samedi 10 mai 2014

Soyons tous des colibris

Pierre RABHI, pionnier de l'agriculture biologique dans notre pays, nous conte une légende amérindienne : " Un jour, il y eut un immense incendie de forêt. Tandis que les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre, un minuscule colibri, tout seul, allait chercher de l'eau dans la rivière avec son bec pour la jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : " Colibri ! Tu n'es pas fou ? Ce n'est pas avec ces gouttes d'eau que tu vas éteindre le feu ! " et le colibri lui répondit : " Je le sais, mais je fais ma part " Dans la version en anglais de la regrettée Wangari MAATHAI, prix Nobel de la Paix pour sa contribution au développement durable " I do the best I can " . Nous nous interrogeons parfois, dans des instants de lucidité, sur l'utilité de nos actions individuelles, notamment sur le gaspillage des ressources naturelles, mais aussi sur celui de l'argent public. Et nous nous disons : à quoi bon être économe sur nos consommations d'énergie et de denrées alimentaires de plus en plus coûteuses et sur les fonds publics de plus en plus rares. Quelles conséquences pratiques entraîne mon comportement vertueux (à part peut être de donner l'exemple ,comme RABHI en France ou MAATHAI en Afrique). Aucunes. Même mon bulletin de vote dans une élection nationale, à quoi sert-il ? Nous doutons un instant, mais nous devons continuons quand même, nous devons persister, car si nous interrogeons notre conscience, nous savons qu'il n'y a pas d'alternative. Au fur et à mesure que l'Etat se désengagera, l'initiative privée devra prendre la relève. Notre société à responsabilité illimitée que je dénonce, dans " Mérites tu vraiment ton salaire " pages 189 à 192, va voler en éclats et l'incendie risque de l'embraser? Alors, comme le colibri de la légende, nous devons sans attendre apporter notre contribution, faire notre part, faire le mieux que nous pouvons, sans se retourner pour savoir ce que font les autres et ce qu'ils disent pour nous décourager. Tout en souhaitant que nous soyons pas les seuls.

dimanche 4 mai 2014

Que celui qui entre dans le bureau d'un fonctionnaire se sente chez lui

" Vogliamo che chi entra in un ufficio pubblico si sente a casa " C'est le voeu formulé par le nouveau premier ministre de l'Italie, Matteo RENZI, alors qu'il se lance dans une ambitieuse réforme de l'Etat dont pourraient d'inspirer nos responsables politiques, tous bords confondus. J'ai une longue expérience de la fréquentation des fonctionnaires des administrations déconcentrées de l'Etat et des Collectivités locales, notamment, et je ne peux pas dire que je me sois toujours trouvé à l'aide dans leurs bureaux, à quelques rares exceptions près, quand s'était entre nous créée une estime réciproque fondée sur une certaine affinité et surtout sur une connaissance des responsabilités et des contraintes de chacun. Dans le préambule de " Mérites tu vraiment ton salaire ? " je cite le cas où j'ai du traverser plus de la moitié du pays pour honorer un rendez vous dont l'annulation ne m'avait pas été communiquée. Exemple de désinvolture et de manque de respect élémentaire. J'ai rencontré aussi chez mes interlocuteurs une méfiance instinctive à l'égard du citoyen venu solliciter un quelconque avantage, voire obtenir un passe droit ainsi qu'une envie parfois teintée de jalousie envers quelqu'un apparemment libre de son organisation et de son temps - le fonctionnaire est le premier victime de la lourdeur de sa propre administration et du statut de la fonction publique - et qui, pense-t-il gagne surement plus d'argent que lui.Ce qui est loin d'être toujours le cas. Il m'est arrivé plusieurs fois, dans un esprit oecuménique, et avec un certain plaisir, de réunir dans un même séminaire des directeurs d'hôpitaux publics et des directeurs de cliniques et hôpitaux privés.Lors du déjeuner que nous prenions ensemble,les premiers questionnaient les seconds sur leurs rémunérations et découvraient, rassurés, qu'en tenant compte des primes et avantages diverses, elles étaient très proches. Le comportement du citoyen n'est pas exempt,lui non plus, j'en porte témoignage, de tout reproche. Quand il franchit le seuil du bureau d'un représentant de l'Administration, il est intimidé, impressionné d'autant plus s'il est de condition modeste, gêné comme s'il était coupable, exception faite du tricheur, et se sent en terrain hostile, à tout le moins pas bienveillant. En vérité, le fonctionnaire doit être à son service, et non l'inverse, c'est lui le prestataire de services rémunéré par le citoyen contribuable qui représente certes l'intérêt général, mais ce n'est pas incompatible. Pour que le citoyen se sente à l'aise dans son bureau, mais aussi dans ses relations téléphoniques et épistolaires , il faut qu'il le soit aussi. Qu'il soit fier de la mission dont il a été investi et persuadé de mériter vraiment son salaire, ce que lui conteste une partie de nos compatriotes. La réforme de l'Etat longtemps différé, sujet majeur de notre société pour les années à venir, passe par l'instauration de nouvelles relations de confiance entre ses fonctionnaires et les citoyens. Ceux-ci doivent se sentir chez eux quand ils sont dans leurs bureaux, comme le souhaite Matteo RENZI.

jeudi 1 mai 2014

Pour une libre circulation des hommes entre les administrations publiques et les entreprises privées

Une proposition de loi devrait permettre demain aux inspecteurs du travail de sanctionner directement les dirigeants d'entreprise en infraction avec le droit du travail, en leur imposant notamment des amendes. A première analyse, nous ne pouvons qu'approuver l'octroi de moyens efficaces et expéditifs permettant de sévir contre des patrons voyous , des patrons qui trichent, des patrons qui emploient du personnel non déclaré et des patrons qui mettent en danger la sécurité de leurs collaborateurs et parfois même leur santé. Qui plus est, des patrons qui par leurs pratiques faussent totalement la concurrence. Qui peut ne pas être d'accord ? A condition cependant, que les hommes et les femmes chargés de faire respecter la loi dans les entreprises se comportent d'une manière objective, sans à priori, sans esprit partisan et sans idéologie aucune. Dans mon dernier article, j'ai raconté avoir eu une pensée pour Dominique BAUDIS quand j'ai du comparaître devant un tribunal correctionnel, poursuivi par un inspecteur du travail rendu célèbre dans la région par ses agissements et que visiblement sa hiérarchie était incapable d'en contrôler les dérapages. Il n'était pas le seul et plusieurs chefs d'entreprise pourraient témoigner des tracas qu'ils ont connus. Dans " Mérites tu vraiment ton salaire ? " j'affirme que la solution serait de faciliter et même d'encourager la libre circulation entre l'entreprise privée et l'Administration Publique. Si l'inspecteur qui m'a trainé devant les Tribunaux et qui aujourd'hui pourrait me sanctionner à son gré, sans en référer à personne, avait été auparavant, ne serait-ce que durant quelques mois, chef du personnel d'une PME , son attitude aurait été complètement différente. Il aurait appris comment fonctionne une entreprise et découvert que la triche n'est que l'apanage d'une minorité de patrons. Retourné dans son Administration, il aurait été beaucoup plus efficace contre ces derniers, car plus à même de déjouer leurs combines. Dans l'autre sens, nous pourrions imaginer qu'un responsable financier d'entreprise devienne contrôleur fiscal et prenne ainsi conscience des difficultés et des contraintes de la fonction. Dans un souci d'efficacité et de bonne entente entre les entreprises privées et les Administrations et plus généralement entre les salariés du privé et les fonctionnaires,la libre circulation dans les deux sens entre ces derniers et l'entreprise privée qui existe déjà et depuis longtemps entre la Haute Fonction Publique et les directions générales de Grandes Entreprises est non seulement nécessaire, mais indispensable.