« Ce que vous avez hérité de vos
ancêtres, il faut le mériter par vous-mêmes, autrement, ce ne sera jamais à
vous » GOETHE.
Nous
verrons comment l’Honnête homme peut suivre le conseil du célèbre romancier et
poète allemand. Mais tout d’abord examinons les inconvénients et avantages que
présente l’héritage pour ceux qui en bénéficient et pour la société.
Les
inconvénients
Moralement, l’héritage en biens matériels ne peut
être que désapprouvé car il ne rétribue aucun mérite et qui plus est, reproduit
les inégalités sociales quand il ne les aggrave pas. La France, à cet égard est un paradis
pour les héritiers, comme l’avait noté Philippe Manière dans un article de
l’Express, qui constatait que nos compatriotes s’accommodaient fort bien,
quoiqu’ils disent, de la reproduction des élites et de la domination des fils
d’archevêque*. En effet 2/3 des milliardaires français devaient leur fortune à
l’héritage, selon une étude américaine réalisée sur les 1200 plus grandes
fortunes mondiales.
N’oublions
pas que dans la grande majorité des cas, les héritiers bénéficient également,
dès leur naissance, d’un héritage spirituel, social et culturel au moins aussi
important, sinon plus et qui n’est pas non plus mérité. Si vous êtes nés dans une famille cultivée,
financièrement aisée et qu’il vous a été donnée de faire, toujours grâce à vos
parents, des études dans les meilleurs établissements, que votre mère s’est
arrêtée pour vous faire travailler, que vous avez pu perfectionné vos langues
étrangères grâce à des séjours à l’étranger, que vous avez pu suivre des cours
de rattrapage et/ou de bachotage, que
vous avez pu découvrir les plaisirs de la lecture, du théâtre, du cinéma, de la
musique, de la peinture et des sports en toutes saisons , que vous surtout
hérité d’un nom et bénéficier de réseau, quel est votre mérite ?
Vous
avez peut-être travaillé pour réussir vos études, mais dès le plus jeune âge,
vos parents vous ont inculqué le goût du travail et vos aptitudes physiques et
mentales, vous en avez aussi en grande partie hérité !
Le syndrome de l’héritier.
Certains
enfants sachant qu’un jour ils hériteront ne recherchent pas à donner leur
pleine mesure dans leur vie professionnelle, voire même, se laissent aller à ne
rien faire. ** C’est particulièrement vrai pour les enfants de la 3ème
génération. On avait autrefois coutume de dire que ceux qui avaient assisté aux
efforts de leurs parents pour créer leur entreprise, souvent partis de rien, les
avaient ensuite aidé à la développer, alors que les petits enfants qui
n’avaient pas connu les années laborieuses et difficiles et avaient été élevés
dans la facilité la ruinaient ou au mieux s’en débarrassaient.
Il est particulièrement révoltant de voir des
enfants gaspiller l’argent que leurs parents ou grands-parents ont eu parfois tant
de peine à économiser tout le long de leur vie en se privant volontairement de
dépenses de confort ou de loisirs.
Les disputes entre héritiers
Non
seulement les bénéficiaires d’un héritage n’ont aucun mérite, à quelques
exceptions près, mais le comportement de certains est mesquin et parfois
ignoble.
Les
disputes qu’il génère entre les bénéficiaires sont révélatrices de la noirceur
de l’âme humaine. Sur fond de vieilles rancunes, de jalousies ressassées et de
règlements de compte, elles fissurent les familles quand elles ne les
détruisent pas. Qui n’en connaît pas ?
Le lecteur comprendra que l’on ne puisse pas
défendre le droit à l’héritage dans ces conditions.
Les
avantages
Pour
la société,
Si
celle-ci est prospère pour la majorité de ses membres, elle l’est grâce au
libéralisme économique fondé sur trois valeurs inséparables que sont : la
liberté individuelle, la responsabilité personnelle et la propriété privée.
Sans cette dernière, les deux premières disparaissent. Les pays communistes en
ont fait l’amère expérience. La propriété privée qui s’acquiert et se développe
par le travail, mais aussi inéluctablement par les héritages.
Pour
les individus
Il
est certain que tout homme et notamment tout entrepreneur sera encouragé à
constituer un capital et à le développer, s’il sait que celui-ci sera légué à
ses héritiers en espérant qu’ils auront, eux-aussi, la volonté de le faire croître.
Alors
la question primordiale est la suivante : Comment ne pas ébranler un des piliers de notre société en supprimant
le droit systématique à l’héritage ?
Le
législateur pourrait déjà supprimer les dispositions du Code Civil qui datent
de 1804 et qui obligent les parents à réserver une grande partie de leurs biens
à leurs héritiers : la moitié pour un enfant, les 2/3 pour deux et les ¾ pour
trois et plus, ce qui n’est pas le cas par exemple aux Etats Unis. La libre
disposition de leurs biens chez eux leur permet de développer des actions
caritatives et créer des fondations dont nous reparlerons plus tard. Mais il ne
peut pas aller plus loin et d’ailleurs, ce n’est pas souhaitable.
L’Honnête homme ne peut pas refuser un
héritage au prétexte qu’il ne l’a pas mérité. Il va de soi qu’il ne va pas non
plus le gaspiller, mais pour le mériter vraiment, il s’obligera à en faire un
bon usage.
C’est ce que nous verrons dans les
prochains chapitres.
*Fils
à papa pistonné pour obtenir un poste comme l’étaient des membres de la famille
de certains papes.
**« Hériter
sans se déchirer » de Ginette LESPINE aux éditions Albin MICHEL
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