lundi 24 juillet 2023

Les coups de pied aux f....qui se perdent

 

 

Suite de l’article Les gaspilleurs de l’argent public

Dans un pays comme la France où la part des dépenses publiques par rapport au Produit Intérieur Brut (PIB) s’établit à 58,1% en 2022 , la plus élevée de l’Union Européenne, le sujet de l’utilisation de l’argent public est évidemment très important.

Une remarque tout d’abord. L’argent public, c’est toujours l’argent des autres, l’argent des contribuables, mais aussi celui de salariés et des assurés sociaux. Et n’oublions jamais que l’argent, c’est essentiellement la peine des autres. Cet argent qui n’est pas toujours bien utilisé et parfois même gaspillé. La Cour des Comptes en fait l’état chaque année et elle dénonce à l’occasion l’incurie de certains responsables. Ce phénomène s’est aggravé au fur et à mesure que l’ ETAT ne s’est plus contenté d’assurer ses fonctions régaliennes, dispenser l’enseignement, rendre la justice, maintenir la sécurité et défendre le territoire, mais est devenu investisseur, entrepreneur , financier et  industriel.

Les gaspilleurs se sont, en premier, les ordonnateurs des dépenses. Ce sont ensuite les bénéficiaires qui en abusent.

Les ordonnateurs

Les causes principales du gaspillage de l’argent public sont la pratique de l’évergétisme*, la connivence des décideurs, leur irresponsabilité, le clientélisme, la passivité des citoyens contribuables et les  citoyens utilisateurs qui en abusent.

La pratique de l’évergétisme à bon compte.

Des présidents de conseils régionaux qui pratiquent l’évergétisme pour leur  gloire personnelle non pas avec leur argent, mais avec celui du contribuable en se faisant bâtir des hôtels pharaoniques, comme celui de Montpellier et celui de Lyon. On pourrait penser qu’un grand industriel comme Serge Dassault, gestionnaire avisé, n’agirait pas autrement comme Maire de Corbeil-Essonne, mais il n’en fut rien si l’on en croit l’hebdomadaire Le Point qui lui avait consacré un reportage. Nul doute que s’il avait utilisé ses propres capitaux, il aurait été plus économe.

Il est vrai que l’argent public n’a pas pour finalité de rapporter des bénéfices et qu’il se substitue à l’argent privé dans des missions et des investissements par définition non rentables, mais ce n’est pas une raison pour ne pas l’utiliser avec précaution et discernement. Bien au contraire.

La connivence des décideurs.

Les hommes politiques de tous bords, les lobbies industriels, les élites culturelles, tous évitent si possible de s’adresser quelques reproches sur la gestion qui leur a été confiée ou dont ils ont bénéficié, ou s’ils le font, c’est toujours mezza-voce. Ce qui renforce cette connivence, c’est que sur un projet important les deux camps (droite et gauche de gouvernement) se trouvent impliqués à cause de son étalement dans le temps. Exemple : celui de l’Opéra Bastille dont l’histoire a été écrite par François De Closet dans « Tant et plus »**Des Présidents Giscard à Chirac en passant par Mitterrand.

Leurs irresponsabilités

Un ministre de la République, un Maire, un Président de Conseil Général, ou de Conseil Régional est-il recherché en responsabilité pour la mauvaise gestion des fonds qui lui ont été confiés ? Non, sauf s’il est avéré qu’il en a profité à titre personnel. Il est vrai que, si c’était le cas, plus personne ou presque ne voudrait s’engager en politique. Il n’y a pas de sanctions financières, sauf pour le Trésorier Payeur Général  qui est responsable personnellement, ce qui justifie l’importance de son salaire.

Le clientélisme ou les inconvénients de la démocratie représentative.

Notre système démocratique oblige les hommes et femmes politiques pour obtenir le vote de leurs électeurs à octroyer à certains d’entre eux appartenant à des corporations influentes des avantages parfois discutables.

La passivité des citoyens contribuables

Les contribuables qui se plaignent souvent de payer trop d’impôt, plus rarement du gaspillage qui en ait fait.  Ce dernier ne les scandalise plus  et ils s’en accommodent fort bien.

Les 4 raisons

La première : au-delà d’un certain montant, ils ne se rendent plus compte de l’importance d’une dépense car ils n’ont plus de repères. Je m’en suis souvent aperçu dans mon métier de conseil auprès des médecins et des établissements hospitaliers.

La deuxième : ils ne se jugent pas compétents pour apprécier si une dépense est justifiée ou pas., à cause notamment de leur ignorance en économie et en finance, sujet sur lequel j'aurai l'occasion de revenir.

La troisième : Ils sont souvent sans aucune illusion. Le gaspillage de l’argent public a toujours existé et existera toujours se persuadent-t-ils.

La quatrième : la plus grave surement, c’est qu’ils s’en moquent comme de leurs dernières chemises

Ma distribution de baffes.

Elle s’adresse en priorité aux décideurs qui dépensent sans compter l’argent public et aux citoyens qui s’en moquent, surtout ceux qui ne manquent pas, pour autant, de critiquer systématiquement  les premiers. 

 

  

*Tiré du grec signifie : qui veut le bien

** Aux éditions du Seuil

 

 

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