vendredi 19 janvier 2018

Ce que l'on ne m'a appris à l'Ecole de Commerce




 Quand j’ai fait mes études, mes professeurs  m’ont enseigné l’économie, le marketing, la comptabilité générale et analytique, le droit fiscal, l’organisation des entreprises. Ils m’ont donné ainsi  les outils  nécessaires pour réussir dans l’entreprise, comme cadre. Aucun ne m’a appris comment je devrais me comporter ,plus tard,  si je devenais un patron d’ entreprise.

Ils auraient dû me dire que le patron, pour mériter son salaire, doit, non seulement, développer des produits et des services utiles à la société et créer des emplois, chaque fois qu’il le peut, pérennes, si possibles. Il doit aussi vis-à-vis de ses  salariés  et de son environnement  obéir à plusieurs commandements.

Vis-à-vis de ses salariés

Les rémunérer selon leurs mérites

Les mérites  peuvent être récompensés individuellement ou dans le cadre d’une équipe.  Le patron a  d’ailleurs  tout  intérêt  à avoir des collaborateurs plus motivés qui seront souvent plus productifs.

Donner de l’intérêt et du sens à leur travail.

Le salarié ne se contente pas d’être bien rémunéré, il faut qu’il trouve du sens à ce qu’il fait. Sens qui s’est beaucoup perdu avec la parcellisation des tâches, le travail à la chaine, la robotisation et l’informatisation qui ont dévalorisé le travail. « Ce dont les français ont le plus besoin, c’est de sens, pas de soins ! » dit le psychologue du travail, Pierre Eric SUTTER, fustigeant une fâcheuse tendance à médicaliser les maux du travail. Le patron   doit donc donner du sens au travail de ses salariés et pour cela il faut qu’aux yeux de tous, pas uniquement à ceux de ses actionnaires quand il en a ou à ceux de ses banquiers, il trace la stratégie de l’entreprise, qu’elle  soit lisible et qu’il en donne une image valorisante à l’extérieur.  

Leur assurer un minimum de sécurité et de perspectives d’évolution.

Dans « le choc du futur », Alvin TOFFLER* écrivait que l’homme a besoin  dans un monde en perpétuelle agitation ( nous étions en 1970 quand il publia son ouvrage !)  d’un îlot de stabilité. Celui-ci pourrait être la famille, mais c’est loin d’être toujours le cas car elle aussi soumise aujourd’hui à de fortes perturbations. Reste l’entreprise le plus souvent, dont le chef ne doit pas aggraver cette instabilité en utilisant ses salariés comme de simples  « variables d’ajustement »

L’illustration de cette responsabilité poussée à  l’extrême  avait été donnée en 2008 par Joël GAMELIN, patron de chantier naval, dont l’entreprise avait été placée en redressement judiciaire et qui n’ayant pas pu sauver les emplois de ses 120 salariés, avait préféré se suicider tout en s’excusant auprès d’eux de ne pas avoir réussi.

Les salariés ont besoin que s’offrent à eux des perspectives d’évolution individuelle. Le développement d’une entreprise est certes justifié pour des raisons économiques et financières, mais il l’est aussi parce qu’il permet de donner à ses salariés de plus grandes chances de progression et d’épanouissement personnel.

Enfin le patron doit aussi, chaque fois qu’il le peut, améliorer les conditions de travail de ses salariés, augmentant ainsi leur bien-être, ce qui se répercute   à la fois sur leur productivité et sur leur santé entraînant un gain pour l’entreprise et une économie pour le budget de l’Assurance Maladie. J’ai eu l’occasion, en d’autres circonstances, de dire que les mauvaises conditions de travail constituent la plus flagrante et  la plus révoltante des injustices sociales.
Leur témoigner reconnaissance et considération
De même que nous ne pouvons pas vivre sans un minimum de sécurité, nous ne pouvons pas vivre sans que notre utilité sociale, familiale, mais aussi professionnelle soit reconnue. La reconnaissance du travail accompli peut se manifester de différentes façons, par une augmentation de rémunération ou des perspectives de développement de carrière, mais aussi par l’intérêt que portent les autres à ce que faisons et la considération que nous en retirons. Le salarié veut entendre son patron lui dire tout simplement : « Tu as bien travaillé ! » tout comme l’élève veut l’entendre de la bouche de ses professeurs et de ses enfants.

Hervé BAZIN qui connaissait bien la nature humaine et nous en fait profiter dans ses romans, tout au moins ceux d’entre nous qui aimons lire affirmait : « les gens ont soif de considération bien plus que de mérite »

Déjà , pour PLATON, le besoin de reconnaissance, le « thymos »est la troisième composante de l’âme humaine avec la raison et le désir.

Certes, se sentir méprisé par les uns, ses supérieurs hiérarchiques, en général n’interdit pas de mépriser à son tour les autres, ceux qui se trouvent dans une position jugée inférieure. Exemple : les clients des grands magasins vis-à-vis des caissières. Mais le patron, lui, doit toujours et en toute circonstance, donner l’exemple.

Dans le prochain article je développerai les commandements vis-à-vis de son environnement

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·      * Aux éditions DENOEL


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