Ce qu’ils seront demain avec la réforme fiscale qui
prévoit la suppression de l’ISF non immobilière et une limitation des impôts
(flat taxe) sur les revenus du capital.
Non ! Evidemment. Qui peut soutenir le contraire, hormis les intéressés, encore que
les plus honnêtes d’entre eux…
Disons le tout de
suite, cette réforme fiscale n’est pas justifiée ni socialement ni moralement et
elle ne peut donc qu’ être très impopulaire, mais elle l’est économiquement.
La France, comme la majorité des pays développés a un modèle
économique le pire, à l’exception de tous les autres, pour paraphraser CHURCHILL quand il
parlait de la démocratie.
Un modèle qui fait consensus dans la population
aujourd’hui, quoiqu’on en dise, malgré sa mauvaise image. Les responsables
politiques de gauche et de droite prônent les uns un peu plus d’intervention de
l’Etat, les autres, un peu moins, mais pour l’essentiel, ils acceptent notre
modèle économique de marché avec, certes, toutes ses imperfections, mais son
efficacité indiscutable.
De quoi rêvent aujourd’hui les français ? d’être
patron, leur propre patron. Parce qu’ils rêvent d’être libres. Ne jamais
oublier que le libéralisme est consubstantiel à la liberté. La liberté sous
toutes ses formes dont la liberté d’entreprendre.
Quel est le modèle économique de celui qui se veut le
principal opposant au Pouvoir en place ?
Le collectivisme pratiqué au Venezuela avec les succès que l’on sait. Je
reste ébahi qu’on écoute ce personnage, mais peut être dans notre société du
spectacle, apprécie-t-on le showman. Un showman qui serait dit-on cultivé, mais
certainement pas en économie.
La mauvaise image de notre modèle économique s’explique pour trois
raisons :
- 1/ La jalousie de beaucoup de français vis-à-vis de ceux qui sont plus
riches qu’eux, attachés qu’ils sont au principe d’égalité entre citoyens, tout
en ne refusant pas les privilèges dont ils peuvent parfois bénéficier ( paradoxe français bien connu et
souligné autrefois par François De
Closet)
-2/ Le comportement de certains riches dépourvus de la
moindre décence, et dont l’avidité pathologique est sans limites. Ce qui faisait dire à Chateaubriand avec juste
raison que « La trop grande
disproportion des conditions et des fortunes a pu se supporter tant qu’elle
était cachée… »
-3 /Les imperfections de notre modèle. Il y en a
deux majeures, la première est qu’il laisse beaucoup trop de monde sur le bord de la route et depuis trop longtemps et
la deuxième est qu’il génère une catégorie de gens riches, parfois
très riches. Phénomène aggravant : ce ne sont pas seulement les chefs
d’entreprise, les créateurs, les artistes dont on peut considérer qu’ils
méritent leur fortune, mais c’est aussi leur famille et leurs héritiers.
J’aurai l’occasion dans un prochain article de parler de ces derniers.
Les riches, quand
ils se considèrent comme trop taxés, du moins certains d’entre eux quittent le
territoire français et cela au détriment
de l’économie nationale et de leurs concitoyens.
Le raisonnement du gouvernement
est connu : en les incitant à rester en France ou à revenir, ils
investiront leur argent dans les entreprises françaises et permettront à ces
dernières de créer des emplois et de ne pas être rachetées par des capitaux
étrangers. Objectif prioritaire : résorber le chômage de masse que depuis
des décennies aucun gouvernement de gauche comme de droite n’a réussi à faire.
D’où l’appel aux évadés fiscaux du numéro 2 du MEDEF,
Geoffroy Roux De Bezieux, peut être futur numéro 1 : « C’est le moment de rentrer, c’est le
moment d’investir ».
A partir de ce constat, comment convaincre les français
moyens et notamment les plus modestes qu’il faut détaxer les riches pour qu’ils
le soient encore plus. C’est pourquoi tous les gouvernements ont reculé devant
cette mesure. La taxation des signes extérieurs de richesse : yatchs,
avions, chevaux et voitures de luxe qui ne rapporterait que 10 millions d’euros
ne fera qu’atténuer légèrement le sentiment d’injustice ressenti par la grande
majorité des français.
Mais oublions un instant ce qu’ils gagnent, et demandons-nous plutôt ce
qu’ils font de leur argent.
Rappel de la parabole des talents
Dans la Bible, à deux endroits, chez les apôtres
Mathieu 25 et Luc 19, Jésus relate
l’histoire d’un homme qui, avant de partir en voyage, convoqua ses serviteurs
et leur confia ses biens. Le premier reçut 5 talents, le second 2 et le troisième 1, chacun selon ses capacités et
avec l’ordre de les faire fructifier. Quand il revint, il demanda des comptes à
chacun de ses serviteurs. Le premier lui remit 10 talents, le second 4 et le troisième,
par peur de mal faire s’était contenté d’enterrer le talent qui lui avait été
confié. Le maître félicita les deux premiers, tandis qu’il réprimanda durement
le troisième et le chassa de sa maison.
Il faut entendre par « talent », non
seulement l’argent ; Luc parle des mines du nom de l’ancienne monnaie
hébraïque, mais aussi des dons innés.
Il faut retenir de
la leçon du Christ qui s’adresse à nous tous ceci : ce n’est pas en enterrant nos
ressources, nos dons, nos talents et les moyens dont nous disposons que nous
pourrons améliorer notre condition et celle de nos semblables, mais bien en les
développant et en les faisant fructifier. Les riches, eux, qui demain avec la
suppression notamment de l’ISF seront encore plus riches doivent impérativement
faire fructifier leur fortune au bénéfice de leurs concitoyens.
Il sera très intéressant dans les mois qui viennent et
aussi très instructif sur leur mentalité de savoir ce qu’ils vont faire de
leurs économies d’ISF ! Autre signe à surveiller : leurs dons aux
œuvres caritatives exonérés en grande partie de l’ISF vont-ils diminuer au
grand dam des organisations ?
Ce serait un comble. L’allègement des taxes sur les
riches nuirait aux œuvres humanitaires ! Terrible effet pervers.
La question essentielle est comment doivent-ils pratiquer
l’évergétisme* aujourd’hui pour gagner la confiance des citoyens et réconcilier
définitivement ces derniers avec l’économie libérale. En passant, aider le
gouvernement actuel accusé de collusion avec eux à convaincre l’opinion
publique qu’il n’en est rien.
Dans mon prochain article, je tenterai de répondre à cette question.
*L’évergétisme.
Obligation faite aux riches dans les sociétés grecques et romaines de dépenser
en contribuant à la prospérité de la
cité en contrepartie de la dette qu’ils
avaient contractée auprès des autres. Pour accéder aux magistratures suprêmes,
ils devaient rivaliser avec d’autres candidats en se montrant les plus généreux
pour leur permettre de gagner la confiance de leurs concitoyens.
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