samedi 19 avril 2014

De l'ardente obligation de mieux gérer les deniers publics

La Cour des Comptes qui s'inquiète de la progression trop rapide de la dette des hôpitaux publics ces dernières années établit un constat sous forme de réquisitoire. Elle relève que les investissements sont décidés sans qu'aient été instaurées au préalable des procédures de choix rigoureux et surtout qu'ils ne sont pas inscrits dans une logique d'efficience et de retour sur investissement. Il s'agit d'un réquisitoire sévère. Dans " Mérites tu vraiment ton salaire ? " au chapitre sur le gaspillage de l'argent public, j'explique au lecteur (page 127) que ma véhémence quand je dénonce celui-ci s'explique ainsi : Durant presque un demi siècle,une de mes fonctions essentielles a été de gérer des budgets d'investissements privés avec l'obligation de trouver leurs financements et de les maîtriser à tout prix, malgré toutes sortes de pressions, à commencer par celles des architectes qui voulaient réaliser des oeuvres d'art. Auparavant j'établissais un programme d'investissements justifiés et réalistes, contre la volonté de certains médecins qui se prenaient pour des patrons de service qu'ils n'avaient pas pu être et des directeurs mégalomanes et facilement généreux avec l'argent des autres. J'utilisais des ratios que j'avais établis et affinés au fil de mon expérience. Ratios que je communiquais, à l'occasion de journées de formation aux établissements financiers appelés à apporter leur concours.Ce qui m'a permis de rédiger un ouvrage intitulé : " La bonne taille d'un établissement hospitalier". Je me suis souvent interrogé : Combien de centaines de millions d'euros auraient pu être épargnés si les hôpitaux publics avaient procédé avec la même exigence ? Des économies non seulement sur les investissements, mais aussi sur les coûts de fonctionnement. Tous les responsables de ces investissements méritaient-ils vraiment leurs salaires ? Non ! Pourtant leur carrière n'en a pas un seul instant souffert et leur promotion freinée. Bien au contraire. Ce qui semble paradoxale à première vue, mais qui ne l'est plus quand on sait que la gestion efficiente des deniers publics n'a jamais été la préoccupation majeure des décideurs. Même si elle était, elle serait contrariée par les très nombreuses contraintes : règlementation lourde, complexe et tatillonne, multiplication des intervenants, durée trop longue des process, absence de sanctions financières...... Pour que la Cour des Comptes - qui nous alerte, nous citoyens, à travers les élus, nos représentants et les médias - soit entendue, il faut que ces contraintes soient levées et que les décideurs soient mieux formés à la gestion efficiente des deniers publics et intimement convaincus de leur lourde responsabilité en ce domaine.

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