mardi 26 août 2025

MON VOYAGE AU BURKINA. suite

 

Le samedi soir, après notre retour de la Kompienga, nous sommes invités à dîner par les Dubois dans un restaurant au bord d’une piscine. Mais auparavant, nous assistons à la messe dominicale qui se tient, comme en France, le samedi soir, dans une église du centre de Ouagadougou, la paroisse des Ouadreago et où se rend chaque jour Bernadette.

Alors que Patrick Renard a retrouvé la forme, c’est à mon tour de subir les effets de la fameuse « tourista ». Pendant la messe, qui dure plus d’une heure, je suis mal à mon aise, d’autant plus que l’intérieur de l’église est rafraîchi par des ventilateurs sous l’un desquels, par un hasard malencontreux, je suis assis. Quand nous nous mettons debout, et cela nous arrive très souvent, l’air froid que projette le ventilateur me tombe sur les épaules que j’ai eu pourtant la précaution de couvrir en prenant un gilet. Mais je crains les courants d’air et mon ventre me tiraille. Je reste assis jusqu’à la fin de la messe au grand étonnement de mes voisins.

Au dîner, auquel les Dubois ont invité d’autres amis burkinabais, je retrouve la forme et à la fin du repas, nous fredonnons des airs français que ces derniers connaissent. Parmi les invités, une jeune femme, responsable de la pédiatrie à l’hôpital de Ouagadougou, est originaire de la région de Yaba, où vivent les parents de Gisèle, notre protégée que nous allons voir lundi. Elle m’informe notamment que cette région est habitée par une ethnie, les Samo, dont l’ethnie dominante du Burkina-Faso, les Mossi, se moque facilement, comme les Français des Belges. Nous apprenons, Annick et moi, quelques mots de Samo, comme par exemple « Fo dini » qui veut dire bonsoir.

Le dimanche, nous nous reposons à l’hôtel avant d’aller dîner chez les Ouadreago et le lundi matin nous partons pour Dedougou dans un 4 x 4 avec chauffeur que j’ai loué chez un ami de Jean-Baptiste.

Une religieuse nous accompagne, Sœur Perpétue, qui travaille au Centre d’Accueil où nous allons être hébergés. Sa présence me rassure un peu car nous risquons peut-être moins d’être attaqués dans la brousse par des bandits avec une religieuse dans la voiture, qui s’est installée sur le siège avant. Elle est Samo, comme le chauffeur et ils peuvent parler leur dialecte.

A la sortie de Ouagadougou, nous prenons la route de Bobodioulasso qui se dirige vers la Côte d’Ivoire. Elle est très chargée, mais goudronnée. A Koudougou, nous nous arrêtons pour boire un café et téléphoner au Centre d’Accueil pour dire que nous arriverons en retard pour déjeuner - nous avons perdu du temps au départ en allant dans une banque retirer de l’argent liquide que nous n’avions pas obtenu avec la carte de crédit d’Annick qui n’était pas la bonne - Maintenant la piste remplace la route. La vraie piste africaine rouge, le plus souvent bordée de grands arbres qui parfois se rejoignent et forment une arche, mais qui est parsemée de trous plus ou moins profonds et plus ou moins larges, entres lesquels notre chauffeur slalome adroitement. Parfois, hélas, il ne peut pas éviter l’obstacle car nous ne sommes pas seuls sur la route et nous sautons sur nos sièges en protégeant nos têtes avec nos mains pour éviter de heurter le toit.

Nous soulevons en certains endroits, des nuages de poussière impressionnants et je comprends tout l’intérêt des petits masques en papier que portent certains cyclistes et motocyclistes.

Nous arrivons à Dedougou, il est 13 heures environ et sommes accueillis par Sœur Andrée Marie Ky, la cousine de Gisèle qui nous attendait impatiemment. Nous franchissons un portail et nous garons le véhicule dans une cour ombragée entourée de bâtiments d’un seul niveau. Sur un côté se trouve la salle à manger et le salon où nous sommes reçus et en face des chambres dont la nôtre où nous déposons nos bagages avant d’aller déjeuner. Elle est sobrement équipée de deux lits coiffés de moustiquaires, d’une table et d’une chaise. Un ventilateur au plafond ronfle et les fenêtres sont ouvertes pour rafraîchir au maximum. Sur le côté, un petit coin de toilette comprenant un lavabo et un receveur de douche. Je précise que le WC est situé à l’extérieur des chambres mais très près de la nôtre.

Les sœurs invitent notre chauffeur à partager le repas (il a été prévu normalement qu’il faisait son affaire des repas). Il est musulman mais au moment du bénédicité, il n’est apparemment pas gêné et il se signe à sa manière, comme s’il s’essuyait le visage. Dans l’après-midi il m’annoncera qu’il s’absente pour un problème d’huile de moteur (nous avions fait le plein d’essence en quittant Ouagadougou) et je le soupçonne alors d’aller à la mosquée sans oser me le dire. Autour de la table un jeune prêtre et une jeune religieuse côte à côte, très sympathiques et visiblement heureux d’être ensemble. Le sont-ils uniquement dans l’exercice de leur sacerdoce ? Je me suis  permis de me  poser un court instant la question.

 

 

 

mardi 12 août 2025

Chroniques de l'été

 

1/Des jeunes filles qui m’ont réconcilié avec les compétitions de football.

Depuis que le football professionnel est devenu un vrai business, où des pays étrangers  s’en mêlent pas forcément amis de la France, où les clubs riches peuvent s’offrir les meilleurs joueurs du monde à des prix exorbitants, où les rencontres sont devenues des simples spectacles de variété, j’ai cessé de m’y intéresser. J’ajoute que si le classement du championnat de France tenait compte du budget respectif des Clubs, il serait bien différent.

Pourtant j’ai aimé ce sport, je l’ai pratiqué comme minime à l’ASSE puis cadet à l’Olympique stéphanois. Je raconte dans mon livre « Quand les soldats américains nous jetaient des fleurs*, mon humiliation infligée par les spectateurs du stade Geoffroy Guichard  en lever de rideau de  Saint-Etienne -Nancy, alors que mon équipe dont j’étais le capitaine était largement dominée. Je l’ai suivi assidument pendant 25 ans quand ma femme et moi tenions l’hôtel La Charpinière où les Verts séjournaient régulièrement et où nous recevions les équipes nationales de France, de Yougoslavie et de Turquie dont je parle, photos à l’appui, dans mon livre « Il était une fois à Saint-Galmier…la Charpinière »*.

A l’occasion de la Coupe d’Europe, j’ai découvert cette année les joueuses de l’équipe de France, mais aussi celles d’Espagne et d’Italie, des pays auxquels je m’intéresse personnellement depuis longtemps. Ces jeunes filles,  mesdemoiselles Cascarino, De Almeida,  Lerond, Malard, Karchaoui, pour ne citer qu’elles, noires, blanches ou le teint mat, elles sont le  reflet de notre société, n’en déplaise aux xénophobes de tous poils, plutôt graciles, mais bagarreuses sur le terrain, possédant une excellente technique et un jeu agréable à voir. J’ajoute que si les enfants issus de l’émigration sont nombreux parmi elles comme chez leurs homologues masculins, c’est que le football est un sport qui peut être pratiqué même par les plus pauvres, ce qui n’est pas le cas d’autres sports comme le tennis ou le cyclisme.   

2/ Les postures des opposants politiques à l’occasion du Budget.

Le Budget présenté par le premier ministre est certes discutable, notamment au sujet des dépenses publiques dont le Pouvoir en place, pas plus que les gouvernements précédents n’a pas pu ou su contenir. Certes, les français les plus riches qui, le plus souvent, le sont devenus non pas grâce à leurs mérites, mais grâce à leurs héritages, devraient contribuer davantage au financement des dépenses publiques et pour lesquels j’ai écrit plusieurs articles dans mon Blog regroupés dans le chapitre Les riches ** auquel le lecteur peut se référer, s’il est intéressé par le sujet. Mais la posture des opposants politiques qui ne pensent qu’à s’opposer au Pouvoir, qu’à flatter leurs électorats respectifs et être outranciers dans leur propos pour passer à la télé et cultiver leur notoriété sont condamnables pour le modéré que je suis car  ils  ne font pas du tout avancer le débat, pire parfois, ils le pervertissent. Pour mieux comprendre ma vive réaction, je renvoie le lecteur qui ne les aurait pas encore lus les articles regroupés en un chapitre des Chroniques « Être modéré en France et à l’Etranger »*** 

3/ L’histoire saccagée du peuple d’Israël

Ce peuple qui a tant souffert pendant des siècles et a été dévastée lors de la Shoah, aujourd’hui est trahi par les siens. Ceux qui se comportent à Gaza en bombardant la population, interdisant l’accès aux journalistes et aux aides humanitaires sont indignes. Qu’ils veuillent chasser les membres du Hamas qui ont commis le crime odieux du 7 octobre 2023  et récupérer leurs otages, cela se comprend et se justifie tout à fait, mais qu’ils s’en prennent à la population est inqualifiable. Qu’ils envoient des soldats sur place pour traquer les preneurs d’otages, oui, mais lancer aveuglément des bombes sur une population encouragés par un Président des USA irresponsable, comme le fait Poutine en Ukraine, non !  Le seul résultat tangible est, hélas, la montée de l’antisionisme et par conséquent de l’antisémitisme redevenu,  ces derniers temps, très virulent.  Crainte partagée par tous les juifs de France comme Jacques Attali ou l’écrivaine et  femme rabbin Delphine Horvilleur ainsi que par les intellectuels comme David Grossman ou encore Elie Barnabi, ancien ambassadeur d’Israël en France.

4/ Une bonne nouvelle pour finir

Dans l’antiquité le messager qui apportait une mauvaise nouvelle risquait d’être exécuté. Aujourd’hui, les annonceurs ne risquent plus rien, bien au contraire, certains s’en réjouissent et les utilisent pour défendre leur cause. Par contre, il faudrait féliciter ceux qui en annoncent des bonnes.

Il y en a tellement peu aujourd’hui que celle-ci mérite d’être signalée. Il s’agit d’un avion 100% électrique dénommé Pipistrelle Velis Electro qui s’est posé  sur le tarmac de  l’aéroport de Bouthéon Andrézieux où l’Elektro Tour, un Tour de France en avion, a fait escale. Cet avion coûte moins cher : 2 euros d’électricité contre 3 euros de kérosène, mais surtout il est silencieux mis à part le bruit du vent sur les ailes.  Il signifie la fin des nuisances sonores dont se  plaignent les riverains et le possible développement des transports aériens qui rapprochent les pays et leurs peuples.

 5/ Conseil de lecture

A ceux qui s’intéressent à la guerre en Ukraine, « Les guerriers de l’hiver » ****Olivier Norek raconte le petit pays qu’est la Finlande qui se dresse en 1940, en plein hiver, contre l’ours soviétique. Staline pense la conquérir en quelques jours comme son successeur Poutine en Ukraine, mais le peuple finlandais résiste comme le peuple ukrainien aujourd’hui. Récit certes romancé, mais très documenté et instructif, notamment sur le comportement des chefs militaires russes pour qui la vie humaine, y compris celle de leurs propres soldats n’a pas d’importance.    

*Aux éditions Ifrhos : wwwleseditionsifrhos.com

**  Chroniques d’une décennie 2014-2024 pages 121 à 136

***Pages 311 à 322

****Aux éditions Michel Lafond

 

mardi 29 juillet 2025

Mon voyage au Burkina Faso, suite

 


 

Le jeudi matin, en compagnie de nos amis Renard, nous avons quitté Ouagadougou pour la Kompienga, située dans le sud-est du pays, dans un 4 x 4 Toyota flambant neuf et conduit par le chauffeur de Jean-Baptiste, ainsi qu’une 604 par l’Etat, en sa qualité d’ancien Président de la République.

Une fois quittés les faubourgs de la ville, nous nous retrouvons dans ce qui est appelé la brousse, la campagne africaine. De chaque côté de la route rectiligne et correctement bitumée, s’offre à nouveau un spectacle plaisant. Des arbres disséminés çà et là, parfois majestueux comme les fameux baobabs et les manguiers appelés arbres à palabres, sous lesquels les habitants des villages viennent parler, au milieu de hautes herbes et d’arbrisseaux. Ainsi, régulièrement, on découvre des champs de petit mil et de gros mil, appelé sorgho, nourriture quasi exclusive des habitants. Le long de la route, circulent à pied, en vélo, en vélomoteur, sur un âne ou dans une charrette tirée par un âne, des hommes et des femmes qui transportent du bois, du mil, qu’ils viennent de récolter, des poulets, des chèvres qu’ils attachent en paquet sur le porte-bagages de leur mobylette ou pour les femmes, posés en équilibre sur leur tête ! De temps à autres, on aperçoit un village composé de huttes aux toits recouverts de chaume. Nous sommes en pays mossi, l’ethnie dominante du pays dont font partie les Ouadreago.

L’hôtel de la Kompienga, situé près du barrage hydroélectrique à la sortie d’un village est composé de huttes disséminées autour d’une piscine. Nous en sommes les seuls clients. L’une d’entre elles nous est affectée. Elle est composée de deux chambres, d’un salon et des sanitaires. C’est celle qui n’est pas en réparation et dont la climatisation fonctionne, nous disent les gérants, un jeune couple de corses, pour justifier cette attribution qui crée une promiscuité avec des gens que nous ne connaissons pas intimément. Pour faciliter le partage des WC et des toilettes composés d’un lavabo et d’une douche sommaire, chaque matin, nous nous sommes levés, Annick et moi, aussitôt que le petit-déjeuner était servi, vers 7 heures 30 et avons attendu au bord de la piscine que nos amis se soient préparés avant de venir à leur tour prendre leur petit-déjeuner.

A notre arrivée, j’avais été également contrarié par l’absence de téléphone, ce qui nous avait obligés en fin d’après-midi, alors que la nuit tombait déjà, à partir avec le chauffeur chercher un téléphone public pour pouvoir rassurer notre fils Jean-Philippe d’un naturel inquiet. Nous avons dû parcourir une dizaine de kilomètres au moins entre chiens et loups, une route littéralement envahie par des vélos, des charrettes, des piétons qui profitaient du début de la fraîcheur. Le chauffeur qui roulait à vive allure, slalomait entre tous et les frôlait souvent, au risque de les renverser. Les Dubois, qui connaissaient bien le pays nous avaient conseillés de ne pas nous arrêter si nous avions un accident, mais de nous rendre immédiatement au premier poste de police. J’étais donc inquiet, d’autant plus que les qualités du chauffeur de Pierre n’étaient pas irréprochables. Il roulait souvent sur la partie gauche de la route et dans certains virages, je priais le ciel qu’il n’y ait pas de voiture qui arrive en face. Il est vrai que les voitures sont plutôt rares, mais il y a de temps en temps des camions qui se rendent au Benin et au Togo ou en viennent et aussi des autocars, qu’on appelle des « occasions ». Ils s’arrêtent pour déposer un voyageur ou pour en prendre un autre assis sur le bord de la route, depuis plusieurs heures parfois. Ils n’ont donc pas d’horaires précis.

Nous trouvons enfin un poste public en contrebas de la route qui nous a été indiqué par des policiers que nous sommes allés interroger. Il fait complètement nuit. Le responsable du poste part à la recherche d’une bougie pour éclairer l’intérieur composé d’une table sur laquelle se trouvent un combiné et d’une chaise. Sur le mur d’en face de l’entrée est accroché un cadran sur lequel s’inscrit le prix de la communication. J’appelle Jean-Philippe à l’hôtel La Charpinière, mais il n’y est pas, alors après avoir bavardé un instant avec le réceptionniste de l’hôtel, je ne peux pas faire moins, j’appelle à la maison où je le joins et je luis passe alors sa mère. Mais la communication coûte cher et je n’ai plus assez d’argent. Je ressors du poste pour emprunter de l’argent à Pierre qui a quitté le 4 x4 et s’est volatilisé dans la nuit. Je commence à paniquer. Pas de chauffeur, pas de voiture (c’est lui qui a les clés), plus d’argent en pleine nuit au milieu de gens que je ne connais pas et Annick qui continue de téléphoner à son fils en lui demandant pour la troisième fois si tout va bien essayant de déceler s’il ne ment pas en se laissant trahir par sa voix.

Je retrouve Pierre qui était parti s’acheter une pastèque. Il me prête l’argent et nous pouvons enfin rentrer à l’hôtel.

Le lendemain, le gérant de l’hôtel au volant d’un vieux 4 x 4 de couleur sable, nous emmène après le petit-déjeuner, visiter un village de pêcheurs situé à trois kilomètres de l’hôtel près du barrage. Les hommes du village veulent nous emmener faire un tour de pirogue. Ce doit être une tradition et un moyen pour eux de gagner quelques francs. Une fois tous les quatre montés, avec un rameur devant et un derrière, l’embarcation s’enfonce dangereusement et l’eau commence à entrer. Les Renard, prudemment nous quittent et montent sur une autre pirogue, non sans provoquer un tangage périlleux des deux embarcations, sous les rires des chefs d’embarcation et des enfants restés sur la rive. C’est sûrement très drôle pour des noirs de voir quatre blancs chahutés sur les eaux.

Nous nous éloignons rapidement de la rive, sous l’impulsion de nos rameurs qui veulent faire une course, mais nous ne sommes pas très rassurés et leurs demandons d’écourter la balade. Nous sommes ensuite accueillis au village des pêcheurs. On nous offre le thé, un peu trop sucré et des galettes. Notre ami Renard, contrarié par notre escapade maritime ne participe pas aux agapes. Il gardera la chambre, malade, ne mangeant rien (on nous avait préparé à l’hôtel un excellent poisson grillé, un capitaine dont il ne profitera pas.

mardi 15 juillet 2025

Au sujet du mensonge

 

Comme le lecteur le sait, s’il lit régulièrement mon Blog, je suis très préoccupé par le sujet, presque obsédé car je suis viscéralement réfractaire au mensonge, je suis incapable de  mentir, et j’ai bien conscience des dangers qu’il peut provoquer. Professionnellement, cela m’a mis parfois dans des situations embarrassantes.

Je l’ai déjà traité plusieurs fois et je l’ai regroupé dans un chapitre de mes Chroniques d’une décennie intitulé : Les mensonges *, mais je tiens à en reparler car la situation ne fait, hélas, que s’aggraver.

Le mensonge aujourd’hui en 2025 s’est développé d’une manière exponentielle avec ces nouveaux vecteurs que sont les algorithmes et l’intelligence artificielle, sous forme notamment de désinformation au service des plateformes comme X Twitter, utilisés par tous ceux qui veulent nous manipuler et nous arrivons alors à nous demander qui croire !

Comme disait la grande philosophe Hannah Harendt à l’époque du nazisme “Quand tout le monde vous ment en permanence, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges, mais que plus personne ne croit plus rien. Un peuple qui  ne peut plus rien croire ne peut se faire une opinion, il est privé non seulement de sa capacité d’agir, mais aussi de sa capacité de penser et de juger. Et avec un tel peuple vous pouvez faire ce qu’il vous plaît“

Le mensonge d’Etat a toujours existé et pour ne remonter qu’ à la Révolution Française, nous pouvons citer :

-La Grande Peur, vague de panique provoquée par des fausses rumeurs sur des brigands envoyés par des nobles réactionnaires s’apprêtant à piller les villages pour rétablir la monarchie absolue.

-Le soi-disant complot de prisonniers royalistes qui cherchent à s’emparer de la Capitale et seront exécutés par une foule en colère.

Durant la dernière guerre, la propagande nazie dont parle Hanna Harendt fut omniprésente et le régime communiste, dont parle Soljenitsyne ci-après, qui a cohabité et pris sa suite s’est bâti sur le mensonge selon le principe marxiste que la fin justifie les moyens, tous les moyens, s’entend. C’est pourquoi quand Monsieur Poutine, ancien du KGB s’exprime, nous ne pouvons pas le croire un instant sauf à deviner les messages qu’il veut faire passer et à qui ils sont destinés. Et quand son principal interlocuteur aujourd’hui prend la parole, monsieur Trump, menteur pathologique, on n’apprend jamais la vérité. Aux journalistes spécialistes de nous en révéler le sens caché s’ils sont, bien entendu, objectifs, ce qui est loin d’être toujours le cas et j’en parle longuement dans Les Chroniques d’une décennie 2014 2024**. J’ajoute que Monsieur Trump a été élu tout simplement parce que les américains étaient mal informés comme l’explique l’historien Ran Halevy dans son livre Le chaos de la démocratie américaine *** dont je conseille vivement la lecture.

Mais nous simples citoyens, à part nous lamenter, que pouvons-nous faire ?

-         Tout d’abord ne pas transmettre une information si on n’est pas sûr qu’elle soit exacte ou au mieux la transmettre au conditionnel.

“ Je n’ai pas la force, tout petit individu que je suis, de m’opposer à l’énorme machine totalitaire du mensonge, mais je peux au moins faire en sorte de ne pas être un point obligé du mensonge“ Alexandre Soljenitsyne.

Car comme dit cet autre grand esprit Albert Einstein :“Le monde est dangereux à vivre non pas tant à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire“ Ceux qui font le mal, ce sont ceux dont l’arme est notamment le mensonge et ceux qui laissent faire sont ceux qui se taisent.

-        Ensuite en dénonçant systématiquement les propos (pas les personnes) inacceptables, notamment ceux des responsables politiques, dans les moyens d’expression dont nous disposons comme ici mon Blog et oser parler de mensonge au lieu de contre vérité et ne pas dire de quelqu’un qui est insincère, mais tout simplement menteur.

-        Sans oublier la leçon de Socrate plus vivante que jamais. “Avant de parler, pesons nos mots avec sagesse. Si nos paroles ne portent ni vérité, ni bonté, ni utilité, ne vaudrait-il pas mieux les taire ? Apprenons à construire un monde où les mots soignent au lieu de blesser, éclairent au lieu d'obscurcir, et élèvent au lieu d'avilir.“

C’est peu, je le reconnais, mais comme le colibri dont je parle dans mon Blog  Soyons tous des colibris **** nous pouvons alors nous dire que nous avons fait notre part.

* Pages 137 à 152

**Les journalistes et l’information, pages 153 à 179 

*** Aux éditions Gallimard

**** Chroniques d’une décennie page 31

 

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