Le sujet de l’immigration agite tous les pays
occidentaux, à commencer par les pays européens et nous assistons à la
montée des populistes de tous bords qui
exploitent sans vergogne la crainte des populations et risquent demain
d’arriver au Pouvoir. Cette crainte est justifiée, contrairement à ce que pensent,
chez nous, des leaders d’opinion, myopes
ou angéliques, généralement de gauche.
En effet, nous ne pouvons pas ignorer qu’il y a des
musulmans français qui refusent de
s’intégrer, déclarant même privilégier la charia, la loi islamique,
à celle de la République et que parmi eux certains risquent de se radicaliser
un jour.
Pour ne pas verser dans le racisme ordinaire et la xénophobie, nous
avons besoin de mieux comprendre
qui sont ces nombreux fils et filles
d’immigrés de la deuxième et de la troisième génération, particulièrement
des immigrés algériens et plus précisément
ceux qui ont fait le mauvais choix pendant la guerre, je veux parler des
harkis.*
Alice ZENITER nous y aide. Dans son roman « L’art
de perdre »** qui a reçu de nombreux prix littéraires dont le Prix
Goncourt de Lycéens, à travers son héroïne Naïma, elle nous fait
découvrir la vie de sa famille en Kabylie, puis son départ en 1962 et sa nouvelle existence en France.
- Un grand père Ali, combattant engagé sous le drapeau français
dans la campagne d’Italie qui n’approuve
pas les crimes commis par des maquisards contre des européens, mais aussi contre des algériens - leur but inavoué étant de déclencher la répression de l’armée
française afin de faire basculer la population algérienne vers eux, ce qu’ils vont
réussir - Ali, lui, se voit rejeter du côté des collaborateurs, traitres
à la nation algérienne sans jamais pourtant avoir porter les armes contre ces maquisards. Il
est algérien et il ne s’oppose pas à l’indépendance de son pays, mais par des
voies pacifiques, et la France qu’il a servie avec honneur et courage n’est pas
son ennemi.
En danger de mort, il doit quitter précipitamment son
pays. La valise ou le cercueil ! On
ne lui laisse pas le choix. Comme on n’a pas laissé le choix aux européens.
- En France, l’attend un parcours semé d’embuches pour
sa famille qui comme les autres familles de harkis est mal reçue, - les français ne sont pas, d’une
manière générale, très accueillants avec les étrangers, je l’ai constaté moi-même
quand je recrutais des infirmières italiennes
pour des cliniques et hôpitaux français et puis l’Algérie, les français
ne veulent plus en attendre parler, surtout pas des vaincus- Ces familles parquées dans des camps
successifs puis dans des grands ensembles en proche ou lointaine banlieue.
- La grande difficulté
pour ses grands-parents de s’intégrer à
la société française dont ils ignorent la langue et les coutumes. Le courage de Naïma qui comme les autres filles s’intègre mieux que les
garçons , mais doit affronter, les traditions familiales ancestrales. Un combat d’ émancipation
que mènent des millions de femmes aujourd’hui de par le monde. Mais là, nous sommes en
France !
- La découverte
du pays de ses ancêtres sur lequel Naïma s’est informée grâce à WIKIPEDIA
- ses grands -parents lui ayant occulter
totalement, à elle et à son père, leur terre natale et leur histoire familiale
- et l’incommunicabilité de cette petite
fille d’algériens avec ceux et celles qui sont restés au pays ;à l’exception de
rares artistes et intellectuels.
La lecture de ce roman m’a permis de :
- retrouver l’Algérie, un pays que j’ai beaucoup aimé
quand j’étais militaire au moment où le grand père de Naïma embarquait pour la
France. J’étais moi aussi, comme la plupart de mes camarades, pour
l’indépendance du pays et les algériens n’étaient pas mes ennemis. Je regrette
que les français ne puissent pas davantage découvrir ce très beau pays, juste de l’autre côté de la
Méditerranée.
- combler mes lacunes sur certains aspects des
rapports entre la France et ce pays depuis 1830 et sur cette longue guerre
d’indépendance - j’avais déjà été éclairé par les romans de Yasmina Khadra dont
j’aurais l’occasion un jour de parler -
- découvrir la tragédie qu’ont connus les immigrés,
particulièrement les harkis.
- réaliser
combien est difficile pour une jeune fille algérienne de parents musulmans de
s’intégrer à la société française et pratiquement impossible d’être acceptée
par la société algérienne.
- enfin, last
but non least, d’apprécier le style de cette jeune romancière.
*40% des enfants nés entre 2006 et 2008 ont au moins
un parent ou grand parent immigré dont 16 % du Maghreb.
30% des moins de 18 ans en métropole ont un ascendant
immigré sur trois générations.
Selon un récent sondage 29 % des musulmans affirment
que la charia est plus importante que la loi de la République.
**Aux éditions
FLAMMARION
Nota Bene
Pour ceux qui
ne le sauraient pas encore et éviter toute confusion, un kabyle n’est pas un
arabe. Ses ancêtres sont les premiers habitants de l’Algérie bien avant l’arrivée
des arabes. Il se trouve qu’ils sont tous les deux musulmans quand ils ne sont pas laïcs, mais ils
pourraient être chrétiens comme par exemple les arabes libanais.
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