Ce que vous avez hérité de vos ancêtres, il faut le mériter par vous-mêmes, autrement ce sera jamais à vous
Dans les articles précédents sur les conséquences des
récentes dispositions fiscales, j’ai parlé des chefs d’entreprise qui méritaient
leur fortune acquise par leur talent et leur travail. A l’opposé de leurs héritiers y compris leur conjoint, qui ne pouvaient
pas justifier d’un quelconque enrichissement personnel. Moralement,
l’héritage en biens matériels ne peut être donc que désapprouvé puisqu’il ne
rétribue aucun mérite et qui plus est, reproduit les inégalités sociales quand
il ne les aggrave pas. La France, à
cet égard est un paradis pour les héritiers, comme le note Philippe Manière dans
un article de l’Express, qui constate au passage que nos compatriotes s’accommodent
fort bien, quoiqu’ils disent, de la reproduction des élites et de la domination des fils d’archevêque* . En effet 2/3 des milliardaires français
doivent leur fortune à l’héritage. selon une étude américaine réalisée sur les 1200 plus grandes
mondiales.
N’oublions pas que dans la plupart des cas, les
héritiers bénéficient également dès leur naissance d’un héritage spirituel,
social et culturel au moins aussi important, sinon plus et qui n’est pas non
plus mérité. Si vous êtes nés dans une
famille cultivée, financièrement aisée et qu’il vous a été donnée de faire,
toujours grâce à vos parents, des études dans les meilleurs établissements, que
votre mère s’est arrêtée pour vous faire travailler, que vous avez pu perfectionné
vos langues étrangères grâce à des séjours à l’étranger, que vous avez pu
suivre des cours de rattrapage et/ou de
bachotage, que vous avez pu découvrir les plaisirs de la lecture, du théâtre,
du cinéma, de la musique, de la peinture et des sports en toutes saisons , que
vous surtout hérité d’un nom et bénéficier de réseau, quel est votre mérite ?
Vous avez peut-être travaillé pour réussir vos études,
mais dès le plus jeune âge, vos parents vous ont inculqué le goût du travail et
vos aptitudes physiques et mentales, vous en avez aussi en grande partie hérité !
Le
syndrome de l’héritier.
Certains enfants sachant qu’un jour qu’ils hériteront
ne recherchent pas à donner leur pleine mesure
dans leur vie professionnelle, voire même, se laissent aller à ne rien
faire. ** C’est particulièrement vrai pour les enfants de la 3ème
génération. On avait autrefois coutume de dire que les enfants qui avaient assisté
aux efforts de leurs parents pour créer leur entreprise, souvent partis de rien
et que parfois ils avaient aidé à la développer, alors que les petits enfants
qui n’avaient pas connu les années laborieuses et avaient été élevés dans la
facilité la ruinaient ou au mieux s’en débarrassaient.
Il
est particulièrement révoltant de voir
des enfants gaspiller l’argent que leurs grands parents ont eu parfois tant de peine à économiser toute leur vie en
se privant volontairement de dépenses de confort ou de loisirs.
Les
disputes entre héritiers
Non seulement
les bénéficiaires d’un héritage n’ont aucun mérite à quelques exceptions près,
mais le comportement de certains est mesquin et parfois ignobles.
Les disputes qu’il génère entre héritiers sont révélatrices
de la noirceur de l’âme humaine. Sur fond de vieilles rancunes, de jalousies ressassées et de règlements de
compte, elles fissurent les familles quand elles ne les détruisent pas. Qui n’en
connaît pas ?
Le
lecteur comprendra que l’on ne puisse pas défendre le droit à l’héritage dans
ces conditions.
Pourtant, notre société, si elle est prospère pour la
majorité de ses membres l’est grâce au libéralisme économique fondé sur trois
valeurs inséparables que sont : la liberté individuelle, la responsabilité
personnelle et la propriété privée. Sans cette dernière, les deux premières
disparaissent. Les pays communistes en ont fait l’amère expérience.
Alors la question primordiale est la
suivante : Comment ne pas ébranler un
des piliers de notre société en supprimant le droit systématique à l’héritage ?
Le législateur peut déjà supprimer les dispositions du
Code Civil qui datent de 1804 qui obligent les parents à réserver une grande
partie de leurs biens à leurs héritiers, ce qui n’est pas le cas aux Etats Unis
dont j’ai parlé dans mes précédents articles en parlant d’évergétisme.
Mais il faut surtout faire prendre conscience aux héritiers et
futurs héritiers de faire le meilleur usage des biens qu’ils n’ont pas un
instant mérités et suivre le conseil de
GOETHE.
«
Ce que vous avez hérité de vos
ancêtres, il faut le mériter par vous-mêmes,
autrement ce ne sera jamais à vous »
Reste à savoir
comment faire prendre conscience de cette exigence morale ?
Je
propose à mes lecteurs de me faire connaître leurs solutions, s’ils en ont,et j’en
reparlerais avec plaisir dans un
prochain article.
· Fils
à papa pistonné pour obtenir un poste comme l’étaient des membres de la famille
de certains papes.
· **« Hériter
sans se déchirer » de Ginette LESPINE aux éditions Albin MICHEL.
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