samedi 2 août 2014

JAURES, Un rare intellectuel qui ait compris l' âme patronale



Au moment  où la  France célèbre, à un jour d’intervalle, dans une belle unanimité un peu suspecte de la classe politique, le début de la première   guerre mondiale et le centenaire de la mort  de celui qui ne put malgré tous ses efforts l’empêcher, il est opportun de rappeler à  ceux qui  l’  ignorent  comme à ceux qui voudraient l’ignorer,  que Jean JAURES fut le plus  brillant  des avocats de la cause entrepreneuriale.
Pour preuve, il écrivit ceci  * :
«  Lorsque les ouvriers accusent les patrons d’être des jouisseurs qui veulent gagner beaucoup d’argent pour s’amuser, ils ne comprennent pas bien l’âme patronale. Sans doute, il y a des patrons qui s’amusent, mais ce qu’ils veulent avant tout, quand ils sont vraiment des patrons, c’est gagner la bataille. Il y en a beaucoup qui en grossissant leur fortune, ne se donnent pas une jouissance de plus ; en tout cas, ce n’est point surtout à cela qu’ils songent. Ils sont heureux quand ils font un bel inventaire, de se dire que leur peine ardente n’est pas perdue, qu’il y a un résultat positif, palpable et que de tous les hasards, il est sorti quelque chose et que leur puissance d’action  est accrue. »
Qu’ajouter un siècle plus tard à cette définition de l’âme patronale, sinon que les vrais patrons dont ils parlent, sont aujourd’hui très nombreux : l’artisan, l’artiste non subventionné, le commerçant et le membre d’une profession  libérale non protégés par des exclusivités  ou un numerus clausus, des chefs d’entreprise et des agriculteurs. Par contre ceux qui s’amusent comme il dit, surtout avec l’argent des autres, notamment l’argent public, ont proliféré. Le drame, c’est qu’ils sont tous défendus par un seul syndicat patronal et qu’en face, les syndicats ouvriers dans un amalgame facile et  commode confondent les premiers avec les seconds, soutenus en cela par des hommes politiques, étrangers au monde de l’entreprise qui ne s’adressent à ses chefs  que les veilles   d’élections et des intellectuels qui, contrairement à Jean Jaurès,  n’ont même pas essayé de comprendre l’âme patronale.


* Dans la Dépêche de Toulouse du 28 Mai 1890 et sous le titre «  Les misères du patronat » repris par le magazine Histoire et que je cite dans «  Mérites tu vraiment ton salaire ? »  

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