Le jeudi matin, en compagnie de nos amis Renard, nous avons quitté Ouagadougou pour la Kompienga, située dans le sud-est du pays, dans un 4 x 4 Toyota flambant neuf et conduit par le chauffeur de Jean-Baptiste, ainsi qu’une 604 par l’Etat, en sa qualité d’ancien Président de la République.
Une fois quittés les faubourgs de la ville, nous nous retrouvons dans ce qui est appelé la brousse, la campagne africaine. De chaque côté de la route rectiligne et correctement bitumée, s’offre à nouveau un spectacle plaisant. Des arbres disséminés çà et là, parfois majestueux comme les fameux baobabs et les manguiers appelés arbres à palabres, sous lesquels les habitants des villages viennent parler, au milieu de hautes herbes et d’arbrisseaux. Ainsi, régulièrement, on découvre des champs de petit mil et de gros mil, appelé sorgho, nourriture quasi exclusive des habitants. Le long de la route, circulent à pied, en vélo, en vélomoteur, sur un âne ou dans une charrette tirée par un âne, des hommes et des femmes qui transportent du bois, du mil, qu’ils viennent de récolter, des poulets, des chèvres qu’ils attachent en paquet sur le porte-bagages de leur mobylette ou pour les femmes, posés en équilibre sur leur tête ! De temps à autres, on aperçoit un village composé de huttes aux toits recouverts de chaume. Nous sommes en pays mossi, l’ethnie dominante du pays dont font partie les Ouadreago.
L’hôtel de la Kompienga, situé près du barrage hydroélectrique à la sortie d’un village est composé de huttes disséminées autour d’une piscine. Nous en sommes les seuls clients. L’une d’entre elles nous est affectée. Elle est composée de deux chambres, d’un salon et des sanitaires. C’est celle qui n’est pas en réparation et dont la climatisation fonctionne, nous disent les gérants, un jeune couple de corses, pour justifier cette attribution qui crée une promiscuité avec des gens que nous ne connaissons pas intimément. Pour faciliter le partage des WC et des toilettes composés d’un lavabo et d’une douche sommaire, chaque matin, nous nous sommes levés, Annick et moi, aussitôt que le petit-déjeuner était servi, vers 7 heures 30 et avons attendu au bord de la piscine que nos amis se soient préparés avant de venir à leur tour prendre leur petit-déjeuner.
A notre arrivée, j’avais été également contrarié par l’absence de téléphone, ce qui nous avait obligés en fin d’après-midi, alors que la nuit tombait déjà, à partir avec le chauffeur chercher un téléphone public pour pouvoir rassurer notre fils Jean-Philippe d’un naturel inquiet. Nous avons dû parcourir une dizaine de kilomètres au moins entre chiens et loups, une route littéralement envahie par des vélos, des charrettes, des piétons qui profitaient du début de la fraîcheur. Le chauffeur qui roulait à vive allure, slalomait entre tous et les frôlait souvent, au risque de les renverser. Les Dubois, qui connaissaient bien le pays nous avaient conseillés de ne pas nous arrêter si nous avions un accident, mais de nous rendre immédiatement au premier poste de police. J’étais donc inquiet, d’autant plus que les qualités du chauffeur de Pierre n’étaient pas irréprochables. Il roulait souvent sur la partie gauche de la route et dans certains virages, je priais le ciel qu’il n’y ait pas de voiture qui arrive en face. Il est vrai que les voitures sont plutôt rares, mais il y a de temps en temps des camions qui se rendent au Benin et au Togo ou en viennent et aussi des autocars, qu’on appelle des « occasions ». Ils s’arrêtent pour déposer un voyageur ou pour en prendre un autre assis sur le bord de la route, depuis plusieurs heures parfois. Ils n’ont donc pas d’horaires précis.
Nous trouvons enfin un poste public en contrebas de la route qui nous a été indiqué par des policiers que nous sommes allés interroger. Il fait complètement nuit. Le responsable du poste part à la recherche d’une bougie pour éclairer l’intérieur composé d’une table sur laquelle se trouvent un combiné et d’une chaise. Sur le mur d’en face de l’entrée est accroché un cadran sur lequel s’inscrit le prix de la communication. J’appelle Jean-Philippe à l’hôtel La Charpinière, mais il n’y est pas, alors après avoir bavardé un instant avec le réceptionniste de l’hôtel, je ne peux pas faire moins, j’appelle à la maison où je le joins et je luis passe alors sa mère. Mais la communication coûte cher et je n’ai plus assez d’argent. Je ressors du poste pour emprunter de l’argent à Pierre qui a quitté le 4 x4 et s’est volatilisé dans la nuit. Je commence à paniquer. Pas de chauffeur, pas de voiture (c’est lui qui a les clés), plus d’argent en pleine nuit au milieu de gens que je ne connais pas et Annick qui continue de téléphoner à son fils en lui demandant pour la troisième fois si tout va bien essayant de déceler s’il ne ment pas en se laissant trahir par sa voix.
Je retrouve Pierre qui était parti s’acheter une pastèque. Il me prête l’argent et nous pouvons enfin rentrer à l’hôtel.
Le lendemain, le gérant de l’hôtel au volant d’un vieux 4 x 4 de couleur sable, nous emmène après le petit-déjeuner, visiter un village de pêcheurs situé à trois kilomètres de l’hôtel près du barrage. Les hommes du village veulent nous emmener faire un tour de pirogue. Ce doit être une tradition et un moyen pour eux de gagner quelques francs. Une fois tous les quatre montés, avec un rameur devant et un derrière, l’embarcation s’enfonce dangereusement et l’eau commence à entrer. Les Renard, prudemment nous quittent et montent sur une autre pirogue, non sans provoquer un tangage périlleux des deux embarcations, sous les rires des chefs d’embarcation et des enfants restés sur la rive. C’est sûrement très drôle pour des noirs de voir quatre blancs chahutés sur les eaux.
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