La connaissance humaine n’a jamais été aussi
développée, nous n’avons jamais été aussi informés et pourtant, nous sommes incapables de nous mettre d’accord sur
le diagnostic et les différentes solutions des problèmes que notre société rencontre et tente, tant bien que mal, de résoudre.
Les acteurs de ces disputes stériles sont en premier
lieu les responsables politiques, les leaders d’opinion, les journalistes, mais
aussi les citoyens qui aujourd’hui ne se contentent pas de donner leur opinion
dans les repas de famille et au Café du Commerce. Ils la font connaître sur les
réseaux sociaux, quand les médias ne la leur demandent pas sur des sujets sur
lesquels ils sont incapables d’avoir une opinion fondée.
Quelques exemples relevés dans la Presse
Régionale : Approuvez-vous la taxe carbone ? Le changement d’heure
est-il utile ? Est-il normal que le Président de la République nomme le
PDG de France Télévision ? Estimez vous positive le bilan d’OBAMA à
mi-mandat ? A cette dernière question les réponses furent les
suivantes : Oui 63%, Non 37 %, Je ne sais pas 0% !!! qui aurait dû
être largement majoritaire. Résultat
d’une démocratie d’opinion purement démagogique. On fait croire aux gens qu’ils
sont instruits et que leur avis compte.
Pourquoi sont-elles stériles ? Parce que les acteurs
concernés ne connaissent pas leur sujet.
Tout d’abord, il y a ceux, et ils sont nombreux chez
nos concitoyens, qui ne veulent pas
reconnaître qu’ils ne savent pas.
J’avais consacré un article à ce sujet dans mon blog du 20 Septembre 2014
intitulé : Pourquoi est-il si
difficile de dire « Je ne sais pas » que j’invite le lecteur à
relire. L’exemple des réponses à la
question sur la politique d’ OBAMA
l’illustre parfaitement.
Ils sont, ensuite, souvent mal informés et ne font pas
l’effort de contrôler la véracité des informations dont ils disposent. En essayant de rechercher d’autres sources
d’informations grâce notamment à Internet. C’est le travail de base d’un
journaliste sérieux : le croisement des sources.
Ils ne sont, tout simplement, pas suffisamment
instruits pour dominer des sujets complexes sur lesquels même les experts ne
sont pas d’accord entre eux.
Et surtout… Last but non least. Ils ne font pas l’effort de réfléchir avant de se
prononcer, au risque parfois de se
désavouer, de reconnaître qu’auparavant ils avaient tort. De
toute manière, ils estiment que leurs leaders d’opinion ont réfléchi pour eux
et qu’ils détiennent la vérité. C’est évidemment très confortable. Ainsi un
homme de gauche sera toujours persuadé
que la France manquent de fonctionnaires et un homme de droite qu’ils sont trop nombreux. Ils ne tiennent pas compte du fait
que leurs leaders ne cherchent pas à
dire ce qu’ils pensent réellement, mais, le plus souvent à démolir les opinions
de leurs adversaires politiques, même si ceux-ci sur un sujet donné ont
raison.
Phénomène récent aggravant : le développement
des « fake news ». Comme le fait remarquer très justement Kamel
Daoud* dans sa chronique du Point, les « fake news » ne sont pas
possible sans leurs pendants : les « fake
readers ».
Les « fake readers », ce sont les faux
lecteurs de l’époque Internet. Ceux
qui ne lisent pas ou peu, ou se contentent du titre d’une info, la relaient et
la défendent.
Pour
que vive notre démocratie, nous devons tous faire l’effort de nourrir nos débats de
propos plus réfléchis et souvent
plus nuancés.
*Ecrivain algérien qui s’est fait connaître avec son
ouvrage : « Le cas Meursault » que je recommande pour tous ceux
qui aiment CAMUS, « l’Etranger » et l’Algérie.
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