samedi 28 décembre 2024

La mésange et le rouge gorge

 

 

 

Autrefois les oiseaux en Grande Bretagne avaient pris l’habitude de venir siphonner les bouteilles de lait déposées devant la porte des habitants et d’en récolter la crème.  Lorsque les bouteilles furent fermées par des capsules en aluminium, certains d’entre eux continuèrent à s’approvisionner en perçant les capsules avec leur bec, c’étaient des mésanges, mais par contre d’autres étaient déconcertés, c’étaient des rouges- gorges qui ne savaient pas comment faire. Les premières avaient voyagé, les autres, non.

Vous pouvez vous trouver devant des situations inédites auxquelles il faut que vous sachiez répondre et si vous avez voyagé, vous serez plus à même de les affronter. C’est ce que je conseillais à mes lecteurs dans un de mes éditoriaux de la Lettre d’Ifrhos, revue destinée aux gestionnaires hospitaliers et dont je parle dans mon prochain livre « Le camping, c’était Trigano, les cliniques, Mazenod » qui sera publié au début de l’année prochaine.

C’est pourquoi, s’il faut éviter aujourd’hui, bien entendu, le tourisme de masse dont j’ai parlé dans un précédent Blog, il nous faut continuer à voyager comme les mésanges et pas nécessairement à l’étranger.

Je vous souhaite  de bonnes fêtes de fin d’année

 

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L'étonnant paradoxe de notre époque

 

Le monde d’aujourd’hui est indéniablement meilleur qu’il ne l’était autrefois alors que  la plupart des gens pensent le contraire.

-Dans les 60 dernières années, notre espérance de vie a augmenté de 48 à 71 années,

-Dans les 50 dernières, le taux de mortalité infantile a diminué de 75%,

-Dans les 30 dernières, le pourcentage de gens qui vivent sous le seuil  de la pauvreté extrême s’est réduit d’un quart et l’analphabétisme a chuté de 44% à 15 %.

-Ajoutons que les inégalités entre hommes et femmes ont  nettement régressé et grâce aux progrès de la médecine, nous vivons en meilleure santé et nous souffrons moins.

Ce qui ne signifie pas, bien entendu, qu’il ne subsiste pas encore des problèmes, mais les faits sont là, irréfutables : le monde est meilleur qu’il ne l’a jamais été, alors comment expliquer ce paradoxe ?

-En premier lieu, le fait que les médias ne reflètent pas toute la réalité. Pour eux, ce dont ils ne parlent pas n’est pas censé exister et une nouvelle, si elle est bonne, n’en est pas une, ce qui explique, qu’en 2016, il n’ y en ait pas eu une, par exemple, pour annoncer qu’environ 100 millions de personnes étaient sorties de l’ extrême pauvreté. J’ajoute que la manière dont ils présentent l’information en général est déterminante, selon qu’ils la publient en Une de leur première page ou dans un discret entrefilet auquel la plupart de leurs lecteurs n’attachent pas d’importance, à supposer qu’ils le remarquent. Je précise que les titres des articles et leurs emplacement décidés par le rédacteur en chef sont destinés à accrocher l’intérêt du lecteur, intérêt plus marqué par les mauvaises nouvelles.

-Une autre raison qui explique le décalage entre la réalité du monde et la perception que nous en avons est notre insatisfaction croissante au fur et à mesure que nos besoins sont satisfaits. Le philosophe allemand Odo Marquard l’a bien expliqué : “Quand les progrès sont réellement un succès et éliminent le mal, rarement ils soulèvent l’enthousiasme. Cela paraît évident, l’attention se focalise alors tout de suite sur les maux qui continuent d’exister“.

-Enfin il y a la nostalgie. « C’était mieux avant ! ».Quand par exemple, quelqu’un critique l’éducation d’aujourd’hui pour faire l’éloge de celle de sa jeunesse. Une nostalgie qui est accentuée par notre mémoire sélective qui nous fait heureusement oublier, dans bien des cas, les mauvais moments que nous avons vécus pour ne se souvenir que des meilleurs.  

Certains diront qu’accepter l’évidence que le monde est aujourd’hui meilleur, c’est être  conformiste. Eh bien, non ! Car avoir pleinement conscience des progrès réalisés par l’humanité nous permet d’être plutôt optimiste sur son avenir. Dans un prochain Blog, j’expliquerai pourquoi il nous faut être optimiste.

NOTA BENE Je me suis largement inspiré d’une chronique  du 29 janvier 2017 de Javier Cercas dans le journal El Païs, et dont je conseille la lecture, de « No Callar » le recueil de ses chroniques à ceux qui ont la chance de connaitre la langue de Cervantes.