Au
moment où la France célèbre, à un jour d’intervalle,
dans une belle unanimité un peu suspecte de la classe politique, le début de la
première guerre mondiale et
le centenaire de la mort de celui
qui ne put malgré tous ses efforts l’empêcher, il est opportun de rappeler à ceux qui l’ ignorent comme à ceux qui voudraient l’ignorer, que Jean JAURES fut le plus brillant des avocats de la cause entrepreneuriale.
Pour
preuve, il écrivit ceci * :
«
Lorsque les ouvriers accusent les patrons d’être des jouisseurs qui veulent
gagner beaucoup d’argent pour s’amuser, ils ne comprennent pas bien l’âme
patronale. Sans doute, il y a des patrons qui s’amusent, mais ce qu’ils veulent
avant tout, quand ils sont vraiment des patrons, c’est gagner la bataille. Il y
en a beaucoup qui en grossissant leur fortune, ne se donnent pas une jouissance
de plus ; en tout cas, ce n’est point surtout à cela qu’ils songent. Ils
sont heureux quand ils font un bel inventaire, de se dire que leur peine
ardente n’est pas perdue, qu’il y a un résultat positif, palpable et que de
tous les hasards, il est sorti quelque chose et que leur puissance d’action est accrue. »
Qu’ajouter
un siècle plus tard à cette définition de l’âme patronale, sinon que les vrais
patrons dont ils parlent, sont aujourd’hui très nombreux : l’artisan,
l’artiste non subventionné, le commerçant et le membre d’une profession libérale non protégés par des
exclusivités ou un numerus
clausus, des chefs d’entreprise et des agriculteurs. Par contre ceux qui
s’amusent comme il dit, surtout avec l’argent des autres, notamment l’argent
public, ont proliféré. Le drame, c’est qu’ils sont tous défendus par un seul
syndicat patronal et qu’en face, les syndicats ouvriers dans un amalgame facile
et commode confondent les premiers
avec les seconds, soutenus en cela par des hommes politiques, étrangers au
monde de l’entreprise qui ne s’adressent à ses chefs que les veilles d’élections et des intellectuels qui,
contrairement à Jean Jaurès, n’ont
même pas essayé de comprendre l’âme patronale.
*
Dans la Dépêche de Toulouse du 28 Mai 1890 et sous le titre « Les misères
du patronat » repris par le magazine Histoire et que je cite dans «
Mérites tu vraiment ton salaire ? »
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