samedi 29 août 2020

Je suis devenu accro aux infos, Est-ce grave, docteur ?

 

De plus en plus nous consacrons du temps devant nos écrans de téléviseur, ordinateur et smartphone.  Ce phénomène s’est amplifié énormément ces dernières années et il s’agit d’un véritable phénomène de société qui touche maintenant toutes les générations et tous les pays développés économiquement. 

Il s’explique en premier lieu par la digitalisation des documents et de l’abandon du support papier qui nous oblige à utiliser un ordinateur, comme par exemple effectuer notre déclaration d’impôts. Mais surtout grâce à Internet, il permet de nous rattacher au monde qui nous entoure, vaincre la solitude pour certains, s’informer et se distraire pour d’autres.

Ce phénomène est un excellent sujet d’études pour des chercheurs professionnels. Là je me permets une légère digression.  Les chercheurs manquent parfois de sérieux. Exemple : L’étude réalisée par l’un d’entre eux dont la conclusion était qu’un sourire suscite en moyenne 7.02 regards alors qu’un visage fermé ne provoque que 2.01 coups d’œil. Autre découverte du même chercheur : les hommes prendront d’autant plus une auto-stoppeuse si elle a une poitrine généreuse. Si ce chercheur avait fait cette étude durant son temps libre, pourquoi pas ? Le général DE GAULLE avait lancé un jour cette boutade : Des chercheurs, on en trouve, des trouveurs, on en cherche. Il parlait bien entendu de chercheurs sérieux.

La quête permanente d’informations : La meilleure et la pire des choses comme la langue,  pour le fabuliste ESOPE que tout cruciverbiste connait.

La meilleure, un accès illimité à la connaissance.

Pour un esprit curieux comme moi, l’accès à Internet est tout simplement prodigieux. Le mot n’est pas trop fort. C’est comme si je me trouvais entouré d’une multitude de bibliothèques auxquelles je peux accéder avec simplement quelques clics et cela gratuitement.

La pire, de nombreux inconvénients:  perte de temps, dangers pour la santé, risque  d’addiction.

Des rencontres ratées. Il y a quelques années, dans le TGV Paris Lyon Saint-Etienne. J’étais assis en face de deux hommes qui à peine installés ouvrirent immédiatement leurs ordinateurs et ne relevèrent la tête qu’à l’entrée en gare de la Part Dieu. Au moment de quitter leurs sièges, je leur dis simplement tout en leur souriant :

Dommage !  Nous aurions pu faire connaissance et se livrer au plaisir de la conversation.

Je précise qu’aux bruits émis par leurs ordinateurs alors qu’ils n’avaient pas encore mis leurs écouteurs, j’avais compris qu’ils ne travaillaient pas sur leurs dossiers, mais qu’ils visionnaient un film.

Hier, dans le salon s’attente de mon dentiste, un jeune homme n’a pas levé la tête de son smartphone quand je suis entré et est resté les yeux rivés sur son écran jusqu’à ce que l’assistante vienne le chercher.  Peut être aurions nous pu échanger quelques mots à travers nos masques.

Des pertes de temps.

Sur les réseaux sociaux, les sujets évoqués sont souvent anecdotiques, voire dérisoires, et surtout redondants, comme dans les chaînes d’information en continu, mais à les visionner même très rapidement, on gaspille son temps. Sauf si, bien entendu, on se sent incapable de faire autre chose.  

La bonne, la mauvaise et la fausse.

Comment faire le tri entre des informations ? Elles peuvent être exactes, mais aussi erronées, de bonne foi, enfin fausses, voire volontairement fausses.

Il faut, au préalable, bien avoir présent à l’esprit les faits suivants :

- 1/ Les médias, notamment les chaînes d’information en continu et les stations de radio doivent fournir à leurs clients, des informations, si possible en temps réel. Le patron d’une chaîne affirmait récemment qu’elle était pour lui, une super usine à fabriquer de l’information.  Une chaîne de télévision ou une chaîne de radio, ce sont des entreprises qui doivent pouvoir rémunérer leurs personnels dont les journalistes et pour cela faire de l’audience. Pour faire de l’audience, il leur faut fabriquer de l’information comme le dit si bien ce patron dont je tairais le nom pour ne pas lui faire de publicité, bien que le style employé le laisse deviner.  Une information qui doit intéresser l’auditeur et le téléspectateur et pour cela ne pas être par définition positive. Les trains qui arrivent à l’heure n’intéressent personne.  Un autre sujet d’étude pour des chercheurs sérieux serait celui des effets mesurables des information diffusées sur le moral de nos compatriotes. Elle serait à corréler avec le niveau de confiance dans les médias, parmi les plus faibles en Europe.

L’exemple ces dernières années le plus éclatant est le phénomène en France des Gilets Jaunes. Pour fabriquer de l’information à jet continu, les chaînes, notamment l’une d’entre elles ont volontairement encouragé les meneurs, certains presque analphabètes, les traitant comme des vedettes du show-biz, à poursuivre leurs actions, voire les amplifier, même quand celles-ci étaient vaines et même parfois illégales.

- 2/Les journalistes ne sont pas tous des Honnêtes hommes, loin s’en faut. cf Mon Blog du 31 Mai 2020 : L’Honnête homme journaliste. C’est-à-dire que certains d’entre eux ne respectent pas la Charte d’éthique des journalistes que j’ai reprise dans le Blog précité. Notamment en confondant leur métier avec celui de propagandiste et l’information avec la communication. D’autre part, la course effrénée à la diffusion de l’information, afin d’en avoir l’exclusivité, l’emporte parfois sur le sérieux de l’enquête quand il y en a une et sur la vérification des sources.

Un argument pour obtenir une meilleure information, essayer de séparer le bon grain de l’ivraie est de s’adresser à plusieurs sources, mais ce qui augmente alors le temps nécessaire à y consacrer.

Dangers pour la santé.

On parle surtout du danger pour les enfants qui ont, des heures durant, les yeux rivés sur leurs jeux-vidéos. Pour les adultes, les risques ne sont pas non plus négligeables. L’immobilité peut occasionner des TMS (troubles musculo squelettiques) à moins de faire en même temps du vélo d’appartement ou des exercices d’assouplissement. Le temps passé devant des écrans peut aussi fatiguer la vue. Deux solutions pour se protéger des effets néfastes de la lumière bleue, porter des lunettes aux verres spéciaux et/ou équiper votre ordinateur d’une application « anti lumière bleue » F.Lux ou Iris.  Le temps passé peut aussi dans certains cas être une cause d’insomnie. 

Comment soigner son addiction ?

Tout Honnête homme doit à chaque stade de son existence organiser son emploi du temps en fonction des objectifs qu’il s’est lui-même fixés et des responsabilités qui sont les siennes notamment au regard des autres. Néanmoins, il doit parfois se poser la question suivante.

Que ferais-je si j’éteignais mes écrans et coupais le son de mon poste radio ? La réponse est très variable pour chacun d’entre nous.

Supprimer une source d’information à laquelle on est fidèle est moins difficile qu’il n’y parait. Je vous livre mon expérience personnelle. Depuis maintenant plusieurs mois, j’ai cessé d’écouter France Info pour deux raisons : la première est que je trouvais lassant ces rappels incessants d’information et la seconde, la plus importante, était que je considérais que les journalistes politiques qui intervenaient ne respectaient pas la totale neutralité qui devait être la leur, étant salariés d’une station financée par les contribuables. Je n’ai pas remplacé France Info par une station commerciale qui est obligée, elle, financièrement de diffuser de la publicité, elle aussi par nature redondante et entrecoupée de chansons dont très peu me plaisent. Dans ma salle de bain, je me sens maintenant à mon aise et il ne me viendrait pas un instant l’idée d’ouvrir mon poste de radio.

Pour soigner son addiction, il faut tout d’abord en prendre conscience. Je pense que beaucoup de téléspectateurs et d’habitués des réseaux sociaux ignorent qu’ils sont shootés à l’info. Ensuite il faut revoir son emploi du temps comme je l’ai dit précédemment et aux heures passées devant les écrans substituer une autre activité intellectuelle ou manuelle ou encore sociale.   

Je conclurai en disant que nous risquons de voir bientôt des internautes et/ou téléspectateurs se   trouvant dans un stade avancé de dépendance recourir aux soins d’un psychiatre et dans les cas les plus graves se faire hospitaliser. Beau sujet d’un roman d’anticipation que j’aimerais bien traiter un jour si j’en avais le temps, mais que j'espère sera réalisé par un de mes lecteurs.

 

 

samedi 22 août 2020

L'Honnête homme Responsable politque

 


Nous avons précédemment vu que l’Honnête homme ne doit pas se désintéresser de la Politique. Il doit même, s’il le peut, s’engager activement et pourquoi pas, en devenir un Responsable après avoir été désigné démocratiquement par le suffrage universel.

« Un politicien pense aux prochaines élections, un homme d’Etat pense à la prochaine génération » est une phrase célèbre prononcée par l’américain James Freeman CLARKE.

Bien entendu, l’Honnête Homme doit se soucier, en 2020, de la sauvegarde de notre planète et de tous les autres défis auxquels notre société est confrontée et qu’il doit aider, dans la mesure de ses moyens, à relever.

Cependant, il doit aussi penser aux prochaines élections s’il veut être réélu et pouvoir poursuivre son engagement auprès des autres.

Il faut qu’il soit efficace et même efficient dans ses actions. Et pour cela, il doit être habile. C’est le Président POMPIDOU qui disait qu’on ne gouverne pas innocemment.

L’habilité des hommes politiques fait partie de leur art, elle constitue même une obligation de leur état. Songes-t-on en faire grief aux chirurgiens, aux navigateurs, aux artistes. disait Edgar FAURE*, réputé pour son habileté.

Je prendrais l’exemple du privilège de bouilleur de cru. Deux hommes d’ETAT reconnus comme tels, même par leurs adversaires, Pierre MENDES FRANCE et Michel DEBRE, de bord opposé. Ils voulurent tous les deux abolir ce privilège. Le premier échoua et le second obtint satisfaction en concédant au très puissant lobby, capable alors de renverser des gouvernements et de menacer la République, l’application de l’abolition aux héritiers.

Toujours en matière d’habileté élevée au rang d’art, je citerais le Prince De TALLEYRAND dont je lis actuellement les mémoires.

Je me permets, ici, une légère digression, le lecteur voudra bien me pardonner. Dans le même temps je lis, par le plus grand des hasards, l’ouvrage de Patrick DE CALORIS consacré à la Letizia R. BONAPARTE, la mère de l’Empereur. Elle et l’abbé du Périgord, comme on le surnommait, étaient contemporains de mon aïeule Toussainte. La première raconte la jeunesse de son fils à Ajaccio et le second décrit ses premières relations, tout d’abord épistolaires, avec le général BONAPARTE. La suite va être passionnante…

Je referme ma parenthèse historico-littéraire.

L’Honnête homme Responsable politique doit avoir du sang froid. Nous avons vu que dans l’histoire de la Chloroquine, certains en avaient manqué terriblement. Cf Mon Blog du 3 Juillet : Florilège des déclarations des responsables politiques pendant la crise sanitaire.  

Mon expérience militaire en Algérie m’a révélé que le sang-froid était une qualité innée et que c’est souvent en situation de danger physique que l’on s’aperçoit si on la possède ou non. Avant d’accepter certaines lourdes responsabilités, il est indispensable de s’en assurer.   

L’Honnête homme doit tout entreprendre pour apaiser le débat public et éviter que le tissu social du pays ne se déchire. J’insiste là-dessus. Il est trop facile par pure démagogie, de dresser les français les uns contre les autres :  les commerçants contre les fonctionnaires, les ouvriers contre les patrons, les pauvres contre les riches, les habitants de la banlieue contre ceux du centre-ville…des jeunes et les forces de l’Ordre.

Actuellement, des responsables politiques inconscients encouragent à la désobéissance civile et cela est gravissime. Je m’étonne que la classe politique qui se veut responsable ne les condamne pas plus fermement.

L’Honnête homme doit tenir un langage qui soit fait d’équilibre et de mesure.

Certains hommes politiques camouflent leur instinctive lâcheté, leur désir immodéré de plaire, derrière une culture de l’approbation. Leur boussole est déréglée par les sondages.

« Je ne dis pas ce que je dois, c’est-à-dire ce que mon mandat m’obligerait à dire, mais ce qu’ils attendent ce que je dise. »

« J’ai raison puisque je plais. »

Ce devrait être le devoir constant d’un homme public : ne pas contribuer au mensonge, ne pas apporter sa caution – ou son silence- aux fantasmes, ni aux désordres de l’esprit. Mais au contraire, fut-ce à contre-courant, porter une parole neuve qui s’oppose à la complaisance des idées convenues. François LEOTARD*

Les lobbies et groupes de pression sont un mal nécessaire dans notre système démocratique où chaque groupe professionnel recherche à se protéger et à développer son influence, mais n’oublions pas que c’était déjà vrai sous l’Ancien Régime et même au Moyen Age avec les Corporations. L’Honnête homme ne doit pas être un instant leur obligé et ne pas hésiter à contrecarrer, si nécessaire, chaque fois que les revendications de l’une d’entre elles s’opposent à l’évolution favorable des choses. C’est parfois très difficile, j’en conviens, surtout quand vous avez été élu en partie grâce aux voix des membres de la dite Corporation. Mais c’est là où on reconnaît l’Honnête homme.      

Quand l’Honnête homme se trouve dans l’Opposition au Pouvoir en place.

Il est tout à fait dans son rôle de critiquer l’action du gouvernement quand celle-ci le mérite et de souligner, voire mettre en exergue, ses erreurs et ses lacunes. Par exemple, la pénurie de masques au début de l’épidémie bien que la faute incombât essentiellement aux responsables de l’Administration, mais les Responsables politiques sont responsables de leur Administration, ceux au Pouvoir comme ceux qui étaient avant eux.    

Encore que les critiques auraient dû prendre en considération la complexité d’une crise tout à fait inédite obligeant à prendre des mesures dans l’urgence et qui a entraîné inévitablement des   dysfonctionnements.

Un responsable politique honnête quand il est dans l’opposition doit s’interdire d’exprimer des opinions infondées.

La phrase tant entendue depuis 4 mois : « je ne suis pas médecin, mais je pense  que… »  ne peut pas et ne doit pas être prononcée publiquement par un responsable politique quel qu’il soit.

Un Responsable politique honnête doit davantage maîtriser son expression et s’interdire un vocabulaire outrancier, enfin prendre quelques précautions pour que ses déclarations ne se retournent pas contre lui un jour.

Il doit, dans certaines situations, réprimer son désir inconscient de noircir le tableau de la situation dans le seul but de nuire au gouvernement en place. Je comprends que c’est difficile d’apprendre des bonnes nouvelles pour son pays, sachant qu’elles réduisent vos chances d’accéder demain au Pouvoir.

Il y a enfin danger à être un opposant systématique, ce qu’explique très bien Raphaël GLUCKSMAN, philosophe et socialiste déclaré.

« A force d’exclure a priori que ses adversaires puissent avoir raison, on finit par ne plus penser. On se met en pilote automatique et on laisse celui que l’on combat dicter notre avis sur les choses ». 

Je veux ajouter que l’Honnête homme du 21ème siècle, responsable politique, qu’il soit au Pouvoir ou dans l’Opposition, doit avoir constamment les yeux ouverts sur le Monde.

Je citerai pour conclure un exemple ; celui de Jacques BARROT auquel j’avais consacré mon Blog du 7 Décembre 2014 que j’avais intitulé : Jacques BARROT, le parangon de l’Honnête homme en politique. *

Il fut Maire de sa commune d’Yssingeaux, Président du Conseil Général de son Département, La Haute Loire, plusieurs fois ministres sous Giscard et Chirac, enfin Commissaire Européen et Membre du Conseil Constitutionnel.

·     * Ce que je crois, aux éditions GRASSET

·      *Place de la République aux éditions LAFFONT

 

Dans le prochain chapitre, je traiterai de l’Honnête homme, Conseiller, médecin, avocat, ingénieur conseil…

 

·      *Le lecteur constatera que cela fait maintenant plusieurs années que je travaille sur le concept d’Honnête homme.