lundi 16 octobre 2017

Les riches méritent-ils d'être encore plus riches ?




Ce qu’ils seront demain avec la réforme fiscale qui prévoit la suppression de l’ISF non immobilière et une limitation des impôts (flat taxe) sur les revenus du capital.
Non ! Evidemment. Qui peut soutenir le  contraire, hormis les intéressés, encore que les plus honnêtes d’entre eux…
Disons le tout de  suite, cette réforme fiscale  n’est  pas justifiée ni socialement ni moralement et elle ne peut donc qu’ être très impopulaire, mais elle l’est économiquement.
La France, comme la majorité des pays développés a un modèle économique le pire, à l’exception de tous les  autres, pour paraphraser CHURCHILL quand il parlait de la démocratie.
Un modèle qui fait consensus dans la population aujourd’hui, quoiqu’on en dise, malgré sa mauvaise image. Les responsables politiques de gauche et de droite prônent les uns un peu plus d’intervention de l’Etat, les autres, un peu moins, mais pour l’essentiel, ils acceptent notre modèle économique de marché avec, certes, toutes ses imperfections, mais son efficacité indiscutable.
De quoi rêvent aujourd’hui les français ? d’être patron, leur propre patron. Parce qu’ils rêvent d’être libres. Ne jamais oublier que le libéralisme est consubstantiel à la liberté. La liberté sous toutes ses formes dont la liberté d’entreprendre.
Quel est le modèle économique de celui qui se veut le principal opposant au Pouvoir en place ?  Le collectivisme pratiqué au Venezuela avec les succès que l’on sait. Je reste ébahi qu’on écoute ce personnage, mais peut être dans notre société du spectacle, apprécie-t-on le showman. Un showman qui serait dit-on cultivé, mais certainement pas en économie.
La mauvaise image  de notre modèle économique s’explique pour trois raisons :
- 1/ La jalousie de beaucoup de  français vis-à-vis de ceux qui sont plus riches qu’eux, attachés qu’ils sont au principe d’égalité entre citoyens, tout en ne refusant pas les privilèges dont ils peuvent parfois  bénéficier ( paradoxe français bien connu et souligné autrefois par François  De Closet)
-2/ Le comportement de certains riches dépourvus de la moindre décence, et dont l’avidité pathologique est sans limites.  Ce qui faisait dire à Chateaubriand avec juste raison que « La trop grande disproportion des conditions et des fortunes a pu se supporter tant qu’elle était cachée… »
-3 /Les imperfections de notre modèle. Il y en a deux majeures, la première est qu’il laisse beaucoup trop de monde sur le  bord de la route et depuis trop longtemps et la deuxième  est qu’il  génère une catégorie de gens riches, parfois très riches. Phénomène aggravant : ce ne sont pas seulement les chefs d’entreprise, les créateurs, les artistes dont on peut considérer qu’ils méritent leur fortune, mais c’est aussi leur famille et leurs héritiers. J’aurai l’occasion dans un prochain article de parler  de ces derniers.
Les riches,  quand ils se considèrent comme trop taxés, du moins certains d’entre eux quittent le territoire français et cela  au détriment de l’économie nationale et de leurs concitoyens.
Le raisonnement du  gouvernement  est connu  : en les incitant à rester en France ou à revenir, ils investiront leur argent dans les entreprises françaises et permettront à ces dernières de créer des emplois et de ne pas être rachetées par des capitaux étrangers. Objectif prioritaire : résorber le chômage de masse que depuis des décennies aucun gouvernement de gauche comme de droite n’a réussi à faire.
D’où l’appel aux évadés fiscaux du numéro 2 du MEDEF, Geoffroy Roux De Bezieux, peut être futur numéro 1 :  «  C’est le moment de rentrer, c’est le moment d’investir ».
A partir de ce constat, comment convaincre les  français moyens et notamment les plus modestes qu’il faut détaxer les riches pour qu’ils le soient encore plus. C’est pourquoi tous les gouvernements ont  reculé devant  cette mesure. La taxation des signes extérieurs de richesse : yatchs, avions, chevaux et voitures de luxe qui ne rapporterait que 10 millions d’euros ne fera qu’atténuer légèrement le sentiment d’injustice ressenti par la grande majorité des français.

Mais oublions un instant  ce qu’ils gagnent, et demandons-nous plutôt ce  qu’ils font de leur argent.


Rappel de la parabole des talents
Dans la Bible, à deux endroits, chez les apôtres Mathieu 25 et Luc 19, Jésus relate l’histoire d’un homme qui, avant de partir en voyage, convoqua ses serviteurs et leur confia ses biens. Le premier reçut 5 talents, le second 2 et  le troisième 1, chacun selon ses capacités et avec l’ordre de les faire fructifier. Quand il revint, il demanda des comptes à chacun de ses serviteurs. Le premier lui remit 10 talents, le second 4 et le troisième, par peur de mal faire s’était contenté d’enterrer le talent qui lui avait été confié. Le maître félicita les deux premiers, tandis qu’il réprimanda durement le troisième et le chassa de sa maison.
Il faut entendre par « talent », non seulement l’argent ; Luc parle des mines du nom de l’ancienne monnaie hébraïque, mais  aussi  des dons innés.
Il faut retenir de  la leçon du Christ qui s’adresse à nous tous  ceci : ce n’est pas en enterrant nos ressources, nos dons, nos talents et les moyens dont nous disposons que nous pourrons améliorer notre condition et celle de nos semblables, mais bien en les développant et en les faisant fructifier. Les riches, eux, qui demain avec la suppression notamment de l’ISF seront encore plus riches doivent impérativement faire fructifier leur fortune au bénéfice de leurs concitoyens.
Il sera très intéressant dans les mois qui viennent et aussi très instructif sur leur mentalité de savoir ce qu’ils vont faire de leurs économies d’ISF ! Autre signe à surveiller : leurs dons aux œuvres caritatives exonérés en grande partie de l’ISF vont-ils diminuer au grand dam des organisations ?
Ce serait un comble. L’allègement des taxes sur les riches nuirait aux œuvres humanitaires ! Terrible effet pervers.
La question essentielle est comment doivent-ils pratiquer l’évergétisme* aujourd’hui pour gagner la confiance des citoyens et réconcilier définitivement ces derniers avec l’économie libérale. En passant, aider le gouvernement actuel accusé de collusion avec eux à convaincre l’opinion publique qu’il n’en est rien.

Dans mon prochain article, je tenterai de répondre à cette question.
  

 *L’évergétisme. Obligation faite aux riches dans les sociétés grecques et romaines de dépenser en contribuant  à la prospérité de la cité en contrepartie de la dette  qu’ils avaient contractée auprès des autres. Pour accéder aux magistratures suprêmes, ils devaient rivaliser avec d’autres candidats en se montrant les plus généreux pour leur permettre de gagner la confiance de leurs concitoyens.