samedi 9 décembre 2017

Ce que vous avez hérité de vos ancêtres, il faut le mériter par vous-mêmes, autrement ce sera jamais à vous





Dans les articles précédents sur les conséquences des récentes dispositions fiscales, j’ai parlé des chefs d’entreprise qui méritaient leur fortune acquise par leur talent et leur travail. A l’opposé de leurs  héritiers y compris leur conjoint,  qui   ne  pouvaient pas justifier d’un quelconque enrichissement personnel.  Moralement, l’héritage en biens matériels ne peut être donc que désapprouvé puisqu’il ne rétribue aucun mérite et qui plus est, reproduit les inégalités sociales quand il ne les aggrave pas. La  France, à cet égard est un paradis pour les héritiers, comme le note Philippe Manière dans un article de l’Express, qui constate au passage que nos compatriotes s’accommodent fort bien, quoiqu’ils disent, de la reproduction des élites  et de la domination des fils d’archevêque* .  En effet 2/3 des milliardaires français doivent leur fortune à l’héritage. selon une  étude américaine réalisée sur les 1200 plus grandes mondiales.                                                                                         

N’oublions pas que dans la plupart des cas, les héritiers bénéficient également dès leur naissance d’un héritage spirituel, social et culturel au moins aussi important, sinon plus et qui n’est pas non plus mérité.  Si vous êtes nés dans une famille cultivée, financièrement aisée et qu’il vous a été donnée de faire, toujours grâce à vos parents, des études dans les meilleurs établissements, que votre mère s’est arrêtée pour vous faire travailler, que vous avez pu perfectionné vos langues étrangères grâce à des séjours à l’étranger, que vous avez pu suivre des cours de rattrapage  et/ou de bachotage, que vous avez pu découvrir les plaisirs de la lecture, du théâtre, du cinéma, de la musique, de la peinture et des sports en toutes saisons , que vous surtout hérité d’un nom et bénéficier de réseau, quel est votre mérite ?

Vous avez peut-être travaillé pour réussir vos études, mais dès le plus jeune âge, vos parents vous ont inculqué le goût du travail et vos aptitudes physiques et mentales, vous en avez aussi en grande partie hérité ! 

Le syndrome de l’héritier.

Certains enfants sachant qu’un jour qu’ils hériteront ne recherchent pas à donner leur pleine mesure  dans leur vie professionnelle, voire même, se laissent aller à ne rien faire. ** C’est particulièrement vrai pour les enfants de la 3ème génération. On avait autrefois coutume de dire que les enfants qui avaient assisté aux efforts de leurs parents pour créer leur entreprise, souvent partis de rien et que parfois ils avaient aidé à la développer, alors que les petits enfants qui n’avaient pas connu les années laborieuses et avaient été élevés dans la facilité la ruinaient ou au mieux s’en débarrassaient. 

Il est particulièrement révoltant  de voir des enfants gaspiller l’argent que leurs grands  parents ont eu parfois  tant de peine à économiser toute leur vie en se privant volontairement de dépenses de confort ou de loisirs. 

Les disputes entre héritiers

Non seulement les bénéficiaires d’un héritage n’ont aucun mérite à quelques exceptions près, mais le comportement de certains est mesquin et parfois ignobles.

Les disputes qu’il génère entre héritiers sont révélatrices de la noirceur de l’âme humaine. Sur fond de vieilles rancunes,  de jalousies ressassées et de règlements de compte, elles fissurent les familles quand elles ne les détruisent pas. Qui n’en connaît pas ?


Le lecteur comprendra que l’on ne puisse pas défendre le droit à l’héritage dans ces conditions.


Pourtant, notre société, si elle est prospère pour la majorité de ses membres l’est grâce au libéralisme économique fondé sur trois valeurs inséparables que sont : la liberté individuelle, la responsabilité personnelle et la propriété privée. Sans cette dernière, les deux premières disparaissent. Les pays communistes en ont fait l’amère expérience.

Alors la question primordiale  est  la suivante : Comment ne pas ébranler un des piliers de notre société en  supprimant  le droit systématique à l’héritage ?


Le législateur peut déjà supprimer les dispositions du Code Civil qui datent de 1804 qui obligent les parents à réserver une grande partie de leurs biens à leurs héritiers, ce qui n’est pas le cas aux Etats Unis dont j’ai parlé dans mes précédents articles en parlant d’évergétisme. 

Mais  il  faut surtout  faire prendre conscience aux héritiers et futurs héritiers de faire le meilleur usage des biens qu’ils n’ont pas un instant  mérités et suivre le conseil de GOETHE.

«  Ce que vous avez hérité de  vos ancêtres,  il faut le mériter par vous-mêmes, autrement ce ne sera jamais à vous »


Reste  à savoir comment faire prendre conscience de cette exigence morale ?


Je propose à mes lecteurs de me faire connaître leurs solutions, s’ils en ont,et j’en reparlerais avec plaisir  dans un prochain article.


  


·       Fils à papa pistonné pour obtenir un poste comme l’étaient des membres de la famille de certains papes.

·       **« Hériter sans se déchirer » de Ginette LESPINE aux éditions Albin MICHEL.

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