" Oh ! oh ! dit le grillon, je
ne suis pas fâché ;
Il en coûte trop cher pour briller dans le
monde,
Combien je vais aimer ma retraite profonde !
Pour vivre heureux, vivons cachés !"
Jean-Pierre Claris De Florian s’en servit comme chute de sa fable du grillon : « un grillon qui enviait le papillon voletant dehors en plein air, tout à son aise, et heureux finalement d’être terré dans son trou pour ne pas avoir à subir son sort, victime des chasseurs de papillon ».
Cette fable pourrait être adaptée à notre époque. Le grillon jaloux du papillon qui se réjouit de sa perte serait le français enfermé dans son univers et dans ses habitudes, qui ne veut pas sortir de chez lui, surtout ne pas prendre de risques, qui jalouse ses voisins et se réjouit intérieurement, et parfois même de vive voix, de leurs échecs .
Un exemple parmi d’autres nous a été donné récemment à l’occasion des Jeux Olympiques de Paris. Que de critiques injustifiées ont été déversées sur leurs organisateurs et sur le principal maître d’œuvre qu’était le Président de la République. J’écarte la posture des responsables politiques de tous bords relayés par des journalistes militants dont j’ai parlé dans un Blog précédent. Ah, si la Seine avait été polluée et rendu malades les athlètes qui s’y produisaient ! Ah s’il y avait eu un attentat perpétré lors de l’ouverture des Jeux ou de leur clôture ! Ah si Paris avait été paralysé par les embouteillages ou, au contraire, déserté par les touristes ! Les auteurs de ces critiques auraient jubilé en s’écriant : « on vous l’avait bien dit ! »
La réussite économique de certains chefs d’entreprise, il est vrai parfois un peu trop voyante, est insupportable aux yeux de certains de nos compatriotes qui ignorent ou ne veulent pas savoir qu’ils ont pris des risques dans leur vie, contrairement à eux.
Ces grillons auraient pu, par exemple changer de métier, si le leur ne leur donnait pas satisfaction, quitte à déménager. Ils auraient pu poursuivre leurs études quand ils en avaient les moyens, j’ai connu des camarades qui, le baccalauréat en poche, avaient préféré devenir instituteur plutôt que d’aller à l’Université. Il ne leur était pas interdit de créer leur propre entreprise, plus ou moins micro, selon son objet et selon leurs moyens.
Pour être heureux, il faut au contraire s’ouvrir au monde, s’ouvrir aux autres, s’enrichir à leurs contacts, ne pas vivre caché. Certes on peut envier parfois ses voisins apparemment plus chanceux, mais ne pas les jalouser. Et surtout se dire qu’au crépuscule de sa vie, éviter à tout prix de se reprocher chaque jour qui nous reste d’être resté terré comme le grillon et ne pas s’être envolé parfois comme le papillon en réalisant ses projets qui nous tenaient à cœur. Les soignants et les proches qui accompagnent les personnes en fin de vie les entendent continuellement exprimer leurs des regrets et dire : "J’aurais aimé faire ça, pourquoi n’ai-je pas osé entreprendre ça".
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