samedi 18 octobre 2014

L'acceptation du risque : Impressions de Londres


J’avais intitulé  mon article à mon retour de San Francisco : « Pour l’amour du risque », faisant ainsi allusion à une célèbre série télévisée américaine.
A mon retour de Londres, je préfère l’intituler simplement :  L’acceptation du risque, notamment pour les français qui y travaillent. Ils seraient actuellement 400 000. Les offres d’emploi y sont nombreuses et c’est pour cela que les français et d’autres ressortissants de pays étrangers s’y ruent. Cependant le risque qu’ils courent est de se retrouver sans emploi. En effet les indemnisations en cas de chômage sont très faibles quel que soit le montant du salaire perçu : 400 livres sterling par mois, soit environ 500 € (très  proche du RSA) et seulement sur une durée maximale de 6 mois. Etant donné le coût de la vie à Londres, il est indispensable de retrouver très vite un job, même si celui-ci ne correspond pas forcément à vos souhaits et le salaire à vos prétentions. Les français que j’ai rencontrés m’ont paru heureux et n’envisageaient pas de rentrer à la maison. Ils étaient optimistes. Il est vrai qu’ils étaient souvent jeunes et beaucoup d’entre eux  diplômés.

Le hasard a voulu que je sois arrivé  le lendemain de la visite de notre premier ministre venu déclarer sa profession de foi « pro business » dixit, dans la capitale de la Finance Internationale. Il souhaitait rassurer les chefs   d’ entreprise  britannique et les inviter à venir investir en France. Surréaliste, quand on se souvient  des diatribes de son Président contre son ennemi juré,  la Finance, et de celles, non moins virulentes, de son ancien collègue du gouvernement Montebourg contre les Patrons, notamment étrangers !  La Presse anglaise n’a pas manqué le lendemain d’ironiser sur la taxe à 75%, marque indélébile de ce gouvernement  et   de comparer non sans un certain plaisir : le taux d’augmentation prévue du PIB en 2014 : 0,4% pour la France et 3,2% pour la Grande Bretagne.
                         :   le taux de  chômage dans les deux pays :  10, 3 % dans le nôtre   contre 6,7 % pour le leur. Notre premier ministre a expliqué devant les journalistes que notre pays avait fait le choix d’un chômage  très important et très bien rémunéré. Notre pays, en fait nos dirigeants politiques successifs et nos syndicats.
Dans le  même temps la Presse  s’indignait de l’état déplorable du système de santé britannique à court de financement, le NHS, National Health Service  tandis que des infirmières en grève manifestaient devant BIG BEN.  La suppression d’au moins  500 000 fonctionnaires ces dernières années s’est fait sentir dans  le fonctionnement des services publics. Ce n’est pas l’austérité à la française!  Les listes d’attente  dans les hôpitaux  sont longues et  il faut être patient pour avoir un rendez - vous chez son médecin  . Là où il y avait parfois  5 médecins généralistes, il n’en reste plus qu’un.  Quand on est anglais on peut facilement s’expatrier et gagner plus d’argent que dans le Service National.

Les magasins sont ouverts le dimanche. Tout en déambulant – les magasins, même si on  n’ y entre pas pour faire des achats, nous exposent leurs devantures et animent la ville- j’ai repensé au sketch de Fernand RAYNAUD :  « Sunday Close »,  se moquant  de l’atonie de la vie dominicale d’alors où tous les commerces étaient fermés. Les temps ont décidément bien changé ! 
Je n’ai pas pu éviter de rencontrer des français ,alors que je voulais surtout améliorer ma pratique de la langue anglaise qui en a bien besoin, qui étaient  très   nombreux , surtout  concurrencés en nombre  par des italiens. C’est dans les transports en commun, les bus, que j’ai pu échanger dans la langue de Shakespeare avec d’autres passagers de différentes nationalités.

Les musées sont tous gratuits et il n’y a pas de queues interminables pour y accéder. Les taxis sont certes d’un confort sommaire, mais par contre  ils sont aisément accessibles. Un pass vous permet de prendre le bus, le métro et même la navette sur la Tamise.   Une légère appréhension nous saisit quand, nous devons  nous  restaurer en Angleterre. Les temps là aussi ont changé, la nourriture comme dans toutes les grandes métropoles s’est aujourd’hui  standardisée. Dans les restaurants nous retrouvons les mêmes plats qu’en France. Exception faite des célèbres Fish and Chips qui méritent d’être découverts. Les pubs  londoniens valent le détour. Le vendredi soir, ils débordent sur les trottoirs où la chope de bière à la main, les employés de la City, de Covent Garden et d’autres quartiers d’affaires de Londres  fêtent le début du  week- end. Ils évacuent ainsi leur stress disent-ils.
Le flegme britannique n’est pas une légende. Je l’ai rencontré alors qu’il pleuvait averse sur Saint James Park et que des messieurs habillés comme des lords stoïquement marchaient dans la rue et que les horse guards  immobiles sur leurs montures ne se laissaient pas un instant distraire par les facéties des touristes faisant des  selfies et ne modifiaient pas leur position d’un millimètre. La vie culturelle est intense et foisonnante. Les londoniens sont  fous de théâtre. Dans son livre JONSHON’LIFE OF LONDON* du maire actuel de La capitale, Boris Johnson, que je vous conseille de lire, il révèle  qu’ à l’époque de Shakespeare, sur une population de 200 000 habitants, le tiers de la population adulte assistait chaque mois à une pièce de théâtre.

Il n’est pas très agréable  de se retrouver souvent  à Trafalgar Square, centre névralgique de la ville  et   d’ emprunter  le  Waterloo Bridge après être passé près de la Waterloo Station . Pourquoi pas une Azincourt Street  ou un Fachoda Park, mais peut être existent-ils ?  Il n’est pas non plus très plaisant de voir et entendre les français tourner en ridicule par des comédiens sur la scène d’un théâtre londonien  se moquant de  la pièce « Les Misérables » (qui tient l’affiche à Broadway depuis  de très nombreuses années) sur l’air de « C’est magnifique ! ». Mais certainement que la grande majorité des français touristes ou résidents ignorent Trafalgar, Waterloo ou Azincourt comme ils n’ont jamais entendu parler de Fernand Raynaud.  Cette franche rivalité entre nous et les anglais remonte très loin dans le temps.  Boris Johnson, toujours dans son livre  sur Londres,  raconte que Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, sacré roi d’Angleterre en 1066 ne parlait pas l’anglais et que le français fut imposé et utilisé par les classes dirigeantes pendant au moins trois siècles. On utilisait alors le mot anglais pour parler d’un animal à la ferme dont s'occupaient les paysans  et le mot français pour cet animal  cuisiné pour les classes dirigeantes ; ainsi pour la vache,  cow et beef  ou pour le porc   pig et  pork.            

A la télévision, indispensable à regarder si on veut apprendre la langue du pays, - je conseille de faire apparaître au bas de l’écran en appuyant sur le bouton « subtitles » les paroles écrites  en anglais destinées aux malentendants et qui nous aident à  nous jouer des accents et des prononciations - les principales informations en boucle concernaient l’épidémie Ebola et surtout la victoire électorale dans la circonscription de Clacton, station balnéaire située à une centaine de kilomètres à l‘est de Londres,,  du Front National anglais, l’ UKIP, United Kingdom  Independance  Party. Lequel combat deux adversaires, l’Europe (et à travers elle la mondialisation) et l’Immigration.  De  nombreux reportages également sur le Congrès du  Parti Liberal - démocrate, notre UDI. Qui veut continuer à exister et à faire ou défaire des majorités, soit avec les conservateurs comme aujourd’hui, soit avec les socialistes peut être demain. Egalement sur  le projet de taxation des « manshions »  des demeures  d’une valeur supérieure à 2 000 000 £. Les débats sur ce sujet rappelant beaucoup ceux que nous avons connus  lors de l’instauration chez nous de l’ISF.
On le voit, beaucoup de points communs entre nos deux pays, mais une différence essentielle, une plus grande acceptation des risques, une plus grande liberté d'entreprendre chez nos amis anglais  et partant un plus grand dynamisme. Quant à la ville de Londres,  elle-même qui n’est pas l’Angleterre comme Paris n’est pas la France, elle est très séduisante à bien des égards,  elle mérite d’être découverte et certainement qu’une visite de seulement quelques jours  ne suffit pas.     

 *chez Harper Press

 

 

Correction sur mon dernier article


 Il fallait bien entendu  lire NOW et non pas KNOW

Avec toutes mes excuses pour cette regrettable faute d’orthographe.

dimanche 5 octobre 2014

DO IT NOW !



Quand  j’ai ouvert mon blog  le samedi 25 Janvier, en préambule, j’ai tenu à dire que j’étais atteint d’une pathologie chronique   : la « conseillite » dont on ne guérit pas et qui comme l’arthrose ne peut  qu’ empirer  au fil des ans. Cette affection consiste à donner des conseils pratiques aux gens, même quand ceux-ci ne vous les demandent pas.
Il y a quelques années, j’avais écrit un éditorial dans la Lettre d’IFRHOS  qui s’intitulait déjà : Do it now. Je reprenais le mot d’ordre à l'adresse de ses 13 000 collaborateurs  de la femme alors  la mieux payée des Etats Unis, Linda WACHNER , Pdg de la firme WARNACO .  Mon propos s’adressait à mes lecteurs, responsables hospitaliers que je pressais de ne point lanterner dans plusieurs domaines, leur  rappelant que l’Histoire avait toujours donné raison à ceux qui avaient su dans le passé agir le plus vite.
Il s’agissait pour eux de décisions stratégiques à prendre qui ne nécessitaient pas de réflexion supplémentaire de leur part. Il fallait simplement passer à  l’acte sans tarder dans un univers concurrentiel  et un environnement règlementaire instable qui étaient les leurs.
Cette fois-ci, je ne m’adresse pas à ceux qui  procrastinent  en remettant toujours  à plus tard ce qu’ils pourraient faire  immédiatement. Leur comportement, s’il n’est pas temporaire,  est souvent pathologique et mérite même d’ être  soigné. Nous en connaissons tous au moins un dans notre entourage.
Je ferai cependant  une exception dans le cas de la décision désagréable à prendre que la très grande majorité des gens préfèrent toujours repousser à plus tard. Il s’agit le plus souvent de dire non, d’ être désagréable avec quelqu’un et parfois lui faire de la peine. Jeune banquier, je me suis retrouvé très vite  à devoir annoncer à un client que sa demande de prêt (souvent  capitale pour lui) était refusée. Un client avec qui j’avais noué le plus souvent des liens de confiance et qui m’était sympathique. J’avais peur de lui téléphoner pour lui communiquer la mauvaise nouvelle et quand il  m’appelait je me cachais derrière mon téléphone, je lui faisais répondre par la secrétaire que j’étais absent ou occupé avec un autre client et  que je le  rappellerai. A l’époque nous avions la chance d’avoir des secrétaires qui nous étaient indispensables. J’étais très mal à l’aise. Puis un jour, mon patron m’avait  expliqué que la seule solution à prendre était d’appeler le client aussitôt connue la décision. Dès lors, je n’avais  plus connu ces heures et parfois ces  journées angoissantes.          
Je ne m’adresse pas non plus à ceux qui  précrastinent – je m’excuse, ces mots sont pas agréables à lire, encore moins à prononcer, mais je n’en ai pas d’autres à ma  disposition –Ils  agissent, au contraire, toujours le plus tôt possible, de crainte d’être mal jugés par les autres et ils veulent se montrer à tout moment hyperactifs. Ils se stressent inutilement et Ils risquent surtout de ne plus maîtriser leur temps, et d’en être les esclaves.
Aujourd’hui, je voudrais parler de  l’ application  de ce mot d’ordre non pas dans  la vie professionnelle, mais dans la vie privée, en constatant  que : ce que nous ne faisons pas tout de suite, nous risquons de le faire trop tard, voire de ne jamais le faire.
Mon conseil : Do it  now, Faites le maintenant,  concerne tout le monde. En dehors des tâches  programmées et planifiées comme certains rites, nous  avons tous dans notre vie privée des coups de fil à passer, des réponses à donner et de multiples tâches domestiques à accomplir avec plus ou moins d’entrain.  Des tâches secondaires que certains spécialistes de gestion du temps préconisent, après les avoir identifiées.de reporter  contrairement aux tâches importantes.
Le risque de différer des actes au prétexte qu’ils sont secondaires est de les oublier ou tout simplement de ne plus oser par la suite les  accomplir. Il y a bien entendu de nombreux actes quotidiens qui sont concernés, mais je   pense surtout à vos rapports avec les autres. Si un ami, une relation vous demande une information, une explication à la suite d’un désaccord qui n’est peut- être qu’un malentendu,  si vous laissez passer trop de temps, vous n’oserez plus lui répondre. C’est ainsi que l’on perd des amis.

Depuis quelques années en m’appliquant chaque jour ce précepte  j’ai pris l’habitude de réagir rapidement, par exemple quand je pense à quelqu’un, je lui téléphone dans la journée et s’il m’adresse un mail  je ne tarde pas à lui répondre.  J’ai gagné en efficacité – exécuter une tâche avec retard prend plus de temps -  j’ai l’esprit beaucoup plus libéré qu’autrefois en chassant de mon esprit les regrets  et parfois les remords de ne pas  m’  être  exécuté à temps.
Faites comme moi ! Vous verrez, vous ne le regretterez pas.