Quand j’ai fait mes études, mes professeurs m’ont enseigné l’économie, le marketing, la
comptabilité générale et analytique, le droit fiscal, l’organisation des
entreprises. Ils m’ont donné ainsi les
outils nécessaires pour réussir dans l’entreprise,
comme cadre. Aucun ne m’a appris comment je devrais me comporter ,plus tard, si je devenais un patron d’ entreprise.
Ils auraient dû me dire que le patron, pour mériter
son salaire, doit, non seulement, développer des produits et des services
utiles à la société et créer des emplois, chaque fois qu’il le peut, pérennes,
si possibles. Il doit aussi vis-à-vis de ses salariés
et de son environnement obéir à
plusieurs commandements.
Vis-à-vis
de ses salariés
Les rémunérer selon leurs mérites
Les mérites peuvent
être récompensés individuellement ou dans le cadre d’une équipe. Le patron a d’ailleurs tout intérêt à avoir des collaborateurs plus motivés qui
seront souvent plus productifs.
Donner de l’intérêt et du sens à leur
travail.
Le salarié ne se contente pas d’être bien rémunéré, il
faut qu’il trouve du sens à ce qu’il fait. Sens qui s’est beaucoup perdu avec
la parcellisation des tâches, le travail à la chaine, la robotisation et
l’informatisation qui ont dévalorisé le travail. « Ce dont les français
ont le plus besoin, c’est de sens, pas de soins ! » dit le
psychologue du travail, Pierre Eric SUTTER, fustigeant une fâcheuse tendance à
médicaliser les maux du travail. Le patron
doit donc donner du sens au travail de ses salariés et pour cela il faut
qu’aux yeux de tous, pas uniquement à ceux de ses actionnaires quand il en a ou
à ceux de ses banquiers, il trace la stratégie de l’entreprise, qu’elle soit lisible et qu’il en donne une image
valorisante à l’extérieur.
Leur assurer un minimum de sécurité et de
perspectives d’évolution.
Dans « le choc du futur », Alvin TOFFLER* écrivait
que l’homme a besoin dans un monde en
perpétuelle agitation ( nous étions en 1970 quand il publia son
ouvrage !) d’un îlot de stabilité.
Celui-ci pourrait être la famille, mais c’est loin d’être toujours le cas car
elle aussi soumise aujourd’hui à de fortes perturbations. Reste l’entreprise le
plus souvent, dont le chef ne doit pas aggraver cette instabilité en utilisant
ses salariés comme de simples
« variables d’ajustement »
L’illustration de cette responsabilité poussée à l’extrême
avait été donnée en 2008 par Joël GAMELIN, patron de chantier naval,
dont l’entreprise avait été placée en redressement judiciaire et qui n’ayant
pas pu sauver les emplois de ses 120 salariés, avait préféré se suicider tout
en s’excusant auprès d’eux de ne pas avoir réussi.
Les salariés ont besoin que s’offrent à eux des
perspectives d’évolution individuelle. Le développement d’une entreprise est
certes justifié pour des raisons économiques et financières, mais il l’est
aussi parce qu’il permet de donner à ses salariés de plus grandes chances de
progression et d’épanouissement personnel.
Enfin le patron doit aussi, chaque fois qu’il le peut,
améliorer les conditions de travail de ses salariés, augmentant ainsi leur
bien-être, ce qui se répercute à la
fois sur leur productivité et sur leur santé entraînant un gain pour
l’entreprise et une économie pour le budget de l’Assurance Maladie. J’ai eu
l’occasion, en d’autres circonstances, de dire que les mauvaises conditions de
travail constituent la plus flagrante et
la plus révoltante des injustices sociales.
Leur témoigner reconnaissance et considération
De même que nous ne pouvons pas vivre sans un minimum
de sécurité, nous ne pouvons pas vivre sans que notre utilité sociale,
familiale, mais aussi professionnelle soit reconnue. La reconnaissance du
travail accompli peut se manifester de différentes façons, par une augmentation
de rémunération ou des perspectives de développement de carrière, mais aussi
par l’intérêt que portent les autres à ce que faisons et la considération que
nous en retirons. Le salarié veut entendre son patron lui dire tout
simplement : « Tu as bien travaillé ! » tout comme l’élève
veut l’entendre de la bouche de ses professeurs et de ses enfants.
Hervé BAZIN qui connaissait bien la nature humaine et
nous en fait profiter dans ses romans, tout au moins ceux d’entre nous qui
aimons lire affirmait : « les gens ont soif de considération bien
plus que de mérite »
Déjà , pour PLATON, le besoin de reconnaissance,
le « thymos »est la troisième composante de l’âme humaine avec la
raison et le désir.
Certes, se sentir méprisé par les uns, ses supérieurs
hiérarchiques, en général n’interdit pas de mépriser à son tour les autres,
ceux qui se trouvent dans une position jugée inférieure. Exemple : les
clients des grands magasins vis-à-vis des caissières. Mais le patron, lui, doit
toujours et en toute circonstance, donner l’exemple.
Dans le prochain article je développerai les commandements vis-à-vis de son environnement
·
· * Aux
éditions DENOEL
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