dimanche 6 juillet 2014

Qui doit supporter le surcoût salarial justifié de la pénibilité du travail ?



Dans  «  Mérites tu vraiment ton salaire ? » p. 27 et 28 :  je rappelle quelques faits : 2 morts par jour dus à des accidents du travail, 8 à l’amiante et 2 millions et demi de salariés exposés à des substances cancérigènes, causes de 5 à  10 % des seuls cancers diagnostiqués. Les ouvriers,  qui non seulement vivent moins longtemps que les cadres et les fonctionnaires – une dizaine d’années -  mais passent plus de temps qu’eux en mauvais état de santé.  Pour ne prendre que les maladies cardio-vasculaires, ce sont les catégories sociales les plus modestes dont ils font partie qui sont le plus touchées.
Il n’est pas nécessaire d’être de gauche pour soutenir  une mesure de justice sociale attendue depuis trop longtemps : celle de la prise en compte de la pénibilité dans la rémunération des salariés. Qui oserait soutenir qu’il est normal que la durée de vie des ouvriers soit plus courte, qu’ils ne profitent donc pas ou peu de leur retraite, et qu’il ne faille rien faire pour essayer de compenser ce lourd handicap !
Le gouvernement  a  voulu instaurer la mise en place d’un compte pénibilité  dans les entreprises pour  les salariés   qui devrait leur  permettre, en fonction des points obtenus, de partir plus tôt en retraite, de travailler en temps partiel en préservant leur salaire en fin de carrière ou encore de bénéficier de formations pour se reconvertir.
Il a du différer sa mise en place, au  grand dam des syndicats, devant l’hostilité des patrons. Ceux, notamment des PME et des TPE,   qui se plaignent de  la complexité d’attribution de ces points en fonction des nombreux facteurs en prendre en compte, du travail de nuit à l’exposition aux substances chimiques, - ce qui est  vrai - et que ce sont eux qui doivent financer ces comptes par une augmentation de leurs cotisations - ce qui n'est pas juste.  Par contre leur responsabilité est totale dans l'organisation du travail, l'amélioration permanente de ses conditions d'exercice et le respect des règles de sécurité, ce qui n'est pas toujours le cas.  
Par contre, ce sont  les consommateurs de biens et services fournis en tout en partie par des salariés travaillant dans  des conditions pénibles et parfois dangereuses  pour leur santé, voire mortels dans certains cas, qui doivent naturellement en supporter le surcoût, ce qui signifie  que les entreprises doivent le répercuter sur leurs prix de vente.
Je regrette profondément que cette réforme ne fasse pas  l’ objet   d’un très large consensus national, au delà des clivages politiques,   pour réparer une des plus criantes injustices envers  des catégories de français qui, eux, ne descendent pas dans la rue et n’ont pas le privilège de pouvoir bloquer les transports ferroviaires, aériens, urbains et maritimes ou interdire les festivals d’été  pour faire céder les Pouvoirs Publics.  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire