Pouvons-nous accepter encore longtemps, de gaité de cœur, que la vie d’un travailleur manuel soit plus courte que celle d’un cadre ou d’un fonctionnaire ?
En moyenne, l’espérance de vie
des français les plus aisés est supérieure de 13 ans à celle des plus modestes.
Comme le soulignait François De CLOSET*, « la logique et la justice
élémentaire aurait voulu que la retraite sonne plus tôt pour eux. En réalité,
c’est le contraire qui s’est produit, les ouvriers restaient jusqu’à 65 ans
(aujourd’hui 62 ans), tandis que les agents de l’Etat partaient entre 50 et 60
ans pour jouir d’une retraite beaucoup plus longue »
Les ouvriers, non seulement
vivent moins longtemps que les cadres, mais ils passent plus de temps qu’eux en
mauvaise santé. Pour ne prendre que les maladies cardiovasculaires, ce sont les
catégories sociales les plus modestes qui sont les plus touchées, alors même
que ces maladies dites de civilisation, devraient affecter en priorité les plus
fortunés qui notamment s’adonnent aux plaisirs de la table. Des études ont
montré que les personnes qui vivaient sous le seuil de pauvreté (855 € en 2018)
courraient plus de risques de devenir diabétique, faute de préventions, et une
fois malades, connaitraient beaucoup plus de complications par manque de soins.
Les gens de condition modeste, en général se soucient beaucoup moins de leur
état de santé et dans le cas contraire n’ont pas les ressources financières
suffisantes, ne serait-ce que parfois, pour se nourrir correctement.
Pour réparer en partie cette
injustice, il faudrait en premier lieu qu’une prise de conscience s’opère chez
tous nos cadres dirigeants, bien sûr, mais aussi dans l’opinion publique. En
effet, cette injustice s’explique par le peu de considération dont jouissent
les travailleurs manuels dans notre
société.
Si nous voulons que leurs conditions
de travail soient nettement améliorées, notamment en terme
de pénibilité, afin que leur espérance de vie augmente, nous devons accepter d’en
supporter le coût en payant plus chers les produits et services dans lesquels
ils interviennent.
Ce ne devrait pas être l’Etat ou
les Collectivités Locales, ni les entreprises, mais bien l’utilisateur final,
le consommateur ou l’usager.
Il n’est pas besoin d’être de
gauche, encore moins d’extrême gauche pour reconnaitre cette injustice d’espérance
de vie moindre et de vouloir y remédier.
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« Plus encore » aux éditions PLON
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