Au début furent inventés les
hospices, simples lieux d’hébergement des malades et des indigents. Avec les
progrès de la médecine et de la chirurgie, les malades ont pu y être soignés et
même guéris pour certains. Les hôpitaux modernes ont commencé à leur succéder
avec la création de plateaux techniques comprenant des blogs
opératoires, des locaux de consultations et d’examens notamment radiologiques. Puis
des méga centres hospitaliers, notamment les CHR, centres hospitaliers
régionaux, se sont constitués, flattant l’orgueil des élus locaux, en premier
lieu, des maires, présidents de leurs conseils d’administration ainsi que celui de leurs responsables hospitaliers, administratifs et médicaux.
Leur importance était mesurée, et l’est
encore aujourd’hui en grande partie, au nombre de leurs lits. C’est pour cela
qu’ils rivalisèrent: à qui serait le plus
grand, jusqu’à créer au nom de l’hospitalo-centrisme, longtemps, en cour des
monstres ingérables et fort coûteux. De plus leur budget de fonctionnement,
jusqu’à la mise en place récente de la tarification à la pathologie, était
calculé sur le nombre de journées qu’ils avaient réalisées et non sur leur activité
réelle.
Depuis quelques années une
tendance très lourde est apparue accentuée par la mise en place de la
tarification à la pathologie : les séjours dans les hôpitaux diminuent et
dans certains cas disparaissent, rendant
inévitable la fin de l’hôpital hébergeur.
Celui-ci à l’avenir sera essentiellement constitué de plateaux techniques et de
quelques services spécialisés comme ceux des soins intensifs et de la
réanimation et l’accueil des urgences.
Deux modes de prise en charge
nouvelles ont vu le jour et vont
remplacer de plus en plus l’hospitalisation traditionnelle, l’ hospitalisation temporaire-
au maximum, la journée- pour la chirurgie et l’hospitalisation à domicile pour
la médecine.
La chirurgie ambulatoire Les progrès de l’anesthésie réanimation et
des techniques chirurgicales comme la coelioscopie ont facilité les
interventions permettant au malade opéré de rentrer chez lui le jour même de
son intervention. Dans mon article du 8 Juin 2014 intitulé : Nécessité fait Loi : Le cas de la chirurgie ambulatoire, j’ai exposé
les avantages de cette pratique pour les malades et pour le budget de l’
Assurance Maladie.
L’hospitalisation à domicile.
Les malades peuvent recevoir chez eux les mêmes soins qu’à l’hôpital. Outre
l’avantage insigne qu’elle représente pour eux, elle est nettement moins chère, quand on compare son coût à celui d’un
service de médecine.
Pourquoi la France prend du retard
Le gouvernement confronté au
déficit de la Sécurité Sociale voudrait développer ces deux alternatives à
l’hospitalisation qui lui permettraient de réduire d’une manière significative
les dépenses d’hospitalisation qui représentent 50% des dépenses totales de
santé. Mais la tâche est très ardue. Un rapport conjoint de l’IGAS ( Inspection
Générale des Affaires Sociales) et de l’IGF ( Inspection Générale des
Finances) cité par le journal Le Point,
relève que de 2007 à 2013 la croissance de la chirurgie ambulatoire n’ a pas
été significative contrairement à ce qu’avait espéré le gouvernement et que les
objectifs qu’il s’était fixé ne seraient pas atteints. J’ai expliqué dans mon
article du 8 juin pourquoi les cliniques
privées, essentiellement de province, avaient développé cette chirurgie
exigeante, le manque de lits freinant leur activité et en premier lieu celle
des chirurgiens rémunérés en fonction de celle-ci. Pourquoi leurs collègues du
secteur public les imiteraient-ils, - pas d’intérêt, pas d’action -sauf si leurs malades l’exigent et qu’ils risquent de leur préférer un
chirurgien du privé . Quant à l’hospitalisation à
domicile, très en retard par rapport à d’autres pays ce ne sont pas les
médecins salariés qui peuvent en être le fer de lance, comme l’ont été en leur
temps les chirurgiens libéraux pour la chirurgie ambulatoire.
Mais le frein le plus puissant au
développement de ces alternatives à l’hospitalisation traditionnelle; est le
manque courage de nos responsables politiques, en premier lieu la Ministre de
la Santé. Ils ont peur d’affronter l’opposition conjuguée des syndicats et des
élus locaux car la réduction des dépenses se traduira inévitablement par des
suppressions de poste, notamment, voire des suppressions d’établissements. Ils
ont peur de la rue, comme leurs prédécesseurs et ils ne veulent pas se risquer
d’être impopulaires et compromettre alors gravement leur carrière.
Cette remarque vaut hélas pour
toutes les réformes importantes dont notre pays a besoin.
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