vendredi 26 août 2022

Souvenirs d'étudiant

 

 

Le Prof et la rue Mazenod de Lyon

J’avais un professeur d’italien. Il s’appelait Martin, mais je crois qu’il s’appelait Martini et qu’il avait fait franciser son nom. Pourquoi ?  Mystère.
Ce qui est certain, c’est qu’il ne m’aimait pas beaucoup. Un jour que je devais l’agacer plus que de coutume, je suppose, il s’écria :

-  Mazenod, il ne vous manque plus que votre statue, vous avez déjà votre rue et votre collège !

J’en fus plutôt flatté !  A mon âge, j’avais quelques excuses.

Ce qui m’amène à parler de mon patronyme et de la Part Dieu, quartier de la capitale des Gaules.

  

HISTOIRE DE CATHERINE MAZENOD ET DE LA PART DIEU

 

Le 11 octobre 1711, c’était le premier jour de la vogue de Saint-Denis de Bron. Cette fête existait depuis des temps immémoriaux. Cette vogue avait la particularité que tout le monde pouvait s’insulter librement sans que les urbains, la police de l’époque, interviennent. Cela devenait un jeu à qui proférerait les insultes les plus grossières. On en a gardé certaines expressions lyonnaises qui pourtant sont on ne peut plus affectueuses, comme « Ah, te v’là charogne ! » et bien d’autres encore.

Il se faisait tard et il fallait rentrer. À cette époque il n’y avait qu’un seul pont, qui était très long, pour traverser le Rhône, celui qu’on appelle aujourd’hui le pont de la Guillotière, et ce pont fermait la nuit. Du côté de la Guillotière, où il y avait de grands tènements agricoles, le pont commençait à la "place du Pont" (d’où ce nom qui est resté même si le pont n’est plus là) et il y avait une tour d’octroi, avec une porte et un pont levis. De l’autre côté il allait presque jusqu’en Bellecour où il y avait une barrière (d’où la rue de la Barre). Tous ces gens qui rentraient de la vogue par la Guillotière, se pressaient pour arriver avant la fermeture du pont pour rentrer chez eux.

De Bellecour arrivait le carrosse de Madame Servient, qui se rendait sur ses terres sur la rive gauche. Mais son carrosse est accroché par un charroi venant en sens inverse et renversé en plein milieu du pont, ce qui produisit une barrière infranchissable sur laquelle la foule vint se heurter et l’empêcha de traverser. Ceux qui étaient en tête, pressés par ceux qui suivaient furent écrasés les uns sur les autres. On dénombra 241 victimes dans ce qu’on appela "le tumulte du pont du Rhosne". Il y eut en effet 25 personnes noyées dans le fleuve, et 216 mortes écrasées.

Madame Servient, Catherine Mazenod de son nom de jeune fille, dame de la Part-Dieu, fut tellement frappée par cette tragédie, qu’elle laissa tous ses domaines de la rive gauche au profit des Hospices Civiles de la ville de Lyon. Auteur involontaire de cette catastrophe, rongée par le remords encore 14 années après, elle donna donc ce qu’elle appela « la Part de Dieu ».

Le grand père de Catherine, Mathieu, était marchand à Saint Chamond. A quelques kilomètres au Nord se trouve le hameau Mazenod, commune de Valfleury et paroisse de Saint Christo relevé dans des archives depuis 1315, d’où mes aïeux étaient originaires et qui ont fait souche à Saint Jean Bonnefonds, proche de Saint Etienne.  J’en parle dans la biographie de mon ancêtre : La vie de Toussainte M à Saint Jean.  qui a vécu de 1748 à 1805.

Les ancêtres de Catherine sont-ils descendus de Mazenod comme les miens ? Il y a de fortes probabilités, mais aucune preuve.