Un Honnête homme quand il est
patron doit non seulement développer son entreprise, rémunérer ses actionnaires,
quand il en a, et créer des emplois, si possible, pérennes. Il doit aussi
vis-à-vis de ses salariés et de son environnement obéir à plusieurs
commandements et vis-à-vis de tous, être irréprochable.
Vis-à-vis de ses salariés
Les rémunérer selon leurs mérites
respectifs
Il faut que les salariés de
l’entreprise puissent voir leurs mérites récompensés individuellement ou ce qui
est souvent préférable, chaque fois que cela est possible, collectivement dans
le cadre d’une équipe ou d’un service pour privilégier le travail en groupe. Le
patron aura toujours intérêt à avoir des collaborateurs plus motivés qui seront
plus productifs. Une fois plus, là encore, le vice rejoint la vertu…
Donner de l’intérêt et du sens à
leur travail
Le salarié ne se contente pas
d’être bien rémunéré, il faut qu’il trouve de l’intérêt et du sens à ce qu’il
fait. La parcellisation des tâches, le travail à la chaîne et l’informatisation
ont fortement dévalorisé le travail. Il faut donc que le chef d’entreprise,
chaque fois que cela est possible le revalorise en développant notamment la
polyvalence grâce à la rotation des postes et en donnant la possibilité au
salarié d’être autonome en lui laissant une certaine liberté pour s’organiser.
Le salarié souhaite aussi que son patron utilise pleinement ses compétences et
lui permette de les développer. Ce dont nous avons parlé dans l’Honnête
homme et le travail.
L’Honnête homme chef
d’entreprise doit considérer ses salariés, eux-aussi, comme des Honnêtes
hommes.
Fustigeant une fâcheuse tendance
que nous avons à médicaliser les maux du travail, Pierre Eric Sutter, psychologue
du travail affirme : « Ce dont les français ont plus besoin, c’est
de sens, pas de soins »
Pour que le chef d’entreprise donne
du sens au travail de ses salariés il faut qu’aux yeux de ceux-ci la stratégie
de l’entreprise soit lisible et qu’il en donne une image valorisante à
l’extérieur dont ils puissent être fiers. Enfin les salariés non seulement doivent être
fiers de leur entreprise, mais si possible l’aimer et en être les ambassadeurs
à l’extérieur et qu’elle soit en phase avec leurs valeurs.
Bien évidemment, toutes les
entreprises ne sont pas logées à la même enseigne. Certaines ont une finalité
plus évidente que d’autres et pour lesquelles il est plus facile de donner un
sens à l’action.
Personnellement, j’ai eu la
chance de diriger une société de conseil spécialisée dans la gestion
hospitalière dont la finalité était évidente, celle d’améliorer la qualité des
soins et je n’avais pas à l’expliquer à mes collaborateurs le sens de notre action.
Leur assurer un minimum de
sécurité et de perspectives d’évolution
Nous ne pouvons pas vivre dans
une totale insécurité, qu’elle soit bien réelle ou seulement ressentie.
Même les plus dynamiques et
entreprenants d’entre nous avons besoin d’un minimum de sécurité pour agir.
Dans son ouvrage prémonitoire « Le Choc du futur » publié dans les
années 70, Alvin TOFFLER écrivait que l’homme a besoin, dans un monde en
perpétuelle agitation, d’un îlot de stabilité. Celui-ci pourrait être la famille, mais c’est
aujourd’hui loin d’être toujours le cas, car elle aussi soumise à de fortes
perturbations. Reste l’entreprise le plus souvent dont le chef, s’il est un
honnête homme, ne doit pas aggraver cette instabilité en utilisant ses salariés
comme de simples « variables d’ajustement. » sauf si la vie de
l’entreprise est en jeu et avec elle le maintien de l’emploi d’une partie du
personnel.
Leur témoigner reconnaissance et
considération
De même que nous ne pouvons pas
vivre sans un minimum de sécurité, nous ne pouvons pas vivre sans que notre
utilité sociale, mais aussi professionnelle soit reconnue. Trop de salariés ont
aujourd’hui le sentiment de ne plus être utile à l’entreprise puisqu’elle peut
par exemple délocaliser son activité à l’étranger et ainsi les priver d’emploi.
La reconnaissance du travail
accompli peut se traduire de plusieurs manières : par une augmentation de
salaire, par une promotion, mais aussi et surtout par l’intérêt que portent les
autres sur ce que nous faisons. Le salarié veut entendre de la bouche de ses
collègues et en premier lieu de son patron ce compliment : « Tu as
bien travaillé »
Comme patron, je n’ai pas
toujours su féliciter mes collaborateurs chaque fois qu’ils le méritaient tandis
que je ne me privais pas de les morigéner dans le cas contraire. Avec le recul et
aujourd’hui éloigné du champ de bataille, je m’interroge posément sur mon
attitude. A ma décharge, personne dans mon entourage m’a conseillé d’agir
autrement et pendant mes études supérieures, aucun professeur ne m’a enseigné
l’art d’être patron, mais encore eut-il fallu qu’il le connaisse. Professeur à
mon tour de financement et de créations d’entreprise à l’EM de Lyon, je n’ai
enseigné à mes élèves que des techniques. J’aurais l’occasion de revenir sur le
rôle défaillant de l’enseignement supérieur et de l’école en général.
Tout patron expérimenté sait
qu’une demande d’augmentation de salaire est parfois une fausse barbe derrière
laquelle se cache une insatisfaction profonde et en premier lieu un manque de
reconnaissance.
L’écrivain Hervé BAZIN qui
connaissait bien la nature humaine et nous sen fait profiter dans ses romans,
tout au moins à ceux d’entre nous qui aimons les livres, affirmait :
« Les gens ont soif de
considération bien plus que de mérite »
Nous aurons l’occasion de
revenir sur le manque de considération, d’indifférence, voire de mépris dont
doit se garder tout Honnête homme dans ses relations avec les autres,
notamment avec ceux qu’il peut juger inférieurs à lui dans l’échelle sociale.
Nous verrons dans un prochain
chapitre quel doit être le comportement de l’Honnête homme vis-à-vis cette fois
de son environnement et comment doit-il être irréprochable.
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