dimanche 11 février 2018

Quand j'étais Prof dans une école de Commerce...




 Comme on ne m’avait  pas  appris  les commandements d’un patron (un bon patron) vis-à-vis de ses salariés et de son environnement,  comme je les ai décrits dans mes derniers articles, je n’ai pas pu, à mon tour,  les enseigner à mes élèves. Néanmoins, j’ai voulu leur faire découvrir, successivement, deux  autres approches de l’entreprise :

-        Sa création comme outil pédagogique

-        Sa finalité autre que celle du  profit.

J’avais tout d’abord   repris un cours sur le financement des entreprises qui était auparavant dispensé par un banquier de  la Place de Lyon.  Ce qui ne passionnait pas les élèves de troisième année qui avaient choisi cette option, pas plus que leur prof, d’ailleurs.  Il s’agissait essentiellement de passer en revue tous les types de financement existants.

Dans toute ma carrière d’enseignant, d’animateur de séminaire ou de conférencier, je me suis toujours fait un point d’honneur à intéresser mon auditoire, à défaut de la captiver, et ce n’ était pas toujours chose aisée quand je devais inculquer l’italien commercial à des jeunes filles en pleine somnolence post prandiale ou des contrats d’assurance à des jeunes gens pas encore tout à fait réveillés le samedi matin. J‘étais obligé de faire traduire par les premières une scène du Guépard de LAMPEDUSA adapté à l’écran par VISCONTI  et pour les autres leur parler des seins de Gina LOLLOBRIGIDA assurés par la LLYOD de Londres.   

Nous étions en France  dans les années 70 très influencés, moi le premier, par l’Université d’HARVARD qui était notre modèle. Plus tard quand je la visiterai à Boston, je serais très fier de m’asseoir sur les bancs de la bibliothèque où KENNEDY et bien d’autres hommes politiques et intellectuels américains usèrent leurs fonds de culotte. J’avais appris que 30 % des élèves à la fin de leurs études créaient leur entreprise. Je lançais alors, avec l’accord de la direction de l’ Ecole  Supérieure de Commerce, devenue maintenant l’  EM Lyon,  un cours sur la création d’entreprise.

Cependant, je rencontrais l’opposition de mes collègues professeurs,  notamment celui de marketing, qui affirmaient  en chœur que les élèves devaient aller se former dans une entreprise avant de créer éventuellement la leur. Pourtant j’expliquai à mes détracteurs que le but de mon cours n’était pas forcément d’inciter les élèves à créer leur entreprise, encore que certains le firent pendant leurs études, mais de leur apprendre l’ensemble des  mécanismes de son fonctionnement  .

Quand à la fin du mois, votre banquier refuse d’assurer la paie  de vos employés, vous vous posez brutalement toutes les bonnes questions : pourquoi vos entrées d’argent sont insuffisantes : simple problème de retard exceptionnel de paiement d’un  de vos clients ou plutôt des  facturations trop faibles, et en ce cas pourquoi : le nombre de vos clients trop faibles, le prix de vos produits ou services et/ou encore vos charges trop lourdes. Si le nombre de clients est en cause, votre agressivité commerciale est-elle insuffisante et/ou vos produits ou service pas assez compétitifs…Ce qui vous oblige à toujours rechercher la cause de la cause. C’est comme cela que vous devez  appréhender très vite et en profondeur les mécanismes de fonctionnement et leurs différentes interactions.

Plus tard l’enseignement de la création d’entreprises avec les business-game fut repris par HEC puis par d’autres écoles et aujourd’hui la formation à la création d’entreprise s’est banalisée.

J’ appris à cette occasion qui ne fut pas  hélas la seule, qu’il ne servait à  rien d’avoir raison trop tôt. Cela est inutile et surtout très frustrant.

Toujours à HARVARD, nombreux étaient les  élèves qui, à leur sortie intégraient  des « non profit organisations », des entreprises à but non lucratif. Comme, parmi mes clients de conseil hospitalier, je comptais des hôpitaux et des cliniques privés,  très souvent gérés par des Congrégations Religieuses, tout naturellement, je créais un cours sur la gestion hospitalière. J’ avais  à ma disposition de très nombreux études de cas réels.  Je n’avais pas besoin de les inventer. Mon objectif, outre celui d’ apprendre à mes étudiants le fonctionnement d’une entreprise à but non lucratif, était de leur trouver des débouchés en  créant une passerelle entre L’Ecole Supérieure de Commerce et l’ Ecole de Santé de Rennes censée  former les futurs directeurs d’hôpitaux publics. Mon expérience ne dura hélas qu’une année, la direction de l’Ecole prétextant, pour ne pas la renouveler, que  les Hôpitaux Publics ne versaient pas de taxe d’apprentissage, source essentielle de financement des Ecoles de Commerce !

Une occasion fut ratée de former de véritables managers d’hôpitaux publics et privés. L’Ecole de Santé de Rennes formant surtout des administrateurs compétents en droit sanitaire et social.

J’ajoute que ma collaboration avec l’Ecole Supérieure de Commerce se poursuivit avec la mise en place d’un partenariat entre elle et ma société pour développer la formation de cadres des cliniques privées, qui elles, étaient assujetties à la taxe d’apprentissage.