vendredi 25 décembre 2020

L'Honnête homme et les autres. Première partie

 

Nous examinerons ce que l’Honnête homme du 21ème siècle doit apporter aux autres, aussi bien dans ses relations de travail que dans ses relations familiales et sociales et comment il doit se comporter avec eux.

Ce qu’il doit leur apporter

1/Leur faire profiter de ses compétences et de ses talents, s’il en possède.

Dans le chapitre sur l’Honnête homme et le travail, j’ai cité Laurent TERZIEFF qui nous conseillait de se regarder dans une glace et de se poser la question de savoir si on avait un don et ce qu’on pouvait apporter aux autres.

L’Honnête homme à la retraite.

A-t-on le droit de laisser dépérir ses compétences, le jour où l’on a décidé de prendre sa retraite professionnelle ou l’on en a été obligé, et priver ainsi la Société de ce qu’elles peuvent encore lui apporter.  Comment doit agir l’Honnête homme dont les compétences ne sont pas obsolètes, bien entendu, ce qui est le plus souvent le cas tout au moins dans les premières années de sa cessation d’activité. 

Les artistes et les intellectuels ont l’insigne avantage de ne pas se poser la question. Ils travaillent généralement jusqu’à leurs derniers jours. J’avais beaucoup aimé la réponse du célèbre historien Marc FUMAROLI, âgé de 88 ans, décédé récemment, qui dans une interview confessait qu’il souffrait beaucoup, mais qu’il avait encore deux ouvrages à terminer avant de se reposer définitivement.

Pour les autres, la réponse est moins évidente. Chacun doit rechercher comment faire bénéficier ses compétences à ceux qui en ont le plus besoin en dehors de l’entreprise où il ne peut plus les exercer. Par exemple, les apporter à des associations d’aide à la création ou à la reprise d’entreprises qui font appel à des anciens cadres à la retraite.

Nous pouvons penser aussi à enseigner, à témoigner de notre expérience de bien des manières. Je tiens à préciser que je ne m’adresse pas uniquement à des cadres.  Un ouvrier, un artisan, un agriculteur sont aussi bien concernés et même davantage car ils ont parfois beaucoup plus à transmettre qu’un juriste ou un comptable.

 

2/ Leur être utile

Les aider à découvrir leurs talents qu’ils ignorent parfois et leur permettre de les développer.

Nous devons en conscience nous poser la question, aussi longtemps que nous sommes en activité, de notre véritable utilité au service des autres et de la Collectivité et même quand nous sommes en retraite, comme nous l’avons vu.

L’Honnête homme tâchera d’améliorer son utilité au service des autres, s’il est, par exemple, simple employé dans l’Administration, en développant des activités bénévoles qui sont innombrables, de l’aide aux personnes âgées et handicapées à celle aux chômeurs en passant par l’assistance aux populations des pays en voie de développement. Je développerai ce dernier point, aujourd’hui très important, ultérieurement.

L’Honnête homme privilégiera toujours les activités où il peut utiliser ses compétences, par exemple, un chef du personnel assistera des demandeurs d’emploi, ou un publicitaire leur apprendra à se vendre. Ce qui ne leur interdira pas à l’un et à l’autre de distribuer des repas aux Restos du Cœur le jour de Noël…s’ils n’ont pas de fête de famille ce jour-là.

3/ Leur faire profiter de son savoir,

Il faut accepter impérativement de partager son savoir.

Dans la famille, cela peut paraître évident. Faut-il encore que deux conditions soient réunies. La première est que l’Honnête homme, père ou mère, y consacre suffisamment de temps. La deuxième est que les enfants essentiellement, mais aussi parfois le ou la conjointe y soit réceptifs. Ce qui n’est pas toujours le cas.

Dans l’entreprise, c’est parfois difficile car pour certains cadres, le savoir, c’est le pouvoir, et il ne faut donc pas le partager. En tant que patron d’une société de conseil, j’ai eu de nombreuses difficultés à faire circuler l’information entre mes collaborateurs ingénieurs. Les plus réticents étaient les moins sûrs d’eux qui craignaient de perdre leur poste et/ou leur prestige aux yeux des collègues et du patron, voire auprès de nos clients.

4/ Les former

Sur le lieu de travail. Les stagiaires ou les personnes en formation en alternance. Il faut davantage penser à ce que nous pouvons leur apporter plutôt que ce qu’ils peuvent apporter à l’entreprise. Cela est vrai aussi pour les apprentis. Il n’est pas donné à tout le monde d’aimer former les autres et d’avoir les qualités pédagogiques pour cela. Mais l’Honnête homme, lui, se fera un devoir de former toute personne dont il a moralement la charge, qu’il soit un simple stagiaire ou un jeune collaborateur Il acceptera même de prendre le risque, dans certains cas, que son élève dépasse un jour le maître.

Comment il doit se comporter avec eux.

Dans les 3 chapitres qui leur étaient consacrés, j’ai déjà parlé des relations de l’Honnête homme :  Avec ses enfants quand il était chef de famille, avec ses élèves quand il était professeur, avec ses collaborateurs quand il était chef d’entreprise, mais aussi ses fournisseurs, avec ses patients quand il était médecin, avec ses lecteurs ou auditeurs quand il était journaliste, enfin ses clients quand il était conseil et ses électeurs quand il était Responsable politique.

Dans ses relations avec les autres d’une manière plus générale, l’Honnête homme doit se montrer sévère, même s’il doit forcer sa nature, mais avec bienveillance. Il doit être attentif, ne pas leur cacher la vérité, sauf dans des cas très précis. Etre irréprochable et même si possible exemplaire.  Il doit enfin être généreux avec eux chaque fois qu’il le peut.

Sévère et bienveillant

Nous pouvons prendre comme exemple en cet automne 2020, le port du masque, le respect des gestes barrières et la vaccination contre le virus. L’Honnête homme doit désavouer tous ceux qui s’affranchissent de ces précautions mettant leur vie et surtout celle des autres en danger ainsi que ceux qui minimisent l’épidémie quand ils ne la nient pas tout simplement.

Il doit être même intransigeant vis-à-vis de ceux qui fraudent, qui trichent, qui mentent. Cela fait beaucoup de monde… mais il ne doit pas être un instant leur complice involontaire en se taisant. Toute complaisance à leur égard est coupable. Nul doute que la passivité de ses concitoyens, les uns par je-m’en-foutisme, les autres se reposant entièrement sur l’action des Pouvoirs Publics, Police et Justice, encouragent de fait les malfaisants.

Dans un de mes Blogs intitulé « Autorité, je chéris ton nom » je plaidais pour l’exercice sans jamais faiblir de cette dernière. Mais attention !  Je précisais qu’elle devait être   accompagnée de bienveillance.

Une scène du film « Les Arnaud » illustre parfaitement, à mes yeux, la conception que nous devrions avoir de l’autorité.  BOURVIL est un juge pour enfant qui a pris sous sa protection presque filiale un étudiant interprété par Salvatore ADAMO. Celui-ci commet un crime. BOURVIL le convoque dans son bureau. Une fois devant lui, sans lui faire le moindre reproche, sans proférer le moindre mot, il le gifle puis il l’embrasse. Plus tard il l’adoptera pour l’aider à surmonter ses années de prison, juste punition de son forfait.

Dans un des 3 chapitres que j’ai consacré à L’Honnête homme Professeur, j’ai   raconté combien j’avais été profondément choqué de voir au lycée les meilleurs professeurs chahutés par des groupes d’élèves qui s’amusaient à perturber leurs cours, sous les yeux des autres élèves dont je faisais partie qui, lâchement, les laissaient faire, ce dont j’avais encore honte aujourd'hui.

Si comme Paul ELUARD nous devons chérir la liberté, il nous faut aussi, pour en jouir pleinement, chérir l’autorité, une autorité avec bienveillance.

Je cite à l’appui le grand romancier Stefan SWEIG : "Cet antagonisme entre la liberté et l’autorité, toutes les époques, tous les peuples, tous les penseurs l’ont connu. Car la liberté est impossible sans une certaine autorité, sous peine de dégénérer en chaos"

Dans la deuxième partie, nous verrons les autres aspects du comportement que doit avoir l’Honnête homme avec les autres.

 

 

 

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