Il y a 10 ans, cette jeune femme qui en avait alors
seulement 19, a abandonné ses
études d’ingénieur en électricité
et chimie à l’Université de STANFORD
en Californie, alors qu’elle était major de sa promotion, pour créer sa propre
entreprise.
C’est devenu, disons le en passant, presque un phénomène de mode aujourd’hui. Même
le gouvernement socialiste français qui surfe sur la mode, (il n’est pas le seul) veut inciter les
étudiants à créer leur propre entreprise. Je renvoie le lecteur à mon précédent
article : Entreprises :
Faut il croire aux déclarations d’amour des responsables politiques. ?*
Elizabeth HOLMES, avant de démarrer son entreprise s’est posé la question suivante : « que puis je
faire pour changer le monde et améliorer réellement la vie des gens ? »
Une question que l’on se pose sincèrement quand on a 20 ans, rarement plus
tard. Elle ne s’est pas contentée de la poser, elle a décidé d’y répondre. Pour
cela, elle a choisi comme champ d’action les examens sanguins qu’elle
a voulu rendre plus simples et confortables, plus accessibles et disponibles à tout moment, enfin meilleur marché. »
Son entreprise, elle l’a appelé THERANOS.
Tout d’abord il faut souligner que l’enjeu économique est
très important. Aux Etats Unis, sont effectués des milliards d’analyse sanguine chaque année qui coûtent des milliards de dollars. D’autre part, les prélèvements sont considérés comme agressifs
par toutes les personnes qui craignent les aiguilles comme Elizabeth HOLMES qui
en a, elle-même, une peur bleue, ce qui explique en partie son choix. En
conséquence la moitié des américains ne font pas faire les analyses que leur
prescrivent leurs médecins. Une autre raison est certainement aussi la
négligence et la crainte de découvrir des anomalies plus ou moins graves.
Simplicité et confort : Le prélèvement de sang
se fait sur un doigt et d’une manière pratiquement indolore, les quantités
prélevées sont très faibles. Ce qui a obligé la société THERANOS à développer des nouveaux systèmes
d’analyse chimique pour leurs traitements. Avec une seule goutte de sang, 30 tests peuvent être
pratiqués.
Disponibilité et accessibilité : Pour être près
des gens, Elizabeth HOLMES s’est
associée à la plus grande chaine
de pharmacies, WALLGREEN’s qui
possède plus de 8500 officines dans le pays et dans lesquels ont été installé un lieu de prélèvement, appelé « Centre de
Bien Etre THERANOS ». Les résultats sont envoyés par courrier électronique
dans un délai de 4 heures.
Coût : Les prix des analyses sont 50 % moins cher que ceux remboursés
dans le cas de l’assurance maladie ( Medicare).
L’ avantage de pouvoir ainsi pratiquer plus souvent
des analyses sanguines est de
recueillir des informations plus rapides
sur l’efficacité des médicaments. Elle permet aux firmes
pharmaceutiques de mieux
ajuster les doses prescrites. Par
ailleurs avec le même échantillon de sang prélevé, des analyses complémentaires
peuvent être faites à la demande du médecin sans qu’un nouveau prélèvement soit
nécessaire.
Enfin si les gens réalisent plus fréquemment des analyses de
sang, les maladies pourront être détectées plus tôt, y compris certaines formes
de cancer dont l’évolution peut
maintenant être suivie.
Elizabeth HOLMES a su pour développer son entreprise
s’entourer de personnalités de premier plan comme l’ancien secrétaire d’Etat
Henry KISSINGER. Elle a su aussi attirer des investisseurs privés – chose
beaucoup plus aisée aux Etats Unis qu’en France - Tout en conservant la moitié
du capital de 9 milliards de dollars, ce qui en fait la femme la plus jeune des
Etats Unis à être devenu milliardaire par ses propres moyens et non pas en
héritant.
En plus de ses qualités de manager, elle a une foi inébranlable
dans ce qu’elle fait, ce qui caractérise d’ailleurs tous les entrepreneurs qui
réussissent. Elle a aussi une très grande force de conviction puisée dans cette
foi.
Son aventure s’inscrit en marge d’un vaste mouvement de création dans la Silicon Valley de starts ups qui développent plusieurs types d’ appareils qui mesurent différentes fonctions du corps grâce à la connexion avec des
téléphones « intelligents », fournissant ainsi des données aux médecins et
aux laboratoires ainsi qu’à leurs
utilisateurs. Cela dans le cadre d’une médecine de plus en plus personnalisée et connectée.
Elizabeth HOLMES n’a pas agi pour simplement devenir très
riche par ses propres moyens, l’argent n’est qu’un moyen, pas une fin en soi, et l’enrichissement personnel n’est qu’un des effets
collatéraux, heureux sans plus. Elle agit pour le bien des autres et aussi, sans qu’elle
l’ait pensé au début, révolutionner le système de santé aux USA et peut être
demain celui d’autres pays.
ENSEIGNEMENTS
1/ « Je suis jeune, il est vrai, mais aux âmes bien
nées, la valeur n’attend pas le
nombre des années », faisait dire CORNEILLE à Rodrigue dans le Cid. De même que ses aînés, Steve JOBS
et Bill GATE, Elizabeth HOLMES a
prouvé qu’il n’était pas
indispensable d’avoir obtenu terminé ses études et obtenu des diplômes
prestigieux pour entreprendre avec succès.
2/ Il est
urgent qu’en France soit encouragé et facilité le recours aux investisseurs
privés, comme aux Etats Unis pour que nos jeunes entrepreneurs ne soient pas
obligés, comme c’est le cas actuellement, de partir Outre Atlantique pour
trouver des investisseurs privés.
3/ Le succès de
cette jeune femme s’explique par le fait qu’elle a osé s’ attaquer - plus ou moins consciemment au début - à un défi majeur de notre
société développée ; celui de
l’amélioration constante de la
santé des individus voulue par ceux-ci couplée à l’allongement permanente de leur
durée de vie ( un trimestre par an d’espérance de vie) avec l’absolue nécessité
de juguler l’augmentation inéluctable des dépenses qui lui sont consacrées.
* Les temps ont bien changé ! Quand j’ enseignais à l’EM Lyon dans les années 70, j’avais
crée en 3° année un cours de création d’entreprise - j ‘avais appris que
30% des élèves qui sortaient d’Harvard ,mon Université américaine de référence, créaient la
leur. - Je n’avais pas alors été soutenu par
mes collègues, bien au contraire. Ceux-ci considérant que les jeunes diplômés
devaient impérativement aller se former dans les entreprises avant de créer
éventuellement la leur. Enseignement
qui fut plus tard repris par HEC.
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