mercredi 29 décembre 2021

Qu'est ce qu'on attend pour être heureux

 

A l’aube de la nouvelle année et des engagements que l’on prend et des vœux que l’on forme, pourquoi ne pas souhaiter être plus heureux pour soi… et surtout pour ses proches.  

Grâce aux neurosciences, nous savons aujourd’hui ce qui se produit dans le cerveau des gens heureux. Des chercheurs ont en effet découvert que 4 hormones étaient des alliées de notre bien-être : la dopamine, l’ocytocine, les endorphines et la sérotonine et qu’elles constituaient donc pour eux le quatuor du bonheur.

Le quatuor du bonheur

La dopamine

En plus d’agir sur l’attention, la fonction rénale et le cœur, elle développe le plaisir et la relaxation, en plus d’alimenter la motivation. Elle intervient dans une multitude de processus cérébraux liés à la conduite et à l’apprentissage. Pour stimuler sa production, il faut dormir suffisamment et pratiquer des exercices physiques.

L’ocytocine

Elle est produite par l’hypothalamus. Elle réduit l’inquiétude. et développe nos liens avec les autres. La formule pour augmenter le niveau de cette hormone est toucher et embrasser. La période que nous traversons, hélas, ne s’y prête guère. Méditer de façon régulière semblerait favoriser aussi sa production.

Marian Rojas ESTAPE dans son livre intitulé ; Rencontre ta personne vitamine. nous dit que prêter attention aux autres, les écouter, les embrasser, surtout quand ils sont accablés, peut les guérir grâce à l’ocytocine produite et à la diminution de la cortisone.
 

Les endorphines

Synthétisées par l’hypophyse et l’hypothalamus. Ce sont des analgésiques naturels. Elles ont un effet antalgique en atténuant la douleur et anxiolytique en agissant comme un anti dépresseur. Elles améliorent le transit intestinal et surtout elles stimulent dans le cerveau les centres du plaisir. Elles sont responsables de notre bien-être, y compris de nos moments de joie. Nous secrétons des endorphines comme pour la dopamine en faisant de l’exercice, mais aussi en réalisant des activités agréables comme danser, rire cf Mon Blog du 2 janvier 2016 : Le rire, à consommer sans modération pour lutter contre nos émotions négatives. Ou encore nous occuper avec un hobby qui nous passionne. Il n’est jamais trop tard pour s’en trouver un si nous n’en avons pas.

Enfin nous pouvons aussi écouter de la musique régulièrement cf Mon Blog du 14 avril 2018. La musique pour combattre nos pensées négatives.

La sérotonine

Appelée l’antidépresseur naturel, elle prépare au sommeil. Etant donné que la majeure partie de la sérotonine se trouve dans l’intestin, souvent elle réagit favorablement à une diète équilibrée. Un autre facteur favorable est l’exposition au soleil.

 

Voici les 4 clés pour obtenir un cerveau heureux que nous donne la neuroscientifique Sara Teller de l’Université de Barcelone*. En plus de faire de l’exercice, de dormir suffisamment, de prêter attention aux autres, de rire le plus souvent possible et de manger correctement.

1/ Vivre au présent au lieu de gaspiller son énergie en se projetant dans le passé ou le futur. Carpe Diem. Ce qui signifie gérer en temps réel le stress et la peur sans dramatiser ni nous presser acceptant que ce sont des émotions naturelles et passagères.

2/ Pratiquer la résilience qui est l’art de surmonter les difficultés. Ainsi, il y a presque 2000 ans, le philosophe et empereur romain Marc Aurèle déclarait : «que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l’être »

Des neuroscientifiques ont calculé que cette partie que nous ne pouvons pas contrôler est la génétique (40%) tandis que ce que nous pouvons contrôler est la neuroplasticité (60%).

3/ Essayer des choses nouvelles. Un excès de routine nous amène à répéter les mêmes sensations et avoir les mêmes souvenirs, ce qui nous rend apathique et crée le découragement accompagné de pensées négatives récurrentes. Pour sortir de cette prison mentale, le meilleur antidote est de chercher de nouvelles expériences qui nous font travailler notre neuroplasticité. Dans son dernier livre**un des principaux conseils que donne Bernard Pivot aux gens de son âge pour ne pas trop vieillir est de tenter de nouvelles expériences ; d’ajouter quelque chose à sa vie.

4/ Etre de bonne humeur. Le psychologue Martin Seligman considère que la bonne humeur est un facteur clé des personnes résilientes, en plus d’être un indicateur de santé mentale. Rire et prendre la distance avec nos drames quotidiens combat la rigidité mentale qui développe l’anxiété parce qu’elle aspire au contrôle dans un monde chaotique. En souriant, nous envoyons à travers le nerf vague un message au cerveau pour dire que tout va bien, ce qui le met au contact du quatuor du bonheur.

 

Nota Bene. Cet article m’a été inspiré par celui paru dans El Païs de Francesc Miralles, journaliste catalan romancier et expert en psychologie.

 

Je vous souhaite à tous mes fidèles lectrices et lecteurs une année heureuse, bien entendu.

 

*El cerebro de la gente felix, Le cerveau des gens heureux par Sara Teller et Ferran Cases.

**…Mais la vie continue de Bernard Pivot

mercredi 8 décembre 2021

Le jour où j'ai perdu mon innocence

 

Pendant la guerre de 39/40, je me trouvais avec ma mère et mon frère aîné à Versilhac, village de la Haute Loire, près d’Yssingeaux, pays de ma mère.

 De la guerre, nous ne savions rien. Nous n’avions pas de journaux ni de radio. Mon père qui travaillait aux Houillères de la Loire, quand il montait nous voir de Saint-Etienne  ne nous en parlait pas. Nos voisins non plus, peut être aussi ignorants que nous de ce qui pouvait se passer dans le monde. Ou s’ils l’évoquaient, ce n’était pas devant des enfants.

 La seule manifestation concrète de la guerre pour mon frère et moi fût pour nous le passage sur la route de Tence, venant d’Yssingeaux, de soldats américains qui du haut de leurs jeeps et de leurs chars nous jetaient des fleurs et des chocolats et que nous applaudissions avec joie. Mais vu sous cet angle, que la guerre était jolie !

 Nous sommes revenus à Saint-Etienne pour la rentrée des classes, le 1er octobre 1945. J’ai alors assisté à un spectacle effrayant pour le garçonnet de 6 ans que j’étais. Spectacle dont je ne me suis pas encore totalement remis aujourd’hui, trois-quarts de siècles plus tard. Une foule d’hommes, mais aussi de femmes étaient réunies rue Neyron, en haut de la descente d’escaliers qui mène au pied de la gare de Châteaucreux, à cinquante mètres à peine de chez nous, pour s’acharner sur des femmes au crâne rasé. Ils les houspillaient, les injuriaient, les bousculaient, les frappaient, leur crachaient à la figure. J’appris plus tard que ces femmes avaient couché avec des soldats allemands et que dans d’autres régions de France, on leur avait en plus dénudé la poitrine et fait subir de terribles sévices. 

Ce jour-là, j’ai perdu mon innocence. J’ai découvert la laideur, la méchanceté des hommes et des femmes, la cruauté des foules. J’ai découvert le mal. J’ai souvent repensé à ces femmes. Méritaient-elles un tel châtiment, une telle infamie ? Parmi elles, n’y en avait-il pas une qui avait partagé la couche d’un occupant, non par vice ou par appât du gain, mais par amour ?

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