Comme on ne m’avait pas appris les commandements d’un patron (un bon
patron) vis-à-vis de ses salariés et de son environnement, comme je les ai décrits dans mes derniers
articles, je n’ai pas pu, à mon tour, les
enseigner à mes élèves. Néanmoins, j’ai voulu leur faire découvrir,
successivement, deux autres approches de
l’entreprise :
-
Sa création comme outil pédagogique
-
Sa finalité autre que celle du profit.
J’avais tout d’abord repris un cours sur le financement des
entreprises qui était auparavant dispensé par un banquier de la Place de Lyon. Ce qui ne passionnait pas les élèves de
troisième année qui avaient choisi cette option, pas plus que leur prof, d’ailleurs.
Il s’agissait essentiellement de passer
en revue tous les types de financement existants.
Dans toute ma carrière d’enseignant, d’animateur de
séminaire ou de conférencier, je me suis toujours fait un point d’honneur à intéresser
mon auditoire, à défaut de la captiver, et ce n’ était pas toujours chose aisée
quand je devais inculquer l’italien commercial à des jeunes filles en pleine
somnolence post prandiale ou des contrats d’assurance à des jeunes gens pas
encore tout à fait réveillés le samedi matin. J‘étais obligé de faire traduire
par les premières une scène du Guépard de LAMPEDUSA adapté à l’écran par VISCONTI
et pour les autres leur parler des seins
de Gina LOLLOBRIGIDA assurés par la LLYOD de Londres.
Nous étions en France dans les années 70 très influencés, moi le
premier, par l’Université d’HARVARD qui était notre modèle. Plus tard quand je la
visiterai à Boston, je serais très fier de m’asseoir sur les bancs de la
bibliothèque où KENNEDY et bien d’autres hommes politiques et intellectuels
américains usèrent leurs fonds de culotte. J’avais appris que 30 % des élèves à
la fin de leurs études créaient leur entreprise. Je lançais alors, avec
l’accord de la direction de l’ Ecole
Supérieure de Commerce, devenue maintenant l’ EM Lyon,
un cours sur la création d’entreprise.
Cependant, je rencontrais l’opposition de mes collègues
professeurs, notamment celui de marketing, qui affirmaient en chœur que les élèves devaient aller se
former dans une entreprise avant de créer éventuellement la leur. Pourtant
j’expliquai à mes détracteurs que le but de mon cours n’était pas forcément
d’inciter les élèves à créer leur entreprise, encore que certains le firent
pendant leurs études, mais de leur apprendre l’ensemble des mécanismes de son fonctionnement .
Quand à la fin du mois, votre banquier refuse d’assurer la paie
de vos employés, vous vous posez brutalement
toutes les bonnes questions : pourquoi vos entrées d’argent sont insuffisantes :
simple problème de retard exceptionnel de paiement d’un de vos clients ou plutôt des facturations trop faibles, et en ce cas
pourquoi : le nombre de vos clients trop faibles, le prix de vos produits
ou services et/ou encore vos charges trop lourdes. Si le nombre de clients est
en cause, votre agressivité commerciale est-elle insuffisante et/ou vos
produits ou service pas assez compétitifs…Ce qui vous oblige à toujours rechercher
la cause de la cause. C’est comme cela que vous devez appréhender très vite et en profondeur les
mécanismes de fonctionnement et leurs différentes interactions.
Plus tard l’enseignement de la création d’entreprises avec les
business-game fut repris par HEC puis par d’autres écoles et aujourd’hui la
formation à la création d’entreprise s’est banalisée.
J’ appris à cette occasion qui ne fut pas hélas la seule, qu’il ne servait à rien d’avoir raison trop tôt. Cela est
inutile et surtout très frustrant.
Toujours à HARVARD, nombreux étaient les élèves qui, à leur sortie intégraient des « non profit organisations », des
entreprises à but non lucratif. Comme, parmi mes clients de conseil hospitalier,
je comptais des hôpitaux et des cliniques privés, très souvent gérés par des Congrégations Religieuses,
tout naturellement, je créais un cours sur la gestion hospitalière. J’ avais à ma disposition de très nombreux études de
cas réels. Je n’avais pas besoin de les
inventer. Mon objectif, outre celui d’ apprendre à mes étudiants le fonctionnement
d’une entreprise à but non lucratif, était de leur trouver des débouchés en créant une passerelle entre L’Ecole Supérieure
de Commerce et l’ Ecole de Santé de Rennes censée former les futurs directeurs d’hôpitaux
publics. Mon expérience ne dura hélas qu’une année, la direction de l’Ecole
prétextant, pour ne pas la renouveler, que
les Hôpitaux Publics ne versaient pas de taxe d’apprentissage, source
essentielle de financement des Ecoles de Commerce !
Une occasion fut ratée de former de véritables managers
d’hôpitaux publics et privés. L’Ecole de Santé de Rennes formant surtout des administrateurs
compétents en droit sanitaire et social.
J’ajoute que ma collaboration avec l’Ecole Supérieure de
Commerce se poursuivit avec la mise en place d’un partenariat entre elle et ma
société pour développer la formation de cadres des cliniques privées, qui
elles, étaient assujetties à la taxe d’apprentissage.
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