dimanche 12 novembre 2017

Les riches méritent-ils d'être encore plus riches ? SUITE




Ce qui compte, ce n’est pas ce qu’ils  gagnent, mais  ce qu’ils font de leur argent !



Tout  d’abord une mise au point s'impose. Quand on parle des riches, qui sont-ils ? On pense tout de suite aux 100 premières (on parlait autrefois des 200 familles) qui vont gagner chacune en moyenne 582 380 euros par an selon le Ministère des Finances, grâce aux mesures fiscales annoncées.  Mais il y a tous les autres ! Selon l’Observatoire des Inégalités, est considérée comme riche toute personne qui possède un patrimoine supérieur à 370 000  euros, soit  10 % des français. Bien entendu, il faut tenir compte des revenus, on peut avoir un patrimoine de plusieurs centaines de millions d’euros et ne percevoir que le SMIC… Au contraire ne pas avoir de patrimoine personnel et avoir des revenus du triple ou quadruple du SMIC. Mais ce sont des cas marginaux, en règle générale, les revenus sont plus ou moins corrélés avec le patrimoine.


Pratique de l’évergétisme aujourd’hui.

L’exemple de Bill Gates

Créateur et ancien patron de Microsoft, il a décidé de consacrer plus de la moitié de sa fortune, méritée en grande partie par son talent, à une fondation dont les missions consistent à lutter contre les épidémies dans les pays sous-développés et à aider à la reconstruction des quartiers délabrés de grandes villes américaines où Donal Trump a recruté ses électeurs. Non seulement, il y consacre son argent, mais il s’y implique personnellement,  aidé par son épouse. De nombreux autres exemples pourraient être évoqués qui montrent que les riches américains, non seulement veulent donner leur argent, mais aussi de leur temps afin de  faire bénéficier les autres de leur expérience et de leur talent.

Le milliardaire Waren Buffett, lui préfère confier  ses  propres  fonds à d’autres fondations dont celle de Bill Gates, considérant  que les qualités qu’il a  pour gagner de l’argent ne sont pas forcément les mêmes pour le distribuer.

Les exemples d’évergétisme sont surtout américains pour plusieurs raisons :

-        La couverture sociale outre atlantique est beaucoup plus faible que chez nous, ce qui nécessite donc davantage de financements privés. Il ne faut pas être  grand clerc pour prédire que dans les prochaines années, l’Etat français diminuant ses aides pour des raisons budgétaires, le recours au financement privé devrait augmenter.

-        La liberté de disposer de sa fortune comme on l’entend, des Waren Buffett ne peuvent pas exister en France, à moins qu’ils n’aient pas d’enfants. J’en reparlerais quand je traiterais le sujet des héritiers.

-        Beaucoup de richissimes américains qui ont acquis leur fortune par des moyens très discutables, surtout aux siècles précédents, et qui les faisaient qualifier par certains de « barons voleurs »  ont eu besoin de s’acheter une respectabilité.  Gageons que les nouveaux milliardaires de Russie  et des pays émergents feront de même dans les prochaines années. 


C’est déjà bien, mais ce n’est pas suffisant.

Il faut que les riches, petits, moyens et grands, non seulement financent par leurs dons les œuvres humanitaires, mais ils doivent financer aussi  par leurs investissements en capital les entreprises  françaises, surtout   les moyennes pour leur permettre de devenir  des ETI ( entreprises de taille intermédiaire) dont le nombre insuffisant en France pénalise lourdement notre économie et notamment nos exportations.

C’est là où le gouvernement actuel les attend de pied ferme. Le but ultime étant bien sûr de créer des emplois et de rendre prospères les entreprises et  leurs salariés.  Certains parlerons de patriotisme financier. Pourquoi pas ! En attendant un patriotisme européen…plus tard.

Le vice rejoignant comme souvent la vertu, il y a de fortes chances qu’ils réalisent de fortes plus-values, sans courir de grands risques s’ils savent diversifier intelligemment leurs placements et risquent à terme d’être encore plus riches.

Autre exemple du vice qui rejoint la vertu : celui des artistes qui participant à des œuvres humanitaires comme les Restos du Cœur soignent leur propre image auprès du Public et parfois leur permet de promouvoir leurs ventes d’album ou la fréquentation de leurs spectacles…

Cela m’ amène à poser une autre question à laquelle je ne répondrais pas cette fois : comment limiter la tendance à ce que les riches le soient de plus en plus ?  mais il me vient immédiatement à l’esprit des pistes à explorer :  la chasse aux privilèges et aux monopoles de fait et les  héritages. 

En plus d’investir dans le développement d’entreprises françaises, les riches, petits et grands,   peuvent eux-mêmes améliorer l’emploi en  recrutant du personnel pour leurs besoins domestiques  en supposant qu’ils en trouvent bien entendu ( problèmes d’employabilité ; de formation, de mobilité et de motivation). Combien de personnes pourraient faire appel à des aides extérieures et qui ne le font pas ! Je pense à un ami qui a un jardin et ne l’entretient pas,  il  pourrait s’assurer l’aide d’un jardinier.  A un autre qui rechigne à conduire son automobile et pourrait recruter un chauffeur à temps partiel.

Comment inciter les riches ? voire les obliger à dépenser leurs fortunes pour de bonnes actions ?

Les exhorter à pratiquer le bien, est-ce suffisant ? Peut-être faut-il aussi les encourager à le faire, notamment  par des mesures d’incitations fiscales, comme elles existent déjà pour les dons aux œuvres humanitaires. Encore plus décisif à mes yeux serait d’instruire les étudiants surtout des grandes écoles et  des écoles de commerce. Dans ces dernières où j’ai moi-même enseigné  la finance, on devrait éduquer les futurs managers à leur responsabilité à l’égard de la société.

Il s’agit d’un test capital, sans jeu de mots, de sincérité des patrons devant l’opinion publique. Leurs représentants et leurs ardents défenseurs nous ont promis de créer des emplois si on les libérait des contraintes fiscales et sociales. Ils ont la chance (comme le gouvernement) de profiter d’une économie mondiale en expansion.  Ils n’auront donc aucune excuse s’ils ne réussissent pas.



CONCLUSION

Nous vivons dans un pays de tradition majoritairement catholique qui n’a pas l’argent en odeur de sainteté, et qui n’aime donc pas ceux qui en ont.  Les riches depuis la Révolution Française sont un repoussoir pour la majorité d’entre nous, dit Alain Duhamel . Chez nos écrivains de  Balzac à Zola, ils sont décrits comme des personnages antipathiques.

Il est indispensable qu’ils  se rachètent enfin aux yeux de ceux qui ne le sont pas. L’évolution favorable, me semble-t-il  de la mentalité des français envers le monde de l’entreprise devrait les y aider.   C’est à cette condition que notre système libéral pourra perdurer.