samedi 23 avril 2022

Souvenirs d'étudiant

 

Quand j’étais élève à l’ Ecole Supérieure de Commerce, devenue l’ EM Lyon.

Les juifs et les noirs 

Nous étions en 1959. Pendant un cours dont je ne me souviens plus du thème je me trouvais assis à côté de mon camarade Konate. Celui-ci, n’étant pas plus que moi, captivé par les paroles du prof en chaire, vint à me parler naturellement de son pays, la Guinée, et de sa famille. Il m’apprit qu’il était juif et que sa famille avec d’autres familles juives continuait à tenir le commerce entre la Guinée et la Côte d’Ivoire, malgré la rupture des relations diplomatiques entre ces deux pays l’année précédente.

Je fus très étonné de découvrir qu’il puisse exister des juifs noirs. Personne ne m’en avait jamais parlé. Mon niveau culturel était très faible, sinon je me serais rappelé des aventures du roi Salomon et de la Reine de Saba… Encore que le Yémen et l’Ethiopie étaient très éloignés de la Guinée.

A la sortie de la classe, je descendis dans la cour de l’école et au milieu des autres camarades, c’était la récré de milieu de matinée, je fis part de ma découverte étonnante pour moi. “ Vous savez que notre ami Konate est juif ! “m’écriai-je.

C’est alors que surgit un camarade, juif séfarade au sang chaud, qui se jeta sur moi pour me casser la figure. Heureusement des âmes compatissantes s’interposèrent pour le calmer et lui faire comprendre que ma réflexion n’avait rien d’antisémite. Dieu merci, car mon agresseur était beaucoup plus costaud que moi.

Avec du recul, je pense que j’aurais pu faire part de la nouvelle plus sobrement. Mais cela n’avait pas choqué Konate, bien au contraire, car nous devînmes de très bons camarades. Une fois lors d’une fête au Palais d’Hiver, il m’avait confié sa voiture que j’avais eu quelque peine à conduire et à mener à bon port. Pas une simple 2 CV d’étudiant comme en avait quelques camarades qui m’offraient toujours une place pour aller à midi au resto universitaire, non, une belle voiture rutilante noire dont je me rappelle seulement la marque SIMCA. (Moi je circulais d’habitude en Vespa pour aller chaque soir encaisser à Villeurbanne des primes d’Assurance sur la Vie de la Compagnie La Populaire).