Le monde d’aujourd’hui est indéniablement
meilleur qu’il ne l’était autrefois alors que
la plupart des gens pensent le contraire.
-Dans
les 60 dernières années, notre espérance de vie a augmenté de 48 à 71 années,
-Dans
les 50 dernières, le taux de mortalité infantile a diminué de 75%,
-Dans
les 30 dernières, le pourcentage de gens qui vivent sous le seuil de la pauvreté extrême s’est réduit d’un
quart et l’analphabétisme a chuté de 44% à 15 %.
-Ajoutons
que les inégalités entre hommes et femmes ont nettement régressé et grâce aux progrès de la
médecine, nous vivons en meilleure santé et nous souffrons moins.
Ce qui
ne signifie pas, bien entendu, qu’il ne subsiste pas encore des problèmes, mais
les faits sont là, irréfutables : le monde est meilleur qu’il ne l’a
jamais été, alors comment expliquer ce paradoxe ?
-En
premier lieu, le fait que les médias ne reflètent pas toute la réalité. Pour
eux, ce dont ils ne parlent pas n’est pas censé exister et une nouvelle, si
elle est bonne, n’en est pas une, ce qui explique, qu’en 2016, il n’ y en ait
pas eu une, par exemple, pour annoncer qu’environ 100 millions de personnes étaient
sorties de l’ extrême pauvreté. J’ajoute que la manière dont ils présentent
l’information en général est déterminante, selon qu’ils la publient en Une de
leur première page ou dans un discret entrefilet auquel la plupart de leurs
lecteurs n’attachent pas d’importance, à supposer qu’ils le remarquent. Je précise
que les titres des articles et leurs emplacement décidés par le rédacteur en
chef sont destinés à accrocher l’intérêt du lecteur, intérêt plus marqué par
les mauvaises nouvelles.
-Une
autre raison qui explique le décalage entre la réalité du monde et la
perception que nous en avons est notre insatisfaction croissante au fur et à
mesure que nos besoins sont satisfaits. Le philosophe allemand Odo Marquard l’a
bien expliqué : “Quand les progrès sont réellement un succès et
éliminent le mal, rarement ils soulèvent l’enthousiasme. Cela paraît évident,
l’attention se focalise alors tout de suite sur les maux qui continuent
d’exister“.
-Enfin il
y a la nostalgie. « C’était mieux avant ! ».Quand par exemple, quelqu’un
critique l’éducation d’aujourd’hui pour faire l’éloge de celle de sa jeunesse. Une
nostalgie qui est accentuée par notre mémoire sélective qui nous fait
heureusement oublier, dans bien des cas, les mauvais moments que nous avons vécus
pour ne se souvenir que des meilleurs.
Certains diront qu’accepter
l’évidence que le monde est aujourd’hui meilleur, c’est être conformiste. Eh bien, non ! Car avoir pleinement
conscience des progrès réalisés par l’humanité nous permet d’être plutôt optimiste
sur son avenir. Dans un prochain Blog, j’expliquerai pourquoi il nous faut être
optimiste.
NOTA BENE Je me
suis largement inspiré d’une chronique
du 29 janvier 2017 de Javier Cercas dans le journal El Païs, et dont je
conseille la lecture, de « No Callar » le recueil de ses chroniques à
ceux qui ont la chance de connaitre la langue de Cervantes.