samedi 29 novembre 2014

L'AFFAIRE JOUYET/FILLON : QUAND L'INFORMATION DEVIENT UN SPECTACLE AFFLIGEANT


 
 Des journalistes enregistrent, à son insu ou pas, un entretien à bâtons rompus avec un responsable politique. Un passage de cet entretien révélant une manœuvre attribuée à un ou plusieurs adversaires  nourrira et surtout pimentera un ouvrage ou un article. Sa diffusion fera  le buzz. Elle sera reprise par tous les médias  et commentée par tous leurs confrères de Presse écrite, parlée et audiovisuelle. Elle sera ensuite commentée par  tous les responsables politiques de tous bords et les commentaires de ces derniers seront à leur tour commentés par les journalistes.   Ce n’est alors plus de l’information, c’est du pur spectacle ! La concurrence forcenée entre les différents médias : chaînes de télévision, stations de radio, presse écrite, sites Internet pousse  à toutes les surenchères, à tous les excès pour obtenir un scoop et le diffuser.

Nous assistons une fois de plus  à un dévoiement de la mission d’informer très dangereux pour la démocratie et nos institutions par des  journalistes  qui rêvent tous d’être comparés à ceux du Washington Post, Bob Woodward et Carl Bernstein  rendus célèbres par la révélation du scandale du Watergate  et la chute de NIXON qui s’en est suivie.

Malgré le fait que les français, plus que d’autres peuples, aiment la politique politicienne et ses intrigues, quel est le véritable intérêt pour un citoyen, à part de le distraire, voire de  l’amuser  de connaître les manigances, les conspirations, les complots, les manipulations des hommes politiques, pour obtenir le Pouvoir ou le conserver.  Des comportements qui sont monnaie courante. Quiconque a fréquenté dans sa vie ne serait-ce que le temps d’une campagne électorale un parti politique n’en est nullement étonné. « Seigneur, gardez moi de mes amis, mes ennemis, je m’en charge ! » Cette exhortation attribuée à Voltaire, s’applique parfaitement au monde politique. De tous temps, la conquête du Pouvoir a donné lieu à des guerres intestines qui éclatent parfois au grand jour entre les membres d’une même famille politique. Les meilleurs amis, même  de longue date  deviennent les pires ennemis quand ils se disputent la même place. Et plus ils sont élevés dans la hiérarchie, plus leurs querelles sont violentes, entretenues par leur entourage dont chaque membre milite pour obtenir une place petite ou grande pour lui. En quoi ces révélations   peuvent l' instruire  sur la marche du monde et plus particulièrement sur celle de son pays ?   Bien au contraire, elles désespèrent les gens ordinaires qui croient les hommes politiques plus vertueux qu’ils ne le sont et elles donnent des arguments aux populistes de tous poils.

Autrefois n’existaient pas des journalistes peu scrupuleux qui profitant de leur proximité avec les  politiques et parfois de leur intimité captaient, avec ou sans leur accord, des confidences qu’ils diffusaient ensuite largement, aidés en cela par la caisse de résonnance médiatique et gonflaient ainsi leurs droits d’auteur et leur porte  monnaies. C’est ce qui est nouveau. Autrefois, des écrivains, des journalistes publiaient des biographies d’hommes politiques dans lesquelles ils révélaient parfois des secrets d’alcôve, mais leur diffusion était limitée à quelques milliers de lecteurs et le plus souvent les hommes politiques en question n’étaient plus en  activité ou avaient quitté la scène parfois depuis longtemps.

 Mais les journalistes ne sont pas les seuls responsables. Il y a les hommes et femmes politiques dont le drame aujourd’hui  est que pour exister et s’imposer aux yeux de l’opinion publique et auprès de leurs amis politiques, ils  doivent être connus et pour cela fréquenter assidument les journalistes. Et ces derniers  doivent leur être proches et avoir leurs faveurs pour recueillir leur opinion et parfois aussi leurs confidences jusqu’à  publier parfois  leurs propos « off ».  Ce qui les amène à une forme de connivence non dénuée d’arrières pensées, à une consanguinité avec des hommes et des femmes avec qui ils ne se contentent pas de déjeuner, mais parfois avec qui ils copinent quand ils ne couchent pas ensemble.              

Comment peut-on encore s’étonner du discrédit énorme des politiques et des journalistes auprès des citoyens ?  Dans « Mérites-tu vraiment ton salaire ? » je dis que les journalistes exercent un beau et noble métier indispensable au fonctionnement de la démocratie, mais qu’ils n’ont pas toujours  conscience de leurs responsabilités et j’en ai donné un exemple dans mon blog du 12 Avril 2014 au sujet de la mort de Dominique Baudis. Quant à la politique, c’est chose trop sérieuse pour que ceux qui la pratiquent se donnent en spectacle et la ravale à un produit de grande consommation médiatique.  

 

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