoins et pour occuper son temps, car comme l’a écrit
BAUDELAIRE, : A chaque minute nous sommes écrasés par l’idée du temps
et pour échapper à ce cauchemar il n’y a que le plaisir et le travail, mais le
premier nous use alors que le second nous fortifie.
Pour
l’Honnête homme, il lui nécessaire aussi de :
-Se
réaliser pleinement, et pour faire savoir aux autres ce que nous sommes à
travers ce que nous faisons, dit Samuel ROUVILLOIS, frère de la Communauté
Saint Jean qui ajoute : On ne devient pas humain sans passer par
l’expérience personnelle du travail.
-D’avoir
un travail utile économiquement et si possible socialement.
-Enfin, que
l’activité de l’ entreprise dont il fait partie soit conforme à ses exigences morales.
Activités
utiles économiquement
Nous
passerons rapidement sur toutes les activités qui ne sont d’aucune utilité
comme celle d’intermédiaires parasites de la société dans lesquelles l’Honnête
homme ne saurait se fourvoyer pas plus qu’il ne saurait, cela va de soi, être
un prébendier ou bénéficier de sinécures. Par contre nous devons nous arrêter
un instant sur celles dont l’utilité est en partie ou totalement discutable et
celles dont l’efficacité est insuffisante.
Activités
dont l’utilité est en partie ou totalement discutable.
Nous
prendrons deux exemples dans le domaine de la Santé, mon domaine de
prédilection, et un dans celui de la Recherche. Deux domaines choisis
volontairement parce qu’on peut raisonnablement penser que leur intérêt économique
et social va de soi.
-Domaine
de la Santé
La
fabrication et de la vente de produits aux vertus soi-disant thérapeutiques dont
l’action est inefficace et la réalisation d’actes médicaux et paramédicaux
inutiles qui peuvent ne pas être sans risques pour les malades et obèrent le
budget de la Sécurité Sociale. Les actes inutiles à l’hôpital pourraient
s’élever jusqu’à 30% selon certains experts.
-Domaine de
la Recherche.
Des
études réalisées par des enseignants chercheurs financées par l’Etat et qui ne
font pas sérieusement progresser nos connaissances comme celle qui conclut
doctement que le sourire d’une femme invite au contact : il suscite 7.02
regards en moyenne alors qu’un visage fermé ne provoque que 2.01 coups d’œil.
Autre découverte du même chercheur : les hommes prendront d’autant plus
une autostoppeuse que sa poitrine est généreuse…
Activités
dont l’efficacité est insuffisante.
Elles
sont très nombreuses. Nous ne prendrons que deux exemples.
Celui
des mauvaises gestionnaires d’entreprises privées et d’administrations
publiques, à commencer par les patrons qui par négligence et/ou incompétence ruinent
la leur et parfois celle de leurs fournisseurs, sans parler des salariés restés
sur le carreau.
Celui des
cadres dans les grandes entreprises, mais aussi des employés dans les Administrations
qui ne se sentent pas engagés dans leur travail, sont démotivés et dont
l’efficacité évidemment en pâtit. Nous reviendrons sur la réalisation
personnelle dans le travail dans un prochain chapitre.
Activités
utiles socialement
Pour
mesurer l’activité d’un point de vue social, il faut tenir compte de l’impact
sur l’environnement selon qu’elle le dégrade ou pas et les effets positifs ou
négatifs sur le bien être des individus et de la Collectivité. Ainsi, les
personnes chargées de l’entretien et du recyclage des déchets ont une utilité
sociale bien supérieure à un cadre de banque ou de publicité. Les premières créent
une plus-value 10 fois supérieure à ce qu’ils coutent tandis que les seconds
détruisent dix fois ce qu’ils créent. *
Nous
voyons apparaître déjà une contradiction possible entre la recherche de la
meilleure rémunération possible et l’intérêt économique et sociale de
l’activité qui l’assure.
L’Honnête
homme privilégiera toujours l’intérêt économique et social, c’est à dire qu’il
optera chaque fois qu’il le pourra pour un salaire moins élevé pour un travail
plus utile. Ce qui peut exiger beaucoup d’efforts, voire de sacrifices. Pour
accepter des revenus moindres, il aura su ne pas augmenter inconsidérément ses
besoins. Nous pensons à un ancien candidat à l’élection présidentielle qui s’est
fait construire un superbe manoir et qui pour le financer n’a pas hésité à
percevoir des sommes indues par l’intermédiaire de son épouse et pour
lesquelles il devra rendre bientôt compte devant les tribunaux.
Comme en
préambule, j’ai bien précisé que l’Honnête homme était aussi bien une femme
qu’un homme, il est aussi bien employé que cadre supérieur, ouvrier que
professeur de Faculté. Un ouvrier, en charge d’une famille, qui effectue des
tâches inutiles et sans intérêt dans un service Entretien aux effectifs
pléthoriques d’une Collectivité locale devra avoir beaucoup de courage, voire
d’inconscience, pour rechercher un autre emploi plus utile à la société,
surtout s’il est installé dans une petite agglomération où le chômage est
élevé.
Par
contre, nombreux sont ceux chez les cadres supérieurs (je recouvre sous ce
vocable tous les hommes et femmes ayant fait des études supérieures) qui ont la
possibilité de changer d’emploi, voire de métier, quitte à voir leurs revenus
diminuer sensiblement. J’ai à l’esprit un couple, le mari cadre dans
l’industrie pharmaceutique, l’épouse journaliste qui ont décidé de quitter
Paris pour s’installer en Province, lui comme médecin responsable de malades
hospitalisés à domicile et souvent en fin de vie, elle comme enseignante dans
un collège. Bien entendu, ils ont opté aussi pour une meilleure qualité de vie,
celle en Province étant généralement plus agréable que celle dans la Capitale,
mais surtout ils ont réalisé ce qu’ils souhaitaient, à savoir être au service
des autres, les malades et les enfants.
Activités
conformes à ses exigences morales
L’entreprise
peut avoir des pratiques délictueuses comme le recours au travail au noir, la
fraude en matière fiscale…la liste est longue.
Chacun
d’entre nous doit se poser, au moins une fois dans sa vie, la question : A
quoi sert réellement mon travail ? Et si la réponse n’est pas
satisfaisante, s’en poser une seconde : Comment puis-je faire pour en
changer ?
Mais il
devra aussi s’en poser d’autres que nous verrons dans les prochains chapitres.
*Le responsable d’une mission
d’évaluation de la NEF, la New Economic Foundation, Eleis Lawlor conclut ainsi
son rapport :
Les professions qui créent le
plus de bénéfices pour la société devraient être récompensées et si c’était le
cas beaucoup plus de personnes s’orienteraient vers elles, ce qui aurait pour
conséquence une amélioration très sensible de la qualité de vie, surtout des
plus faibles.