Dans « Mérites tu vraiment ton
salaire ? » p. 27 et 28 : je rappelle quelques faits : 2 morts par jour dus à des
accidents du travail, 8 à l’amiante et 2 millions et demi de salariés
exposés à des substances cancérigènes, causes de 5 à 10 % des seuls cancers diagnostiqués. Les ouvriers, qui non seulement vivent moins longtemps
que les cadres et les fonctionnaires – une dizaine d’années - mais passent plus de temps qu’eux en
mauvais état de santé. Pour ne
prendre que les maladies cardio-vasculaires, ce sont les catégories sociales
les plus modestes dont ils font partie qui sont le plus touchées.
Il
n’est pas nécessaire d’être de gauche pour soutenir une mesure de justice sociale attendue depuis trop
longtemps : celle de la prise en compte de la pénibilité dans la
rémunération des salariés. Qui oserait soutenir qu’il est normal que la durée
de vie des ouvriers soit plus courte, qu’ils ne profitent donc pas ou peu de
leur retraite, et qu’il ne faille rien faire pour essayer de compenser ce lourd
handicap !
Le
gouvernement a voulu instaurer la mise en place d’un
compte pénibilité dans les
entreprises pour les salariés qui devrait leur permettre, en fonction des points
obtenus, de partir plus tôt en retraite, de travailler en temps partiel en
préservant leur salaire en fin de carrière ou encore de bénéficier de
formations pour se reconvertir.
Il
a du différer sa mise en place, au
grand dam des syndicats, devant l’hostilité des patrons. Ceux, notamment des PME et des TPE, qui
se plaignent de la complexité
d’attribution de ces points en fonction des nombreux facteurs en prendre en
compte, du travail de nuit à l’exposition aux substances chimiques, - ce qui
est vrai - et que ce sont eux qui
doivent financer ces comptes par une augmentation de leurs cotisations - ce qui n'est pas juste. Par contre leur responsabilité est totale dans l'organisation du travail, l'amélioration permanente de ses conditions d'exercice et le respect des règles de sécurité, ce qui n'est pas toujours le cas.
Par contre, ce sont les consommateurs
de biens et services fournis en tout en partie par des salariés travaillant
dans des conditions pénibles et
parfois dangereuses pour leur
santé, voire mortels dans certains cas, qui doivent naturellement en supporter
le surcoût, ce qui signifie que
les entreprises doivent le répercuter sur leurs prix de vente.
Je
regrette profondément que cette réforme ne fasse pas l’ objet d’un très large consensus national, au
delà des clivages politiques, pour réparer une des plus criantes injustices envers des catégories de français qui, eux, ne
descendent pas dans la rue et n’ont pas le privilège de pouvoir bloquer les
transports ferroviaires, aériens, urbains et maritimes ou interdire les
festivals d’été pour faire céder
les Pouvoirs Publics.
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