samedi 8 février 2014

Injustices face à la santé et prise en charge du traitement de l'hypocondrie

Le Président de la République vient d'annoncer une mesure qui, enfin, fait consensus, comme l'on dit. Il a décidé de lancer un nouveau plan Cancer qui devrait permettre notamment de favoriser l'accès aux plus démunis en multipliant le nombre d'appareils d'IRM. C'est un fait que les injustices face à la santé frappent les personnes de condition modeste, en particulier ceux qui exercent certains métiers manuels, réduisent leur espérance de vie et rendent la fin de cette dernière plus douloureuse. il n'est point besoin d'avoir une sensibilité de gauche pour le reconnaître et s'en émouvoir. Qui peut être d'un avis contraire ? Trois causes l'expliquent : la première sont les conditions de travail, que je traite dans le préambule de mon essai, qui provoquent accidents , maladies professionnelles, pathologies ostéo-articulaires, expositions aux risques cancérigènes... La seconde est d'ordre presque culturelle, les ouvriers, pour ne parler que d'eux, prennent naturellement moins soin de leur corps que des cadres, des enseignants ou des membres de profession libérale.Ils ne se soucient pas de leur capital santé. La troisième est financière. Leurs ressources ne leur permettent pas de se soigner dans les meilleurs conditions. A ce sujet, une enquête mériterait d'être faite auprès des ménages, selon leur catégorie socio économique à laquelle ils appartiennent, pour connaître la part de leur budget consacrée aux soins et médicaments non remboursée : tickets modérateurs non pris en charge par une mutuelle, soins d'ostéopathes et autres praticiens de santé, produits et médicaments de "confort", vitamines diverses et variées, produits miracles ... Il faut ajouter que ce handicap est encore accentué pour ceux qui vivent dans des régions sous équipées médicalement. Des causes différentes qui nécessitent donc des remèdes différents. Le Chef de l'Etat ne s'attaque, qu'en partie seulement, à la troisième cause.Davantage d'IRM pour détecter plus tôt des tumeurs cancéreuses, c'est très bien, mais cela ne protège pas de la maladie ni ne la guérit. Question subsidiaire, où va -t- on trouver l'argent sans augmenter le déficit de la Sécu ? Dans mon essai, je n'ai parlé de l'hypocondrie que pour dire que le développement de la prévention,du principe de précaution, des campagnes de dépistage automatique dont la publicité nous est assénée au moment de notre petit déjeuner chaque matin pour nous permettre de commencer la journée dans la joie, des sites internet d'information médicale qui ne nous font grâce d'aucun détail et nous font douter de la capacité de notre médecin traitant, des articles de presse qui font vendre, des professeurs de médecine qui ne refusent jamais une interview pour nous mettre en garde contre les dangers réels et potentiels, des publicités des laboratoires pharmaceutiques, des nombreux docteurs Knock et demain la médecine prédictive grâce au séquençage de notre ADN, tout concourt à nous rendre de plus en plus hypocondriaques. Certains nettement plus que d'autres. Des gens célèbres comme Michel Drucker et Thierry Ardisson traitent leur pathologie, car il s'agit bien à un certain stade d'une pathologie par une débauche d'examens de contrôle et n'en font pas mystère ; je renvoie à un numéro spécial de l'Express consacré récemment à ce sujet. Je pose alors la question, sans aucune agressivité et sans vouloir créer de polémique inutile, à ces deux stars du petit écran, par ailleurs fort sympathiques : Font - ils prendre en charge par la Sécurité Sociale leurs dépenses itératives d'examens de contrôle ? Je dis que ceux ci sont médicalement injustifiés pour la grande majorité d'entre eux. L'un a un frère professeur de médecine qui ne peut, je pense, que m'approuver. En effet, nous avons maintenant une connaissance suffisante des sujets à risque et un consensus médical sur le rythme raisonnable de contrôle de prévention selon les pathologies. Plus généralement, je voudrais en conclusion soulever la question de la prise en charge par l'Assurance Maladie - dont le Président de la République, nous l'avons vu, veut augmenter les dépenses - du traitement médical de l'hypocondrie quand celui-ci dépasse les normes communément admises.

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