Ce qui compte, ce n’est pas ce qu’ils gagnent, mais ce qu’ils font de leur argent !
Tout d’abord
une mise au point s'impose. Quand on parle des riches, qui sont-ils ? On pense tout de
suite aux 100 premières (on parlait autrefois des 200 familles) qui vont gagner
chacune en moyenne 582 380 euros par an selon le Ministère des Finances,
grâce aux mesures fiscales annoncées. Mais
il y a tous les autres ! Selon l’Observatoire des Inégalités, est
considérée comme riche toute personne qui possède un patrimoine supérieur à 370 000
euros, soit 10 % des français. Bien entendu, il faut tenir
compte des revenus, on peut avoir un patrimoine de plusieurs centaines de
millions d’euros et ne percevoir que le SMIC… Au contraire ne pas avoir de
patrimoine personnel et avoir des revenus du triple ou quadruple du SMIC. Mais
ce sont des cas marginaux, en règle générale, les revenus sont plus ou moins
corrélés avec le patrimoine.
Pratique
de l’évergétisme aujourd’hui.
L’exemple de Bill Gates
Créateur et ancien patron de Microsoft, il a décidé de
consacrer plus de la moitié de sa fortune, méritée en grande partie par son
talent, à une fondation dont les missions consistent à lutter contre les
épidémies dans les pays sous-développés et à aider à la reconstruction des
quartiers délabrés de grandes villes américaines où Donal Trump a recruté ses
électeurs. Non seulement, il y consacre son argent, mais il s’y implique
personnellement, aidé par son épouse. De
nombreux autres exemples pourraient être évoqués qui montrent que les riches
américains, non seulement veulent donner leur argent, mais aussi de leur temps afin
de faire bénéficier les autres de leur
expérience et de leur talent.
Le milliardaire Waren Buffett, lui préfère confier ses
propres fonds à d’autres
fondations dont celle de Bill Gates, considérant que les qualités qu’il a pour gagner de l’argent ne sont pas forcément
les mêmes pour le distribuer.
Les exemples d’évergétisme sont surtout américains
pour plusieurs raisons :
-
La couverture sociale outre atlantique est
beaucoup plus faible que chez nous, ce qui nécessite donc davantage de
financements privés. Il ne faut pas être
grand clerc pour prédire que dans les prochaines années, l’Etat français
diminuant ses aides pour des raisons budgétaires, le recours au financement
privé devrait augmenter.
-
La liberté de disposer de sa fortune comme
on l’entend, des Waren Buffett ne peuvent pas exister en France, à moins qu’ils
n’aient pas d’enfants. J’en reparlerais quand je traiterais le sujet des
héritiers.
-
Beaucoup de richissimes américains qui ont
acquis leur fortune par des moyens très discutables, surtout aux siècles
précédents, et qui les faisaient qualifier par certains de « barons
voleurs » ont eu besoin de
s’acheter une respectabilité. Gageons
que les nouveaux milliardaires de Russie
et des pays émergents feront de même dans les prochaines années.
C’est
déjà bien, mais ce n’est pas suffisant.
Il faut que les riches, petits, moyens et grands, non
seulement financent par leurs dons les œuvres humanitaires, mais ils doivent financer
aussi par leurs investissements en
capital les entreprises françaises,
surtout les moyennes pour leur
permettre de devenir des ETI (
entreprises de taille intermédiaire) dont le nombre insuffisant en France
pénalise lourdement notre économie et notamment nos exportations.
C’est là où le gouvernement actuel les attend de pied
ferme. Le but ultime étant bien sûr de créer des emplois et de rendre prospères
les entreprises et leurs salariés. Certains parlerons de patriotisme financier. Pourquoi
pas ! En attendant un patriotisme européen…plus tard.
Le vice rejoignant comme souvent la vertu, il y a de
fortes chances qu’ils réalisent de fortes plus-values, sans courir de grands
risques s’ils savent diversifier intelligemment leurs placements et risquent à
terme d’être encore plus riches.
Autre exemple du vice qui rejoint la vertu :
celui des artistes qui participant à des œuvres humanitaires comme les Restos
du Cœur soignent leur propre image auprès du Public et parfois leur permet de
promouvoir leurs ventes d’album ou la fréquentation de leurs spectacles…
Cela m’ amène à poser une autre question à laquelle je
ne répondrais pas cette fois : comment limiter la tendance à ce que les
riches le soient de plus en plus ? mais
il me vient immédiatement à l’esprit des pistes à explorer : la chasse aux privilèges et aux monopoles de
fait et les héritages.
En plus d’investir dans le développement d’entreprises
françaises, les riches, petits et grands, peuvent
eux-mêmes améliorer l’emploi en recrutant
du personnel pour leurs besoins domestiques en supposant qu’ils en trouvent bien entendu (
problèmes d’employabilité ; de formation, de mobilité et de motivation).
Combien de personnes pourraient faire appel à des aides extérieures et qui ne
le font pas ! Je pense à un ami qui a un jardin et ne l’entretient pas, il pourrait
s’assurer l’aide d’un jardinier. A un
autre qui rechigne à conduire son automobile et pourrait recruter un chauffeur
à temps partiel.
Comment inciter les riches ? voire les obliger à
dépenser leurs fortunes pour de bonnes actions ?
Les exhorter à pratiquer le bien, est-ce
suffisant ? Peut-être faut-il aussi les encourager à le faire,
notamment par des mesures d’incitations
fiscales, comme elles existent déjà pour les dons aux œuvres humanitaires.
Encore plus décisif à mes yeux serait d’instruire les étudiants surtout des
grandes écoles et des écoles de
commerce. Dans ces dernières où j’ai moi-même enseigné la finance, on devrait éduquer les futurs
managers à leur responsabilité à l’égard de la société.
Il s’agit d’un test capital, sans jeu de mots, de
sincérité des patrons devant l’opinion publique. Leurs représentants et leurs ardents
défenseurs nous ont promis de créer des emplois si on les libérait des
contraintes fiscales et sociales. Ils ont la chance (comme le gouvernement) de profiter
d’une économie mondiale en expansion.
Ils n’auront donc aucune excuse s’ils ne réussissent pas.
CONCLUSION
Nous vivons dans un pays de tradition
majoritairement catholique qui n’a pas l’argent en odeur de sainteté, et qui
n’aime donc pas ceux qui en ont. Les
riches depuis la Révolution Française sont un repoussoir pour la majorité
d’entre nous, dit Alain Duhamel . Chez nos écrivains de Balzac à Zola, ils sont décrits comme des
personnages antipathiques.
Il est indispensable qu’ils se rachètent enfin aux yeux de ceux qui ne le
sont pas. L’évolution favorable, me semble-t-il
de la mentalité des français envers le monde de l’entreprise devrait les
y aider. C’est à cette condition que
notre système libéral pourra perdurer.
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