Après avoir vu les conditions
dans lesquelles l’Honnête homme Professeur doit exercer, nous examinerons,
s’il est professeur des écoles, ce qu’il doit enseigner à ses élèves, en plus de leur apprendre
à lire, écrire et compter. L’instruction civique, ainsi le goût et la vertu du
travail.
L’instruction civique
L’enfant doit apprendre quelles
doivent être les règles de vie en société et les droits et devoirs du citoyen.
Le Professeur est souvent la seule personne adulte à pouvoir le faire car les
parents sont trop souvent défaillants, par laxisme, par négligence ou tout
simplement par manque de temps. Des enquêtes d’opinion ont montré que nos
compatriotes étaient favorables à ce que les professeurs se substituent à eux
dans ce domaine.
En priorité, le Professeur doit
apprendre à l’élève deux notions fondamentales : la liberté avec sa
contrepartie la responsabilité et la solidarité et l’indispensable réciprocité.
Liberté et responsabilité
Le Professeur pourrait prendre, par
exemple, pour illustrer ces deux concepts complémentaires et indissociables, le
comportement de l’automobiliste sur la route avec l’usage qu’il fait de ses
feux clignotants sachant que moins de la moitié des français s’en servent. Tout
automobiliste est libre de doubler un autre véhicule en respectant le code de
la route, mais en individu responsable il doit en avertir les autres
automobilistes qui viennent en face et ceux qui le suivent. Si j’étais
Professeur des écoles, je demanderais à chaque élève de ma classe de relever,
quand il se déplace avec ses parents, le nombre d’automobilistes qui ne se
servent pas de leurs clignotants, puis de calculer le pourcentage qu’ils
représentent. Le jeu pourrait être rendu un peu plus compliqué en distinguant
l’usage du clignotant gauche pour le dépassement et le droit quand notamment le
véhicule se rabat. Ce qui consisterait en plus un excellent exercice de calcul
mental, beaucoup trop négligé dans notre enseignement et qui pourtant peut être
fort utile dans la vie. Aujourd’hui l’exemple du port du masque pourrait être
pris avec la liberté de l’utiliser dans les lieux publics et la responsabilité
vis-à-vis des autres quand il ne l’est pas. Peut être que ceux qui refusent de
porter un masque en ce mois de Juillet 2020 sont les mêmes qui n’utilisent pas
leurs feux clignotants.
Solidarité et réciprocité.
La solidarité. Il faut
apprendre très tôt à l’enfant son sens profond. A ceux qui composent la devise
de notre République et que nous trouvons sur le fronton de nos mairies : "Liberté,Egalité, Fraternité" il faudrait ajouter celui de Solidarité, qui sous-entend celui de fraternité, mais qui est plus précis et
surtout plus réaliste, voire le remplacer. En effet avant de nous aimer comme
des frères- c’est parfois difficile et pas forcément indispensable- commençons
à être solidaire les uns envers les autres. Cette solidarité est aujourd’hui
plus passive qu’active puisqu’elle s’exerce essentiellement par l’intermédiaire
de l’ ETAT et de ses différentes institutions. Quand un enfant achète avec ses
économies un CD, il ignore que sur la somme qu’il paye, il donne 15% à l’ ETAT
(TVA) qui serviront à payer son Professeur ou le gardien de la paix qu’il voit
chaque matin régler la circulation devant son école. Cette solidarité est
indolore et elle a ses limites. Dans une société socialement très développée
comme la nôtre, où l’individu est parfois trop assisté, l’enfant doit se poser régulièrement
la question : que puis-je faire pour les autres plutôt que : que puis-je obtenir des autres, les parents,
la famille, la Collectivité.
La réciprocité. Cette notion
fondamentale des relations humaines n’est pas enseignée à l’école et nulle part
d’ailleurs. Quand nous donnons à quelqu’un, que ce soit de l’argent, du temps,
de l’attention ou de l’amour, nous le rendons débiteur, nous l’obligeons. S’il ne
peut pas nous rembourser, s’acquitter de la dette qu’il a contractée envers
nous, il peut nous en vouloir. Ce qui peut paraître à première vue paradoxal. Et pourtant : Il y a des services si grands qu’on ne peut
les payer que par l’ingratitude disait Alexandre Dumas. Et même, la haine
paraît quand la reconnaissance devient insupportable ajoutait Georges Bernanos.
En vérité, « Les bienfaits ne
sont agréables que tant que l’on peut s’en acquitter » disait Tacite
cité par André Gide dans "les faux monnayeurs".
Traduit pour un enfant de 10
ans, il doit retenir qu’il doit être reconnaissant des bienfaits dont il bénéficie
de la part, surtout à son âge, de ses parents. Plus tard, d’autres adultes. Sa
reconnaissance doit se manifester à leur égard de différentes façons. Le
Professeur pourrait en classe demander à ses élèves de les énumérer.
Nous reviendrons plus tard dans
le chapitre l’Honnête homme et les autres, cette notion de réciprocité
en soulignant notamment le devoir de donner à quelqu’un que l’on a obligé la
possibilité de s’acquitter de sa dette.
Enseigner le goût et la vertu du
travail.
Le Professeur doit enseigner à
ses élèves ce qu’est le travail, à quoi il sert et l’amour du travail bien
fait, haute valeur morale comme l’affirme le philosophe André Comte-Sponville. Cet amour du travail bien
fait doit être l’apanage de toute Honnête homme quelle que soit sa profession.
Le Professeur devra leur
expliquer qu’une fois terminées leurs études, ils devront rechercher un
travail, non pas uniquement dans le but de gagner leur vie, mais pour y
rechercher le bien être qu’est l’accomplissement de soi.
Il faut que le Professeur
participe par son discours et par ses actes à la réhabilitation du travail
manuel. A ce titre, il doit vanter aux
yeux de l’enfant la formation en apprentissage et celle en alternance qui enfin
se développe dans notre pays.
Le Professeur doit savoir, et surtout
en être persuadé, comme l’ont montré des études que le QI d’un enfant augmente
au fil des années et que cette évolution n’est pas linéaire et varie selon les
individus, ce qui signifie qu’un cancre considéré comme tel à un moment donné
de son cursus scolaire peut très bien réussir sa vie professionnelle à
condition d’exercer plus tard une activité qui lui plaise où il pourra
développer ses talents et bien sûr en travaillant beaucoup. Ce qui nécessite
une bonne orientation, ce qui hélas pas toujours le cas.
Le Professeur ne doit donc jamais
dire à ses parents que leur enfant est un bon à rien. Combien d’hommes et de
femmes ont souffert d’avoir été condamnés sans appel quand ils étaient jeunes
pour ne pas avoir été alors dans la norme.
Prochain chapitre : Troisième partie Suite et fin.
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