J’ai relu à
l’occasion de l’écriture de l’
article précédent l'ouvrage « La volonté de guérir » de Norman Cousins publié en 1980 (de l'intérêt d'avoir une bibliothèque pas uniquement décorative dans son salon !) . Ses
découvertes sur les vertus du rire dont j’ai parlé et auquel il a consacré un ouvrage que j'a déjà cité et sur l’effet placebo sont aujourd’hui, grâce notamment à
l’IRM alors pas encore opérationnelle, totalement confirmées et donc indiscutables. Mais il parle aussi dans un chapitre qu'il a intitulé Créativité et
Longévité de ses rencontres avec deux personnages hors du commun : Pablo Casals
et Albert Schweitzer qui sont très instructives.
Le célèbre
violoncelliste à 90 ans, accablé par les infirmités, chaque matin quittait sa chambre à petit pas, le dos voûté,
le souffle court, et s’approchait très lentement de son piano, soutenu par
sa jeune épouse. Il s’asseyait à grand peine sur le tabouret et posait sur le clavier ses mains aux doigts gonflés et crispés
et le miracle alors, comme chaque matin, se produisait. Ses doigts se desserraient lentement et venaient caresser les touches, son dos se redressait, il semblait mieux respirer. Au fur et mesure que
les mesures du Clavecin bien tempéré de Jean Sébastien Bach
s’envolaient, Pablo Casals
ressuscitait. Le miracle se reproduisait l'après midi quand il prenait dans ces bras son violoncelle et faisait corps avec lui.
Le non moins
célèbre médecin de Lambaréné, à
plus de 90 ans, travaillait sans relâche dans son hôpital et pour se reposer jouait, lui, sur son piano la Toccata et Fugue en ré mineur de Jean Sébastien Bach. Pour lui, disait-il, « le
meilleur remède devant la maladie
était la conscience qu’il avait une tâche à accomplir ». Il avait dit un jour à son personnel : "Je n'ai aucune intention de mourir tant que je pourrai faire quelque chose. Et si je peux faire quelque chose je n'ai pas besoin de mourir. Je vivrais donc très longtemps.". Il vécut en effet jusqu'à 95 ans. Tous les
deux étaient très attentifs aux autres.
Récemment décédée,
Rita Levi Montalcini, neurologue italienne, prix Nobel de Physiologie en 1986,
à 100 ans passés, se rendait chaque jour
à son laboratoire. Elle avait coutume de dire : « Il mio corpo fa quello che vuole, io sono
la mente ». Mon corps fait ce
qu’il veut, je suis l’esprit. Pour elle, le meilleur remède était de ne pas
trop se soucier de son corps. De ne pas le laisser diriger sa vie.
La leçon qu’ils nous donnent est qu’il faut donner toujours un sens et un but à sa vie, être utile aux
autres, jusqu’à son dernier souffle. Casals, Schweitzer, Levi Montalcini ont sans cesse œuvré, chacun dans leur domaine, à leur manière, pour le bien des
hommes et , heureusement pour ceux-ci, ont vécu
très longtemps.
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