J’avais
intitulé mon article à mon retour de San
Francisco : « Pour l’amour du risque », faisant ainsi allusion à
une célèbre série télévisée américaine.
A mon retour de Londres, je préfère l’intituler
simplement : L’acceptation du
risque, notamment pour les français qui y travaillent. Ils seraient actuellement
400 000. Les offres d’emploi y sont nombreuses et c’est pour cela que les
français et d’autres ressortissants de pays étrangers s’y ruent. Cependant le
risque qu’ils courent est de se retrouver sans emploi. En effet les
indemnisations en cas de chômage sont très faibles quel que soit le montant du
salaire perçu : 400 livres sterling par mois, soit environ 500 €
(très proche du RSA) et seulement sur
une durée maximale de 6 mois. Etant donné le coût de la vie à Londres, il est
indispensable de retrouver très vite un job, même si celui-ci ne correspond pas
forcément à vos souhaits et le salaire à vos prétentions. Les français que j’ai
rencontrés m’ont paru heureux et n’envisageaient pas de rentrer à la maison.
Ils étaient optimistes. Il est vrai qu’ils étaient souvent jeunes et beaucoup
d’entre eux diplômés.
Le hasard a
voulu que je sois arrivé le lendemain de
la visite de notre premier ministre venu déclarer sa profession de foi « pro
business » dixit, dans la capitale de la Finance Internationale. Il
souhaitait rassurer les chefs d’
entreprise britannique et les inviter à
venir investir en France. Surréaliste, quand on se souvient des diatribes de son Président contre son
ennemi juré, la Finance, et de celles,
non moins virulentes, de son ancien collègue du gouvernement Montebourg contre
les Patrons, notamment étrangers ! La
Presse anglaise n’a pas manqué le lendemain d’ironiser sur la taxe à 75%,
marque indélébile de ce gouvernement
et de comparer non sans un certain plaisir :
le taux d’augmentation prévue du PIB en 2014 : 0,4% pour la France et 3,2%
pour la Grande Bretagne.
: le taux de
chômage dans les deux pays : 10, 3 % dans le nôtre contre 6,7 % pour le leur. Notre premier
ministre a expliqué devant les journalistes que notre pays avait fait le choix
d’un chômage très important et très bien
rémunéré. Notre pays, en fait nos dirigeants politiques successifs et nos syndicats.
Dans le même temps la Presse s’indignait de l’état déplorable du système
de santé britannique à court de financement, le NHS, National Health Service tandis que des infirmières en grève
manifestaient devant BIG BEN. La
suppression d’au moins 500 000
fonctionnaires ces dernières années s’est fait sentir dans le fonctionnement des services publics. Ce
n’est pas l’austérité à la française! Les listes d’attente dans les hôpitaux sont longues et il faut être patient pour avoir un rendez - vous chez son médecin . Là où il y avait parfois 5 médecins généralistes, il n’en reste plus
qu’un. Quand on est anglais on peut facilement s’expatrier et gagner plus
d’argent que dans le Service National.
Les magasins
sont ouverts le dimanche. Tout en déambulant – les magasins, même si on n’ y entre pas pour faire des achats, nous exposent
leurs devantures et animent la ville- j’ai repensé au sketch de Fernand
RAYNAUD : « Sunday Close », se moquant
de l’atonie de la vie dominicale d’alors où tous les commerces étaient
fermés. Les temps ont décidément bien changé !
Je n’ai pas
pu éviter de rencontrer des français ,alors que je voulais surtout améliorer ma
pratique de la langue anglaise qui en a bien besoin, qui étaient très nombreux , surtout concurrencés en nombre
par des italiens. C’est dans les transports en commun, les bus, que j’ai
pu échanger dans la langue de Shakespeare avec d’autres passagers de différentes
nationalités.
Les musées
sont tous gratuits et il n’y a pas de queues interminables pour y accéder. Les
taxis sont certes d’un confort sommaire, mais par contre ils sont aisément accessibles. Un pass vous
permet de prendre le bus, le métro et même la navette sur la Tamise. Une légère
appréhension nous saisit quand, nous devons nous restaurer
en Angleterre. Les temps là aussi ont changé, la nourriture comme dans toutes
les grandes métropoles s’est aujourd’hui
standardisée. Dans les restaurants nous
retrouvons les mêmes plats qu’en France. Exception faite des célèbres Fish and
Chips qui méritent d’être découverts. Les
pubs londoniens valent le détour. Le
vendredi soir, ils débordent sur les trottoirs où la chope de bière à la main,
les employés de la City, de Covent Garden et d’autres quartiers d’affaires de
Londres fêtent le début du week- end. Ils évacuent ainsi leur stress
disent-ils.
Le flegme
britannique n’est pas une légende. Je l’ai rencontré alors qu’il pleuvait
averse sur Saint James Park et que des messieurs habillés comme des lords
stoïquement marchaient dans la rue et que les horse guards immobiles sur leurs montures ne se laissaient
pas un instant distraire par les facéties des touristes faisant des selfies et ne modifiaient pas leur position
d’un millimètre. La vie culturelle est intense et foisonnante. Les londoniens
sont fous de théâtre. Dans son livre
JONSHON’LIFE OF LONDON* du maire actuel de La capitale, Boris Johnson, que je
vous conseille de lire, il révèle qu’ à
l’époque de Shakespeare, sur une population de 200 000 habitants, le tiers
de la population adulte assistait chaque mois à une pièce de théâtre.
Il n’est pas
très agréable de se retrouver souvent à Trafalgar Square, centre névralgique de la ville et d’
emprunter le Waterloo Bridge après être passé près de la
Waterloo Station . Pourquoi pas une Azincourt Street ou un Fachoda Park, mais peut être
existent-ils ? Il n’est pas non
plus très plaisant de voir et entendre les français tourner en ridicule par des
comédiens sur la scène d’un théâtre londonien se moquant de la pièce « Les Misérables » (qui
tient l’affiche à Broadway depuis de
très nombreuses années) sur l’air de « C’est magnifique ! ». Mais
certainement que la grande majorité des français touristes ou résidents
ignorent Trafalgar, Waterloo ou Azincourt comme ils n’ont jamais entendu parler
de Fernand Raynaud. Cette franche rivalité
entre nous et les anglais remonte très loin dans le temps. Boris Johnson, toujours dans son livre sur Londres, raconte que Guillaume le Conquérant, duc de
Normandie, sacré roi d’Angleterre en 1066 ne parlait pas l’anglais et que le
français fut imposé et utilisé par les classes dirigeantes pendant au moins
trois siècles. On utilisait alors le mot anglais pour parler d’un animal à la
ferme dont s'occupaient les paysans et le mot français pour cet animal
cuisiné pour les classes dirigeantes ; ainsi pour la vache, cow et beef ou pour le porc pig et pork.
A la
télévision, indispensable à regarder si on veut apprendre la langue du pays, -
je conseille de faire apparaître au bas de l’écran en appuyant sur le bouton
« subtitles » les paroles écrites
en anglais destinées aux malentendants et qui nous aident à nous jouer des accents et des prononciations
- les principales informations en boucle concernaient l’épidémie Ebola et
surtout la victoire électorale dans la circonscription de Clacton, station
balnéaire située à une centaine de kilomètres à l‘est de Londres,, du Front National anglais, l’ UKIP, United
Kingdom Independance Party. Lequel combat deux adversaires,
l’Europe (et à travers elle la mondialisation) et l’Immigration. De nombreux reportages également sur le Congrès
du Parti Liberal - démocrate, notre UDI.
Qui veut continuer à exister et à faire ou défaire des majorités, soit avec les
conservateurs comme aujourd’hui, soit avec les socialistes peut être demain. Egalement
sur le projet de taxation des
« manshions » des
demeures d’une valeur supérieure à
2 000 000 £. Les débats sur ce sujet rappelant beaucoup ceux que nous
avons connus lors de l’instauration chez
nous de l’ISF.
On le voit,
beaucoup de points communs entre nos deux pays, mais une différence
essentielle, une plus grande acceptation des risques, une plus grande liberté d'entreprendre chez nos amis anglais et partant un plus grand dynamisme. Quant à la
ville de Londres, elle-même qui n’est pas
l’Angleterre comme Paris n’est pas la France, elle est très séduisante à bien
des égards, elle mérite d’être
découverte et certainement qu’une visite de seulement quelques jours ne suffit pas.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire