dimanche 13 décembre 2020

L'Honnête homme et femme d'influence

 

Nous examinerons successivement les leaders d’opinion dont les intellectuels, les économistes et autres experts, les gens célèbres et les religieux.

Les leaders d’opinion. Les intellectuels.

Ce sont des personnes qui influencent des décisions d’achat grâce à leur capacité de conviction que leur donne leur notoriété, leur expertise et leur présence dans les différents médias. Ainsi des professeurs de médecine connus, chefs de service hospitaliers renommés qui se prononcent favorablement sur un nouveau médicament et permettent à un laboratoire pharmaceutique d’en réussir le lancement.

Les leaders d’opinion sont aussi des personnalités dont les analyses et les prises de position peuvent influencer le point de vue, la façon de penser, voire le jugement de ceux qui les lisent ou les écoutent. Parmi eux, nous trouvons des responsables politiques, des éditorialistes, des leaders syndicaux, des patrons de grandes entreprises, mais surtout des intellectuels qui parfois tiennent une rubrique régulière dans la Presse. Ces derniers diffusent leurs idées le plus souvent par l’intermédiaire d’ouvrages qu’ils commentent lors de leurs campagnes de promotion.

L’Honnête homme et femme d’influence doit avoir toujours présent à l’esprit que son lecteur ou son auditeur se sentant en totale confiance avec quelqu’un qu’il considère comme bien supérieur à lui - plus intelligent, plus instruit et mieux informé - prendra pour argent comptant ce qu’il dit. Sa responsabilité est par conséquent très grande, proportionnelle à son audience.
 

C’est pourquoi, il prendra soin de n’avancer ses arguments qu’avec prudence et saura, s’il le faut, faisant taire son égo, reconnaître ses erreurs, ce qui le grandira. Pensons à tous ces intellectuels de gauche qui vantaient les systèmes communistes, qui s’étaient entichés notamment de la révolution cubaine et se rendaient sur l’île comme en pèlerinage et ne se sont jamais excusés, ou pour dire, comme Jean Paul Sartre, qu’il ne fallait pas désespérer Billancourt, autrement dire ne pas dire la vérité aux ouvriers. Aucun d’eux n’était un Honnête homme et pire, ils étaient, quand on y réfléchit bien, de dangereux individus, malgré tous leurs talents. 

Aujourd’hui en cet automne 2020, dans la grave crise sanitaire que nous traversons, ceux qui par exemple, mettent en doute l’action du gouvernement comme un certain philosophe dont j’aurai la charité de taire le nom allant jusqu’à insinuer qu’il agit sous les ordres des laboratoires pharmaceutiques sont tout aussi coupables.

Comme le faisait remarquer très justement l’excellent journaliste qu’était Georges Suffert* la différence entre le pouvoir politique et le pouvoir intellectuel est que le premier doit répondre de ses actes, au moins devant le suffrage universel, tandis que le second n’a jamais à répondre des siens. Les premiers peuvent perdre le pouvoir, le second garde et élargit sans cesse le sien.

 Les économistes et autres experts.

S’il y a des personnes qui devraient reconnaitre leurs erreurs, ce devraient être les économistes qui se sont souvent trompés.  Les erreurs peuvent être des erreurs de prévisions, des erreurs d’analyse dont des erreurs factuelles, des erreurs de diagnostic, voire, plus graves encore, des erreurs de raisonnement et de jugement.

L’Honnête homme économiste n’omettra pas de prendre en compte le comportement humain dans ses prévisions, contrairement à beaucoup d’économistes qui se fondent uniquement sur des critères de sciences physiques.

L’Honnête homme économiste fera tout pour conserver son indépendance et ne pas perdre son sens critique, refusant d’être des conseillers d’organisation politique, de grandes entreprises ou de banques. Il devra rester humble et savoir reconnaitre les limites de la science. Keynes, cité par Michel Camdessus, ancien patron du FMI aurait dit à ses petits-enfants : "je souhaite qu'ils soient comme mon dentiste, aussi humbles et professionnels ".

Il devra s’extraire de son jargon et tenter de s’exprimer d’une manière intelligible pour les non économistes.

Il devra essayer de se mettre d’accord avec ses confrères de la même discipline pour éviter le cafouillage auquel ses concitoyens assistent et qui entraine certains vers un rejet dangereux de la science et les jettent dans les bras des complotistes.

Ce que nous vivons aujourd’hui avec la crise sanitaire et la cacophonie produite par les soi-disant experts qui a envahi les stations de radio et les plateaux de télévision.

Enfin il évitera de donner son avis sur des sujets hors de sa compétence, ce que l’on voit trop souvent aujourd’hui. Phénomène accentué par la médiatisation à outrance.

S’il est expert dans un domaine, il se gardera bien de formuler des prédictions, sinon qu’avec d’infinies précautions et beaucoup d’humilité.

Les gens célèbres, les peoples

Leur responsabilité est très grande, proportionnelle à leur notoriété, vis-à-vis de ceux qui les écoutent. Ils peuvent apparaître comme des modèles, surtout chez les jeunes et ils ne doivent pas dire n’importe quoi.

Si un Honnête homme se trouve parmi eux, - je ne pense pas qu’il y en ait beaucoup - il évitera de porter tout jugement sur des sujets qu’il ne connaît pas.

Par ailleurs, comme l’avait bien dit Fabrice Lucchini parlant des acteurs, " ils doivent respecter un droit de réserve, de non obscénité parce qu’ils ne vivent pas les problèmes des gens, ils doivent assumer leurs privilèges et se taire ou tout donner à Emmaüs." Plus simplement, ils doivent rester discrets et décents.

Les religieux

La désertion des églises par leur fidèle est due certainement en partie par la vacuité des sermons qui y sont prononcés. Romano Prodi, ancien chef du gouvernement italien appelait, quand il était en fonction, au secours l’église catholique pour lutter contre la fraude. « Un tiers des italiens fraude lourdement le fisc. Saint Paul exhorte à l’obéissance aux autorités. Pourquoi ce thème n’est jamais évoqué dans les homélies ? s’étonnait-il.

L’Honnête homme religieux doit dans ses sermons apprendre à ses ouailles ou leur rappeler la doctrine franciscaine après l’avoir lui-même correctement assimilée. Chacun doit savoir ce qu’il est bien de faire et de ne pas faire et selon quelles modalités il peut s’approprier l’usage des biens terrestres. Il doit affirmer haut et fort que le commerçant, le chef d’entreprise qui par son travail fait fructifier son capital, est à féliciter car il contribue à améliorer la vie de ses concitoyens. Par contre celui qui thésaurise et ne fait pas fructifier ses biens est à désapprouver, comme nous l’enseigne la Parabole des talents.

 

 

*Les intellectuels en chaise longue aux éditions Plon.

 

 

 

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire