vendredi 24 juillet 2020

L'Honnête homme Professeur, troisième et dernière partie




Nous avons vu successivement dans les deux premiers chapitres les conditions dans lesquelles il devait exercer son métier et ce qu’il devait enseigner à ses élèves quand il était professeur des écoles, à savoir :
-La liberté et la responsabilité, la solidarité et la réciprocité,
-Le gout du travail et sa vertu. 

Découverte des lieux du travail. Celui de l’entreprise.
L’enfant doit découvrir très jeune le monde de l’entreprise où il a beaucoup de chance plus tard de vivre et de s’y épanouir. Certes, il sera peut-être plus tard enseignant ou fonctionnaire, mais même dans ces cas, la connaissance de l’entreprise et ses contraintes lui sera utile ne serait-ce que pour comprendre ceux qui y travaillent. Pour réconcilier nos compatriotes avec l’entreprise privée et l’économie de marché, il est indispensable que les professeurs sensibilisent leurs élèves.

J’avais un ami, professeur des écoles, dont le fils était en prépa HEC. Comme il avait l’honnêteté de reconnaître que lui ne connaissait pas le monde de l’entreprise, il m’avait demandé de recevoir son fils pour lui en expliquer le fonctionnement. Ce que je fis avec plaisir et dont il tira profit.

J’insiste beaucoup sur le fait que si nos compatriotes connaissaient mieux le métier qu’exercent les autres et notamment leurs contraintes, ils les critiqueraient beaucoup moins et la cohésion sociale en serait renforcée. J’ai eu la chance de faire plusieurs métiers, banquier, assureur, professeur, chef d’entreprise, hôtelier, consultant, écrivain, éditeur.  J’ai toujours été étonné par les idées fausses, parfois caricaturales que les gens qui ne les connaissaient pas pouvaient en avoir. 

Ce qui guette le Professeur, c’est la routine. Il doit lutter contre en se renouvelant chaque fois qu’il le peut et ce n’est pas toujours facile.
Selon les matières enseignées, les responsabilités sont différentes. Le Professeur de mathématiques ou de comptabilité est obligé de s’en tenir strictement à son programme et ce dernier change rarement. La routine le guette. Une solution peut être de changer de matière à enseigner quand cela lui est possible, bien entendu. Il peut aussi changer de métier comme nous l’avons vu précédemment.

J’ai eu un professeur de comptabilité, Monsieur PIN, qui commençait son cours avant même d’avoir refermer la porte derrière lui. Il le terminait en quittant l’estrade. Pas une pause, pas  la moindre réflexion, pas la plus petite digression, pas une once de fantaisie. Son seul objectif, atteint pour la plupart d’entre nous, était de nous inculquer les mécanismes de la comptabilité en partie double dans le temps qui lui était imparti.
Il n’en est pas de même pour un Professeur de français, de littérature, de l’histoire géographie ou de langues étrangères, qui au contraire peut plus facilement renouveler son cours.
Par ailleurs, il peut, lui, s’attacher à former le jugement de ses élèves.  

L’Honnête homme Professeur doit, chaque fois qu’il le peut, développer l’esprit critique de ses élèves et leur apprendre à résister aux modes, aux slogans et aux engouements.   

L’Honnête homme Professeur qu’il soit des écoles, des collèges ou des universités doit enseigner aux jeunes :
-        Qu’ils doivent compter sur eux-mêmes avant de compter sur les autres.
-       Qu’ils ne doivent pas se bercer de l’illusion que tout leur sera donné, mais plutôt rêver d’accomplir des choses difficiles qui les obligeront à se dépasser.

Je voudrais pour parachever les trois chapitres que je lui ai consacrés dire, oh combien, la mission du Professeur dans notre société, notamment celui des écoles, est non seulement essentielle, mais capitale. Il a dans ses mains, en partie, la destinée de chaque enfant qu’on lui confie. Sa responsabilité est d’autant plus grande que cet enfant n’a pas la chance de bénéficier d’un environnement familial et social favorable. L’Honnête homme Professeur doit aider particulièrement celui-ci, faire en quelque sorte de la discrimination positive. Il est en puissance un monsieur GERMAIN qui demain peut révéler un Albert CAMUS chez un fils d’ouvrier et d’une simple femme de ménage. 
Aujourd’hui, la réussite des ministres, DARMANIN, DUPONT MORETTI et MORENO, tous les trois issus de milieux modestes et qui plus est d’origine étrangère, doit certainement beaucoup à leurs Professeurs respectifs.

Dans les prochains chapitres nous verrons l’Honnête homme et la Politique.     

    

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