Après que nous ayons vu qu’il devait obéir à plusieurs
commandements vis-à-vis de ses salariés, nous examinons maintenant le rapport de l’Honnête
homme à l’environnement et son comportement vis-à-vis des autres qui doit être
irréprochable.
Vis-à-vis de son environnement.
Pratiquer le mécénat humanitaire et social ainsi
que le bénévolat.
Nous devons nous interroger sur ce que l’Honnête homme, chef
d’entreprise, fait de l’argent que gagne son entreprise comme nous nous sommes
interrogés dans l’Honnête homme et l’argent sur ce qu’il faisait
de son argent personnel. Mais aussi de ses compétences.
Les bénéfices de son entreprise sont consacrés aux
investissements (les emplois et les profits du futur, aux actionnaires sous
forme de dividendes, s’il en a, et aux salariés sous forme d’intéressement) Les
bénéfices peuvent être utilisés en partie pour financer des actions de mécénat
comme le font certaines grandes entreprises à travers des fondations qu’elles
créent à cet effet. Ainsi le Groupe Danone qui a créé Danone Communities,
désigné comme un incubateur de « social business ». Il finance des
entreprises locales dans les pays en voie de développement et apporte son savoir
faire grâce à un réseau d’expert. Par exemple au Sénégal où il apporté des fonds
et un appui technique (formulation produit, marketing, production et
commercialisation) à un jeune
vétérinaire autochtone pour construire une laiterie récoltant le lait de 800 éleveurs pour le distribuer à
5 300 points de vente.
Les entreprises qui pratiquent ce mécénat humanitaire peuvent
aussi en tirer profit car leurs équipes intervenant dans des régions aux
infrastructures le plus souvent inexistantes doivent apprendre à s’adapter.
L’entreprise doit aussi pratiquer le mécénat social, sans
oublier le mécénat culturel et sportif ainsi que le bénévolat. Ce dernier a l’avantage de faire participer
activement ses salariés, qu’ils soient de compétence ou ne nécessitant pas de
qualification particulière.
Dans une perspective futuriste qui intègre l’environnement,
je citerai Roger GODINO,* fondateur de l’INSEAD et père de la CSG:
« L’entreprise doit résulter d’un contrat
fondateur entre les apporteurs de capitaux, les salariés, les sous-traitants,
les clients, les associations partenaires gardiennes de l’environnement et de
la cohésion sociale »
S’ouvrir au monde enseignant
Un partenariat avec les lycées et collèges.
Les français sont nuls en économie et n’ont pas toujours une
bonne opinion de leurs entreprises. Une étude réalisée par la SOFRES, il y a
quelques années, avait révélé que seulement 7% de nos compatriotes admettaient
comprendre les mécanismes économiques. J’ai été témoin tout au long de ma
carrière de cet état de fait, notamment chez les médecins que je fréquentais
régulièrement. « L’état de l’enseignement de l’économie est une catastrophe
et il est responsable du blocage social dans notre pays » déclarait
Michel ROCARD, effrayé de constater chez les lycéens leur vision de l’économie
poussée à un tel degré d’abstraction et de dogmatisme qui leur interdisait
toute utilisation dans la vie sociale.
Cette faillite s’explique par le fait que les professeurs
sont trop éloignés du monde de l’économie réelle et des entreprises privées
dont ils donnent une image incomplète et trop souvent négative.
C’est pourquoi il faut que les jeunes gens découvrent le plutôt
possible, la spécificité de l’entreprise et le contexte économique dans lequel
elle évolue. Les patrons d’entreprise et en premier lieu, l’Honnête homme,
chef d’entreprise doit ouvrir grandes ses portes aux élèves et à leurs professeurs.
Une association avec les Universités et les Grandes Ecoles.
D’une part les universités ont maintenant pour mission
l’insertion professionnelle de leurs étudiants et d’autre part les entreprises
ne peuvent pas se désintéresser de la formation de leurs futurs cadres. C’est
donc tout naturellement qu’ils doivent collaborer.
Donner leurs chances aux jeunes.
Trop de patrons en particulier de petites entreprises
refusent d’embaucher des apprentis au prétexte qu’ils leur font perdre leur
temps, qu’ils ne savent rien, qu’ils ont un mauvais esprit…dans les écoles on
leur a surtout appris le droit du travail..Ils n’ont pas toujours tort car les jeunes
gens qui viennent apprendre sur le terrain leur métier ne sont pas tous préparés,
motivés et soutenus par leurs parents. Notons cependant pour s’en féliciter que
la nouvelle équipe gouvernementale a encouragé l’apprentissage qui aujourd’hui
se développe.
Vis-à-vis de tous
Etre irréprochable
Dans une enquête certes un peu ancienne, à la question :
Pensez-vous que pour arriver au sommet, il est nécessaire d’être corrompu,
52.6% des français avaient répondu par l’affirmative contre 13.4% en Norvège et
22.3 % aux Etats-Unis. Seuls les polonais et les russes étaient plus méfiants
que nous et avaient peut-être de meilleures raisons.
C’est pourquoi, le chef d’entreprise doit en France plus qu’ailleurs,
persuader ses salariés que sa réussite est justifiée. Comme disait CALVIN, on
peut faire du commerce sans perdre son âme. L’Honnête homme, chef d’entreprise
peut gagner de l’argent, à condition que ce ne soit pas au détriment des autres,
en exploitant ses salariés, en pressurant ses sous-traitants et en ne payant
pas ses impôts dans son pays.
Déjà en 1908, le 10 Mars, Eugène SCHNEIDER, le maitre des
forges, recevant CLEMENCEAU, avait déclaré : « Les patrons doivent
être exemplaires. Nous avons plus de devoirs que de droits. Ne l’oublions pas,
l’opinion publique nous regarde »
Un siècle plus tard, la crise financière qui a secoué la
planète a montré que des dirigeants de banque notamment ont recherché avant
tout le profit maximum sans se soucier des risques qu’ils faisaient courir à
leurs clients et à l’économie mondiale. C’est pourquoi, Klaus SCHWAB, fondateur
du forum économique mondial de DAVOS se demande s’il ne faudrait pas créer
un équivalent du serment d’Hippocrate des médecins dans le domaine du
management des entreprises qui intégrerait cette notion de responsabilité
sociale. Sans elle, des catastrophes se reproduiront inéluctablement.
A l’heure où certains voudraient rendre responsable d’économie
libérale de la pandémie de coronavirus que nous subissons (il faut bien trouver
un bouc émissaire) et la remettre en question, il est impérieux de défendre le
rôle de l’entreprise privée et celui irremplaçable de son chef. Mais ce dernier
doit autant que faire se peut, être un Honnête homme comme nous l’avons défini.
A ceux de mes lecteurs qui peuvent penser que je ne m’adresse
qu’à des patrons de grandes entreprises, je leur dirai que même un patron de
PME peut obéir aux différents commandements que je prescris, excepté peut-être
le mécénat humanitaire, encore que des micro-projets de collaboration sont
légions de part le monde et notamment en Afrique. Enfin qu’il est très facile
de créer un fonds de dotation aux ressources en partie défiscalisée, il suffit
d’adresser à la Préfecture ses statuts. Laquelle l’inscrit au Journal Officiel.
*Auteur de Réenchanter le travail. Pour une réforme du
capitalisme aux éditions La Découverte.
Dans les prochains chapitres nous examinerons
l’Honnête homme, cette fois quand il est journaliste. Un métier dont ceux qui l’exercent
sont aujourd’hui l’objet de beaucoup de critiques justifiées.
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