Nous avons vu successivement
dans les deux premiers chapitres les conditions dans lesquelles il devait
exercer son métier et ce qu’il devait enseigner à ses élèves quand il était
professeur des écoles, à savoir :
-La liberté et la responsabilité,
la solidarité et la réciprocité,
-Le gout du travail et sa vertu.
Découverte des lieux du travail.
Celui de l’entreprise.
L’enfant doit découvrir très
jeune le monde de l’entreprise où il a beaucoup de chance plus tard de vivre et
de s’y épanouir. Certes, il sera peut-être plus tard enseignant ou
fonctionnaire, mais même dans ces cas, la connaissance de l’entreprise et ses
contraintes lui sera utile ne serait-ce que pour comprendre ceux qui y
travaillent. Pour réconcilier nos compatriotes avec l’entreprise privée et
l’économie de marché, il est indispensable que les professeurs sensibilisent
leurs élèves.
J’avais un ami, professeur des
écoles, dont le fils était en prépa HEC. Comme il avait l’honnêteté de
reconnaître que lui ne connaissait pas le monde de l’entreprise, il m’avait
demandé de recevoir son fils pour lui en expliquer le fonctionnement. Ce que je
fis avec plaisir et dont il tira profit.
J’insiste beaucoup sur le fait
que si nos compatriotes connaissaient mieux le métier qu’exercent les autres et
notamment leurs contraintes, ils les critiqueraient beaucoup moins et la
cohésion sociale en serait renforcée. J’ai eu la chance de faire plusieurs
métiers, banquier, assureur, professeur, chef d’entreprise, hôtelier,
consultant, écrivain, éditeur. J’ai toujours
été étonné par les idées fausses, parfois caricaturales que les gens qui ne les
connaissaient pas pouvaient en avoir.
Ce qui guette le Professeur,
c’est la routine. Il doit lutter contre en se renouvelant chaque fois qu’il le
peut et ce n’est pas toujours facile.
Selon les matières enseignées,
les responsabilités sont différentes. Le Professeur de mathématiques ou de
comptabilité est obligé de s’en tenir strictement à son programme et ce dernier
change rarement. La routine le guette. Une solution peut être de changer de
matière à enseigner quand cela lui est possible, bien entendu. Il peut aussi
changer de métier comme nous l’avons vu précédemment.
J’ai eu un professeur de
comptabilité, Monsieur PIN, qui commençait son cours avant même d’avoir
refermer la porte derrière lui. Il le terminait en quittant l’estrade. Pas une
pause, pas la moindre réflexion, pas la plus petite digression, pas une once de fantaisie. Son seul objectif,
atteint pour la plupart d’entre nous, était de nous inculquer les mécanismes de
la comptabilité en partie double dans le temps qui lui était imparti.
Il n’en est pas de même pour un
Professeur de français, de littérature, de l’histoire géographie ou de langues
étrangères, qui au contraire peut plus facilement renouveler son cours.
Par ailleurs, il peut, lui, s’attacher
à former le jugement de ses élèves.
L’Honnête homme Professeur doit,
chaque fois qu’il le peut, développer l’esprit critique de ses élèves et leur
apprendre à résister aux modes, aux slogans et aux engouements.
L’Honnête homme Professeur qu’il
soit des écoles, des collèges ou des universités doit enseigner aux jeunes :
-
Qu’ils doivent compter sur eux-mêmes avant de
compter sur les autres.
- Qu’ils ne doivent pas se bercer de l’illusion que
tout leur sera donné, mais plutôt rêver d’accomplir des choses difficiles qui
les obligeront à se dépasser.
Je voudrais pour parachever les
trois chapitres que je lui ai consacrés dire, oh combien, la mission du
Professeur dans notre société, notamment celui des écoles, est non seulement
essentielle, mais capitale. Il a dans ses mains, en partie, la destinée de
chaque enfant qu’on lui confie. Sa responsabilité est d’autant plus grande que
cet enfant n’a pas la chance de bénéficier d’un environnement familial et
social favorable. L’Honnête homme Professeur doit aider particulièrement
celui-ci, faire en quelque sorte de la discrimination positive. Il est en
puissance un monsieur GERMAIN qui demain peut révéler un Albert CAMUS chez un
fils d’ouvrier et d’une simple femme de ménage.
Aujourd’hui, la réussite des ministres, DARMANIN, DUPONT MORETTI et MORENO,
tous les trois issus de milieux modestes et qui plus est d’origine étrangère,
doit certainement beaucoup à leurs Professeurs respectifs.
Dans les prochains chapitres
nous verrons l’Honnête homme et la Politique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire