vendredi 21 juin 2024

Mon séjour à Tahiti

 J’avais fait connaissance avec ma nouvelle cliente, Madame Fichter à Paris au Ritz, place Vendôme où elle était descendue. Elle était propriétaire d’une clinique à Papeete et d’une officine de pharmacie et auprès de qui j’avais été recommandé par un ami, André Castaldo, avocat et Professeur de droit à la Faculté d’Assas qui intervenait dans les séminaires d’Ifrhos. Elle recherchait un directeur et accessoirement un repreneur.

Cela avait été une séance de travail agréable avec une belle femme, typée, quarteronne (sa grand-mère était tahitienne, ponctuée par un repas pris sur place. Repas très léger, ma commensale n’ayant pas encore récupéré du décalage horaire (12 heures), avait peu d’appétit, je m’étais donc senti obligé de très peu manger, comme elle.

A mon arrivée à Papeete au petit matin, je suis accueilli par sa fille, Carole, elle est grande comme me l’avait décrite sa mère au téléphone, mais pas autant que je me l’imaginais, la peau très blanche et les yeux clairs. Comme le veut la tradition, elle accroche à mon cou un collier de fleurs et m’embrasse. Je ne suis pas rasé et j’ai un peu honte. A Los Angeles, où nous avons fait escale, pendant une heure, j’avais vu dans les toilettes, des hommes se raser, mais je ne les avais pas imités.

Au volant d’une Jaguar à boîte automatique, elle me conduit à mon hôtel, le Beach Comber Park Royal. Très bel établissement situé en bord de mer à une dizaine de kilomètres du centre de la ville où se trouve la clinique. Ma chambre est claire, spacieuse et confortable. Deux heures après, durant lesquelles j’ai eu juste le temps de défaire ma valise, ranger mes affaires personnelles, faire ma toilette et prendre mon petit-déjeuner, Carole vient me chercher et me voyant avec ma veste et ma cravate se moque gentiment de moi :

“ Ici les hommes ne portent ni veste, ni cravate “. Je n’ai plus qu’à retourner dans ma chambre pour y déposer mes vêtements superflus, non sans avoir fait admirer ma cravate, fort belle et chatoyante à Carole et aux hôtesses de la réception de l’hôtel.

Mon amphitryon a troqué la Jaguar contre une voiture plus petite et plus commune, une Ford je crois, qui sera ma voiture pendant tout mon séjour et me permettra d’être autonome. L’engin est équipé d’une boîte automatique (à croire que c’est une spécialité des Iles, car déjà sur l’Ile de Saint Martin, nous avions mon épouse et moi, une Toyota à boîte automatique), à laquelle j’aurai quelques peines à m’habituer les premiers jours, surtout les premiers soirs (la nuit tombe très tôt, vers cinq heures trente, nous sommes en hiver à cette époque dans l’hémisphère sud). J’aurai l’occasion dans un prochain Blog de narrer mon voyage dans les Caraïbes pour y étudier la construction d’une clinique.

Je suis un peu déçu par la visite de la clinique, dont le bâtiment est correct, il a été construit en front de mer il y a une quinzaine d’années, mais l’organisation et l’entretien laissent quelque peu à désirer. Ce qui m’a le plus étonné a été le bloc opératoire, où à l’entrée, se mêlaient des malades sur leur brancards en attente d’être opérés et d’autres qui venaient de l’être. L’après-midi, je vais me reposer à l’hôtel et faire connaissance avec l’une de ses piscines. Celle située en face du restaurant. Après le déjeuner, je m’installe sur une chaise longue, le visage en plein soleil pour atténuer les effets du décalage horaire. C’est parait-il efficace ! J’en doute comme la mélatonine. J’ai quand même essayé. Quand je me suis allongé, le soleil se trouvait à droite d’un palmier près de la piscine. Comme le soleil se déplace habituellement de gauche à droite, j’ai pensé qu’il allait s’éloigner de l’arbre et continuer à m’éclairer, mais dix minutes plus tard, je me trouvais à l’ombre. Le soleil s’était déplacé non pas sur la droite, mais sur la gauche. J’en déduis alors que je me trouvais en plein nord, étrangeté que j’ai fait partager à mes hôtes le soir même où j’étais invité chez eux.

La famille Fichter habite une grande maison en plein centre-ville ouverte sur l’océan. Une enfilade de salons et de salles à manger débouche sur une piscine, à quelques mètres seulement du quai où est amarré un bateau en biais, de telle sorte qu’on peut l’admirer sur toute sa longueur. Il a plusieurs cabines et un poste de pilotage haut perché comme le haut d’un mirador. Je ne l’ai pas visité. Son propriétaire, Charles Fichter, le mari, médecin généraliste de son état,  alsacien d’origine, a voulu m’emmener durant la semaine faire un tour pour une partie de pêche au gros, mais comme la nuit tombe très vite, je n’ai pas pu accepter, j’avais beaucoup trop de travail et je n’étais pas venu pour faire du bateau. Outre Charles Fichter, je faisais la connaissance du fils, Stéphane, 27 ans qui en attendant d’obtenir un permis de travail en Australie, fait du contrôle de gestion à la clinique.

Les murs de la maison sont recouverts de bandeaux en bois peints en blanc comme les maisons canadiennes qui me rappellent celles dont je me suis occupé en 1967.

Chaque matin, je me lève à 6 heures moins le quart. Je me fais chauffer du thé grâce à une bouilloire électrique et aussitôt ma tasse avalée, je quitte ma chambre en maillot de bain, une serviette autour du cou, pour aller nager dans la mer au pied de mon immeuble. Quand j’en franchis le seuil, j’ai une sensation agréable et inattendue à cause de la température plus élevée que celle de ma chambre climatisée. Après avoir effectué quelques brasses dans une eau transparente fraîche et peu salée, je remonte dans ma chambre, bois le thé qui reste encore chaud et je fais ma toilette. Après quoi, je vais prendre au restaurant un copieux petit-déjeuner, puis au volant de ma Fiesta, je crois que c’est une Fiesta, je me rends à la clinique pour effectuer un travail d’audit approfondi, il est 7 heures et quart environ.

Le samedi après-midi, Charles me fait faire le tour de l’ile de Tahiti, au volant de son pickup après avoir déjeuné avec sa femme et ses enfants dans un restaurant en bord de mer. Nous nous arrêtons au Musée de Polynésie et au Musée Gauguin, lequel n’a pas les moyens d’exposer beaucoup d’œuvres du peintre. La visite de ces deux musées peu fournis est rapidement faite. Seules quelques sculptures en bois sont exposées.

Le mérite pour moi de cette balade est de faire connaissance d’un homme agréable, attachant qui a fait siennes cette terre et cette mer de Polynésie. Il voudrait que ses enfants restent à Papeete et pour cela qu’ils s’occupent de la clinique. Mais ses enfants rêvent d’Australie pour le garçon et de Paris pour la fille. Les grands espaces pour l’un et la vie culturelle et mondaine pour l’autre, tout ce que n’offre pas la Polynésie.

Médecin, il a appris à aimer les malades et ceux-ci le lui rendent bien. Je l’ai constaté lorsqu’il m’a fait visiter l’hôpital public de Mamao (un quartier de Papeete). Nous avons fini le tour de l’île. Juste avant, il m’avait emmené découvrir un grand hôtel qui surplombe la mer dont la vue est superbe, mais qui depuis son ouverture marche mal. J’ai immédiatement formulé mon diagnostic. Quand un touriste a fait 18 000 kilomètres en avion pour voir la mer, il n’accepte pas qu’elle ne soit pas au pied de sa chambre. Les clients de cet hôtel, pour se rendre à la mer, doivent emprunter un chemin escarpé, long et dangereux.

 

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