dimanche 10 octobre 2021

Comment faire entendre sa voix quand on est modéré, même violemment.

 

Je me suis étonné de ma faible audience sur les réseaux sociaux, ayant la faiblesse de croire, bien entendu, que mes propos présentent quelque intérêt et pourtant j’aurais dû me rappeler deux expériences que j’avais vécues.

Pendant une campagne législative.

J’avais accepté imprudemment de débattre avec un candidat du FSU (qui serait surement aujourd’hui chez Melenchon) à la Bourse du Travail de Saint-Etienne. A peine avais-je eu le temps de me présenter qu’il prenait la parole pour ne plus la quitter, encouragé par une assistance qui lui était acquise, mes quelques supporters restant inaudibles. Je m’étais cru dans un salon alors que je me trouvais sur un ring. J’aurais dû interrompre mon adversaire et parler plus fort que lui. 

Lors d’une interview d’une chaîne de télévision.

Nous sommes au Jardin du Luxembourg. Je suis pressé par le journaliste, alors que son collègue nous filme au milieu des pigeons, de parler de la réforme de l’hôpital. Mes propos mesurés et nuancés sont trop longs pour lui. Il aurait voulu par exemple que j’affirme qu’il fallait nationaliser les cliniques privées ou au contraire privatiser l’hôpital public. Alors là j’aurais booster l’audience et j’aurais ensuite été souvent invité.

Les médias ont horreur de la nuance, seul l’excès fait force de loi.

Pendant la campagne de la primaire de la droite et du centre en 2016, Edouard Philippe raconte* :  Comme ils avaient signalé à un patron de chaine d’info qu’il n’y avait pas assez de partisans d’Alain Juppé invités sur les plateaux. On leur avait répondu ceci : « Oh, les juppéistes, ils parlent doucement, ils sont toujours nuancés, ça ne donne pas de bons débats ».

Les meilleurs débats pour les chaînes d’info, ce sont des oppositions virulentes entre des personnes affichant des positions radicales, c’est la provocation et la posture qui suscitent les réactions et permettent de poursuivre le débat auto alimenté, dit Edouard Philippe.

En France, comme en Espagne et dans d’autres pays européens, les extrémistes dominent la scène médiatique. Ce sont, qu’on appelle de bons clients pour les médias.

Alors nous pouvons nous demander comment se faire entendre pour se faire écouter quand on est modéré, même violemment comme disait De Tocqueville repris par Raymond Aron.

Difficilement à la Télévision et à la Radio, mais tout de même en forçant notre nature, dans certains cas comme les mensonges proférés par nos adversaires que nous devons savoir dénoncer avec force Cf Mon Blog du 27 Septembre 2021 : Aujourd’hui le mensonge politique ne devrait plus payer.

 

 

 


*Impressions et lignes claires aux éditions