mercredi 9 avril 2025

Mon premier voyage à l'étranger. La côte d'Azur en Vespa et ma première surprise

 Nous sommes en 1960, les vacances scolaires viennent de commencer. Etudiant en deuxième année à l’ESCL, devenue EM LYON, je dois effectuer un stage à Milan durant l’été dans une Compagnie d’Assurance, l’Allianza Assicurazione du groupe Trieste et Venise. Celui où Franz Kafka avait été employé à Prague au début du siècle. Je dis tout de suite que je ne m’y suis pas du tout ennuyé comme l’auteur du Procès, ainsi que le lecteur s’en apercevra. Ce stage est organisé par la Populaire, Compagnie française d’Assurance Vie, dont je gère un portefeuille d’encaissement sur Villeurbanne. Pour l’anecdote,  il m’arrive de faire ma comptabilité pendant le cours de droit commercial qui ne me passionne pas, dissimulé derrière le dos d’un camarade et d’être réprimandé par mon voisin qui lui n’a pas de problème pour financer ses études.  Je me rends régulièrement chez les assurés pour recueillir leurs primes et il m’arrive que l’on m’offre à boire,  les habitants sont très avenants comme les stéphanois - une étude récente l’a montré – et que je reparte sans avoir récupéré leur argent. Je me déplace en Vespa, un scooter bleu à selle rouge, un peu trop voyant à mon goût, qui a remplacé avantageusement mon vélosolex, que j’ai acheté à un camarade de lycée. C’est avec lui que je décide de  me rendre en Italie, au moins jusqu’à la frontière. En écrivant ces lignes, je revois les beaux yeux vert émeraude de sa petite sœur pour lesquels j’avais failli me noyer. Nous nous étions rendus en barque, des camarades et moi en vacances à Bandol, sur l’île de Bendor appelé aussi l’île Ricard, et plusieurs d’entre nous, dont la petite sœur,  avaient décidé  de revenir à la nage. Je n’hésitais pas un instant à l’accompagner, mais je n’étais pas un bon nageur et l’arrivée sur le rivage de Bandol m’avait paru interminable.

Je reviens à mon voyage après avoir demandé au lecteur de m’excuser pour cette légère digression. Après avoir emprunté la départementale D 86 sur la rive droite du Rhône, moins fréquentée que la nationale 7 - sur 2 roues, il vaut mieux ne pas risquer de se faire accrocher - , j’effectue une halte à Saint-Julien-de-Peyrolas,  près de Pont Saint Esprit, chez un camarade de promotion qui exploite avec sa mère une entreprise de travaux publics. Le lendemain après-midi, je reprends la route en direction de Nice après avoir traversé le Rhône, bien reposé, les cheveux au vent - nous ne portions pas de casque à cette époque - comme Grégory Peck et Audrey Auburn dans Vacances romaines, mais à la nuit tombée, alors que je me trouve à la hauteur d’Aix en Provence, je commence à me sentir mal à l’aise, j’ai un peu froid, la route est mal éclairée, la circulation automobile très faible, mais je ne me sens pas totalement en sécurité. Je décide, arrivé à Brignoles, de rejoindre le plus vite possible le bord de mer. Après avoir longé le Massif des Maures, sombre et inquiétant, à toute vitesse je débouche sur une place d’ Hyères en fête où une piste de danse a été dressée. Je m’arrête, soulagé. Je dresse mon scooter sur sa fourche avec sur le siège arrière ma petite valise, puis je fais quelques pas pour me dégourdir les jambes et finir de me réchauffer. Je n’ai pas vraiment envie de danser et surtout je n’en ai pas le temps car la route par le bord de mer qui m’attend jusqu’à Nice est longue.

Dans des localités encore animées que je traverse, je mets pied à terre pendant quelques minutes puis je  quitte Saint Raphaël  tandis que le jour se lève et je franchis l’Esterel rougeoyant sous les premiers rayons du soleil avant de redescendre sur Theoule  et retrouver la mer.  Moment inoubliable qui à lui seul justifie mon voyage.

A Nice je laisse mon scooter dans un garage de la ville puis je prends le train pour la capitale lombarde.

Ma première surprise

Dans ma voiture a pris place  un groupe  de jeunes  sportifs espagnols qui échangent gaiement, sans difficulté, avec d’autres voyageurs italiens dans un sabir italo-espagnol. Moi, je me tais, incapable de parler alors que j’ai dans la tête un dictionnaire franco-italien fourni et toutes les formules grammaticales souhaitables. Depuis le lycée, j’ai choisi la langue de Dante comme première langue et mes excellentes notes m’ont parfois bien aidé pour réussir mes examens. Deux mois plus tard en quittant Milan, je devrais montrer ma « tessera » , ma carte d’identité, pour prouver que je ne suis pas italien.

Je crois que je ne dois pas être  le seul à avoir connu cette expérience douloureuse du passage de l’écrit à l’oral. Passage qui heureusement ne dure pas longtemps.

Nota Bene A lire la suite de mon voyage dans un prochain Blog où je parlerai d’autres surprises et notamment celle du dottore Mazenod.

        

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